Mieux vaut se faire opérer le lundi que le vendredi

«L’effet week-end» est une réalité bien documentée en santé: les patients qui reçoivent des soins les fins de semaine, les jours fériés ou durant les vacances sont plus à risque de résultats négatifs. Cependant, «peu de recherches ont examiné de manière exhaustive les effets des soins postopératoires de fin de semaine sur les résultats chirurgicaux», observent des chercheurs de l’Université de Toronto, de l’Université de Californie et de l’hôpital de Houston, au Texas.Pour combler cette lacune, ils ont mené une vaste étude de cohorte rétrospective dont les résultats viennent d’être publiés dans le JAMA Network Open. Ils montrent que les personnes ayant subi une intervention chirurgicale le vendredi présentaient un risque significativement plus élevé de complications, de réadmissions et de décès que celles opérées le lundi.À consulter: Explosion de l'abus et de l'intimidation auprès des aînés lors de prestation de soinsLes scientifiques ont analysé les données de 429 691 patients ayant subi 25 interventions chirurgicales courantes en Ontario entre le 1er décembre 2007 et le 31 décembre 2019. Parmi eux, 199 744 ont été opérés un vendredi ou la veille d’un jour férié ou de vacances et 229 947 ont été opérés un lundi ou le lendemain d’un jour férié ou d’une fin de vacances.Les personnes opérées avaient en moyenne 59 ans, et 63% d’entre elles étaient des femmes. Un tiers des procédures concernait une chirurgie orthopédique (34,4%, un autre tiers une chirurgie générale non spécifiée (30,1%) et 14% une chirurgie gynécologique. Dans l’ensemble, 363 608 (84,6%) étaient des opérations électives et 66 083 (15,4 %) étaient urgentes.Les seules caractéristiques présentant une différence standardisée supérieure à 10% étaient l’âge du chirurgien et le nombre d’années de pratique. Les cliniciens qui opéraient le vendredi étaient légèrement plus jeunes (47 ans contre 48 ans), mais surtout moins expérimentés (14 ans de pratique contre 17).Lire aussi: Le bloc opératoire peut être un endroit dangereux pour les médecinsLes principaux résultatsL’objectif principal de l’étude était d’analyser la mortalité, les complications et les réhospitalisations après 30 jours, 90 jours et un an.Dans l’ensemble, ces événements sont survenus dans 8,5% des cas après une intervention un vendredi, contre 8,1% après une opération un lundi; soit une augmentation relative de 5% qui est principalement due à une hausse des complications et des réhospitalisations.Les patients opérés un vendredi restaient en moyenne plus longtemps à l’hôpital: 3,5 jours contre 3,3 jours pour ceux opérés un lundi.Dans les 30 jours suivant l’intervention, 0,16% des patients opérés un vendredi étaient décédés, contre 0,15 % des patients opérés un lundi; cela correspond à une augmentation de la mortalité de 9%.Dans les 90 jours suivant l’intervention, 0,38% des patients opérés un vendredi étaient décédés, contre 0,35 % des patients opérés un lundi; soit une augmentation de la mortalité de 10%.Un an après l’intervention, 1,44% des patients opérés un vendredi étaient décédés, contre 1,30% pour ceux opérés un lundi, soit une différence relative de 12%.Les personnes opérées un vendredi ont également obtenu de moins bons résultats sur un score composite combinant décès, complications et nécessité de réhospitalisation, avec un risque accru de 5% à 30 jours et de 6% un an après l’opération.Si les chercheurs n’ont pas étudié en détail les causes de ces écarts, ils estiment que leurs résultats peuvent s’expliquer par des facteurs systémiques. «La réduction des effectifs, la moindre disponibilité des spécialistes expérimentés, un accès limité aux examens diagnostiques et les obstacles à la coordination des soins jouent probablement un rôle contributif», mentionnent-ils dans leur étude.Une précédente méta-analyse de 97 études, publiée en 2017 dans le Journal of Hospital Medicine, avait conclu que les patients admis à l’hôpital le samedi ou le dimanche présentaient un risque de mortalité accru de 19% comparé à ceux admis du lundi au vendredi. «Il est important que les systèmes de soins de santé évaluent l’impact de ce phénomène sur leurs pratiques afin de garantir que les patients reçoivent d’excellents soins, quel que soit le jour», concluent les auteurs de l’étude publiée dans le JAMA Network Open.RéférenceRanganathan S, Riveros C, Tsugawa Y, et coll. Postoperative Outcomes Following Preweekend Surgery. JAMA Netw Open. 2025;8(3):e2458794. doi:10.1001/jamanetworkopen.2024.58794

Mieux vaut se faire opérer le lundi que le vendredi

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