Mise à jour sur la prise en charge des pellicules et de la dermatite du cuir chevelu

Les pellicules et la dermatite séborrhéique sont des affections fréquentes, chroniques et récidivantes du cuir chevelu, souvent associées à une détresse psychologique importante et à une altération de la qualité de vie. Les pellicules constituent une forme plus légère de dermatite séborrhéique, caractérisée par une desquamation modérée, des démangeaisons et l’absence d’inflammation visible, tandis que la dermatite séborrhéique est plus sévère, avec des lésions rouges, squameuses et souvent inflammatoires. Elle touche habituellement les zones sébacées du cuir chevelu, ainsi que d’autres régions séborrhéiques ou productrices de sébum. Malgré leur prévalence élevée, les données propres au Canada sur leur épidémiologie et leur prise en charge demeurent limitées.Une revue récente menée par un groupe d’experts canadiens examine l’étiologie, l’épidémiologie et la prise en charge des pellicules et de la dermatite séborrhéique dans une perspective canadienne. Elle met en lumière le rôle des espèces Malassezia dans la pathogenèse des deux affections et explore l’influence de facteurs génétiques, environnementaux et microbiens. Récemment, 11 mutations génétiques ou déficiences protéiques ont été reconnues comme contribuant au développement de la dermatite séborrhéique.La revue souligne la diversité des présentations cliniques selon les ethnies. Au sein de la population canadienne, les patients ayant un teint plus foncé peuvent présenter une forme plus sévère appelée dermatite séborrhéique pétaloïde. Les pellicules et la dermatite séborrhéique sont également plus fréquentes chez les personnes vivant avec le VIH et chez les patients immunodéficients, notamment ceux atteints d’hépatite C, de pancréatite alcoolique chronique ou de divers cancers.Prise en chargeL’objectif du traitement est de réduire la prolifération des espèces Malassezia afin de prévenir ou d’atténuer les symptômes. Les shampooings en vente libre, notamment ceux contenant du goudron de houille, du sulfure de sélénium, du kétoconazole, de l’huile d’arbre à thé, de l’acide salicylique ou du pyrithione de zinc, exercent plusieurs effets cutanés, dont une activité antifongique, anti-inflammatoire et une action sur la barrière cutanée.Les pellicules sont généralement bien contrôlées par ces shampooings, mais plusieurs produits pourront être essayés pour déterminer celui qui réduit le mieux la desquamation.À consulter: De nouvelles lignes directrices canadiennes pour la prise en charge de la calvitieLes symptômes légers de dermatite séborrhéique peuvent être contrôlés avec des shampooings contenant du sulfure de sélénium, du pyrithione de zinc, du goudron de houille ou de l’huile d’arbre à thé. Un shampooing médicamenteux associant du sulfure de sélénium et de l’acide salicylique a récemment démontré une amélioration significative des pellicules, de l’érythème du cuir chevelu, des démangeaisons et du caractère gras en cas de dermatite séborrhéique. Pour un contrôle à long terme, les shampooings antifongiques au kétoconazole peuvent être utilisés quotidiennement ou plusieurs fois par semaine pendant quelques semaines pour obtenir une rémission, puis une fois par semaine pour prévenir les rechutes. Les corticostéroïdes topiques peuvent être utilisés en présence d’inflammation du cuir chevelu, mais les auteurs mettent en garde contre les effets indésirables associés à un usage prolongé. De façon générale, ils devraient être réservés à des traitements de courte durée lors des poussées aiguës et appliqués uniquement sur les zones d’inflammation active.Dermatite séborrhéique modérée à sévèreLes options proposées comprennent le shampooing au clobétasol 0,05% deux fois par semaine, en alternance avec un shampooing au kétoconazole, afin de réduire plus rapidement les symptômes aigus et de maintenir un contrôle prolongé après l’arrêt. Si les symptômes persistent malgré ces traitements, l’ajout d’un anti-inflammatoire systémique peut s’avérer nécessaire; un avis dermatologique est recommandé.Des traitements comme le miconazole 2% et le kétoconazole 2% peuvent réduire la prolifération de Malassezia et la réponse inflammatoire du cuir chevelu. La ciclopirox olamine peut être ajoutée pour son action antibactérienne.La mousse de roflumilast 0,3%, récemment approuvée par Santé Canada, constitue une option topique non stéroïdienne pour la prise en charge de la dermatite séborrhéique. Elle pourrait être particulièrement utile pour les patients recherchant des alternatives aux corticostéroïdes et aux antifongiques.À lire aussi: Les dermatologues passent les brosses à cheveux au peigne finFormes résistantesLes antifongiques oraux (p. ex. itraconazole ou fluconazole) sont suggérés. Le kétoconazole oral n’est pas recommandé en première intention en raison de sa potentielle hépatotoxicité. Les formes résistantes modérées ou sévères peuvent répondre à une faible dose d’isotrétinoïne pendant six mois. Les formes sévèrement squameuses peuvent nécessiter un shampooing ou une crème topique sur ordonnance et, possiblement, des rétinoïdes oraux ou une hormonothérapie visant à réduire la production de sébum.Le traitement de la dermatite séborrhéique du cuir chevelu repose sur des shampooings médicaux contenant des antifongiques (p. ex. kétoconazole ou sulfure de sélénium), du pyrithione de zinc, du goudron de houille ou de l’acide salicylique, qui éliminent les squames et permettent au médicament d’atteindre la peau à travers les cheveux. La dermatite séborrhéique des zones non situées sur le cuir chevelu est généralement traitée avec des crèmes antifongiques topiques, des corticostéroïdes de faible puissance et des inhibiteurs topiques de la calcineurine (p. ex. tacrolimus ou pimécrolimus) pour les zones sensibles telles que le visage et les plis cutanés, afin d’éviter l’amincissement cutané induit par les stéroïdes. La mousse topique de roflumilast peut être utilisée comme option non stéroïdienne pour les formes du cuir chevelu et hors cuir chevelu, en alternative aux traitements traditionnels.À ne pas manquer: Idées suicidaires: vigilance recommandée pour un médicament contre la perte de cheveuxLes auteurs soulignent l’absence de consensus canadien quant à la prise en charge des pellicules et de la dermatite séborrhéique. Parmi les questions en suspens: quel traitement utiliser en première puis en deuxième intention, à quelle fréquence employer chaque produit, quel schéma thérapeutique suivre, comment intégrer les effets indésirables dans la prise en charge, quels patients devraient éviter certains produits, comment gérer les rechutes et comment combiner les différentes thérapies. Ils appellent à davantage de recherches afin d’élaborer des lignes directrices formalisées pour mieux outiller les professionnels de la santé et améliorer les soins aux patients. Compte tenu de la diversité de la population canadienne et du fardeau croissant de ces affections, une approche plus personnalisée est nécessaire pour relever les défis posés par ces maladies chroniques.Référence:Gupta AK, Landells I, Talukder M, et coll. Understanding the Scalp: Dandruff and Seborrheic Dermatitis. Journal of Cutaneous Medicine and Surgery. 2025;0(0). doi:10.1177/12034754251368845

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