Moderna construira une usine de vaccins et un centre de recherche au Canada

Selon les clauses de l'entente «conclue dans les derniers jours», Moderna produira un minimum de «30 millions de doses par année» en "favorisant la chaîne d'approvisionnement de chez nous» et en priorisant les ventes au Canada, a déclaré le ministre Champagne. Les investissements de la compagnie se comptent en «centaines de millions de dollars», s'est-il réjoui. En échange, le pays s'est engagé à acheter une certaine quantité de ces doses. «30 millions de doses, je vois ça comme une capacité de démarrage», a affirmé le président-directeur général de Moderna, Stéphane Bancel, lors de la conférence de presse. Il a expliqué qu'une fois que l'usine commencera à vendre ses produits, «augmenter le volume, ce ne sera pas un problème». Les installations devraient être fonctionnelles d'ici 2024, mais le lieu de construction n'a pas encore été choisi. Interrogé sur le fait qu'il a décidé de faire l'annonce à Montréal, le ministre Champagne a refusé de se prononcer sur les chances de la ville d'être sélectionnée, expliquant qu'il avait voulu «montrer un grand centre de vaccination» à M. Bancel, qui connaît déjà bien la métropole. Choisir le Canada À ce jour, le Canada n'a joué aucun rôle dans la production de Moderna ou de tout autre vaccin contre la COVID-19. Son industrie pharmaceutique terne, décimée au cours des 30 dernières années, a laissé le pays entièrement dépendant des vaccins importés pour ralentir le coronavirus. M. Bancel a expliqué son choix de bâtir «la première usine de Moderna hors des États-Unis» au Canada par «la qualité de l'éducation» donnée au pays, ce qui permet d'avoir de la main-d'oeuvre qualifiée. Il a aussi mentionné le fait que «le Canada est un pays généreux» et ouvert, une qualité qu'il recherchait après avoir «été choqué de voir que certains pays européens interdisaient l'exportation de masques» au début de la pandémie. Mais le point sur lequel il a le plus insisté est «la vitesse du gouvernement canadien», alors que «des centaines» d'autres pays ont eux aussi exprimé leur intérêt. «C'est tout au compliment des équipes, du ministre [Champagne] et du premier ministre», a-t-il ajouté. Cette décision permettra au Canada de «devenir un centre d'excellence pour la technologie de l'ARNm» au niveau mondial, selon le ministre Champagne, en plus d'être «plus résilient, mieux préparé à faire face aux prochaines crises» et à «protéger la santé des Canadiens et Canadiennes». Le Parti conservateur du Canada a réagi par courriel, exprimant des doutes quant à cette annonce. «Justin Trudeau n'a tenu aucune de ses promesses en matière de fabrication nationale de vaccins. Il n'y a aucune raison pour les Canadiens de croire que cette installation sera construite sous le leadership de Trudeau», a affirmé le porte-parole Axel Rioux. Une panoplie de vaccins M. Bancel a annoncé que les résultats des tests cliniques de son vaccin contre la COVID-19 pour les 6 à 11 ans «seront disponibles au début de l'automne», ce qui laisse présager que des doses pourraient être distribuées sous peu pour ce groupe d'âge. Les résultats pour les enfants de 6 mois à 5 ans devraient être prêts «à la fin de l'année, ou au début de l'année prochaine». Outre le coronavirus, l'entreprise se donne des objectifs pour le moins ambitieux et tente de développer une vingtaine de vaccins différents, que ce soit contre l'influenza, des virus respiratoires, le cytomégalovirus (qui peut causer des séquelles à long terme chez les foetus), le Zika ou même le VIH. M. Bancel a aussi dit s'intéresser au cancer et à la fibrose kystique. Son but est de «produire un vaccin par an qui protégerait contre la grippe, contre de nouveaux variants de COVID-19» et contre d'autres maladies, le tout en une injection. Avec la technologie de l'ARNm, on peut produire plus d'un vaccin dans la même usine, a-t-il expliqué. «On peut vraiment changer de produit très rapidement (...) chaque semaine, on peut faire un nouveau produit.» Série d'investissements Il s'agit du deuxième accord majeur qu'Ottawa entérine dans les trois derniers mois afin que l'ARNm soit fabriqué au Canada. En mai, M. Champagne a déclaré que le fédéral fournirait 199 millions$ à Resilience Technologies à Mississauga, en Ontario. Un montant qui représente environ la moitié du coût de l'agrandissement de son usine actuelle pour fabriquer jusqu'à 640 millions de doses de vaccins à ARNm chaque année. Il a déclaré qu'Ottawa avait attiré l'attention d'un certain nombre d'entreprises des sciences de la vie au printemps dernier, en promettant 2,2 milliards de dollars pour la recherche en biotechnologie et la production commerciale au cours des sept prochaines années. Le premier ministre Justin Trudeau, qui devrait déclencher des élections très bientôt, a misé un certain capital politique sur la reconstruction des sciences de la vie au pays. Plus de 1,2 milliard de dollars ont été engagés précédemment, incluant l'investissement dans Résilience, 600 millions de dollars pour plusieurs essais cliniques de vaccin contre la COVID-19 et 126 millions de dollars pour le Conseil national de recherches du Canada pour construire une usine de production du vaccin de Novavax, à Montréal. Le Canada a également promis plus de 400 millions$ pour aider Sanofi-Pasteur à achever l'agrandissement de son usine de production de vaccins à Toronto. L'usine y fabrique une variété de vaccins, dont un contre la tuberculose. L'entreprise compte se concentrer sur la fabrication de vaccins contre l'influenza lorsque les travaux d'agrandissement seront complétés. Actuellement, Moderna et Pfizer-BioNTech sont les deux vaccins à ARNm contre la COVID-19. Aucune des deux compagnies ne peut répondre à la demande actuelle. Mais la demande à venir pour les produits d'ARNm devrait être beaucoup plus importante que celle pour la COVID-19.

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