Médicaments dans les hôpitaux: le Vérificateur général manifeste de l’inquiétude

Dans un rapport déposé mercredi à l’Assemblée nationale du Québec, le Vérificateur général par intérim, Michel Samson, manifeste plusieurs inquiétudes à propos de la gestion des médicaments dans les hôpitaux.Michel Samson et son équipe ont fait des vérifications dans cinq établissements de santé: le CSSS Alphonse-Desjardins, le CSSS de Jonquière, le CSSS de Memphrémagog, l’Hôpital Santa Cabrini et l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ).Michel Samson s’inquiète notamment de la prévention des conflits d’intérêts dans les départements de pharmacie. «Bien que tous les établissements vérifiés se soient dotés d’une politique de gestion des conflits d’intérêts, celle-ci n’est pas appliquée», note-t-il.Le Vérificateur précise que la majorité des employés et des gestionnaires rencontrés par son équipe dans les départements de pharmacie ne connaissaient pas la politique de leur établissement, ni les règles à suivre s’ils se retrouvent dans une situation de conflit d’intérêts.Plus troublant encore pour Michel Samson: trois départements de pharmacie ont accepté des ristournes ou des dons de la part de l’industrie pharmaceutique qui ne seraient pas tous conformes à la Loi sur les contrats des organismes publics et aux règles contractuelles en vigueur.Linda Vaillant, directrice générale de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), se dit également préoccupée par les constats du Vérificateur général.«Nous avons un malaise par rapport aux pratiques évoquées dans le rapport, surtout en ce qui a trait aux ristournes, qui sont carrément illégales, souligne-t-elle. Quant aux dons pour la formation, ils nécessitent un encadrement plus serré afin que les pharmaciens ne se ramassent pas dans une situation d’apparence de conflit d’intérêts ou de conflit d’intérêts.»Linda Vaillant souligne que l’APES a entrepris une réflexion sur le sujet de l’éthique et que le prochain colloque en gestion de l’association, l’automne prochain, portera sur les questions de cette nature. Des recommandations pour bien gérer les risques de conflit d'intérêts seront aussi transmises aux membres.À l’Assemblée nationale, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a indiqué qu’il avait demandé que des vérifications soient effectuées. Il a cependant précisé que, bien que contestables, les montants d’argent avaient servi à assurer la formation du personnel, ce qu’il a qualifié de «circonstances atténuantes».Pour une meilleure utilisation des médicamentsDans son rapport, Michel Samson souligne également que l’utilisation des médicaments n’est pas toujours optimale, notamment à cause du manque d’uniformité entre les établissements de santé et du manque de continuité des soins avec les pharmacies communautaires.Le Vérificateur déplore aussi que certains des établissements vérifiés n’offrent pas des services pharmaceutiques plus avancés qui permettraient aux pharmaciens de conseiller les autres professionnels de la santé et même les patients sur l’utilisation des médicaments.Dans la réponse qu’ils ont fournie au Vérificateur, ces établissements rappellent qu’ils souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre et qu’ils ont recours à des pharmaciens remplaçants, ce qui complique le déploiement de services pharmaceutiques.Linda Vaillant partage à la fois les constats du Vérificateur général et les arguments évoqués par les établissements pour contextualiser leurs difficultés.«Nous sommes bien conscients, comme l’écrit le Vérificateur, que le bilan comparatif des médicaments n’est pas implanté partout, mais il ne faut pas oublier les embûches que sont les pénuries d’effectifs et le manque de ressources financières», affirme-t-elle.«Avec ce manque d’effectifs et de ressources financières, c’est même surprenant que les pharmaciens d’établissements soient capables d’en faire autant pour garantir la sécurité du circuit du médicament et offrir de bons soins», ajoute la directrice générale de l’APES.Le rapport aborde d'autres questions, notamment la variabilité des prix obtenus pour les médicaments par les quatre groupes d'approvisionnement ainsi que le manque de mesures mises en place par les établissements pour réduire les effets des ruptures d'approvisionnement.

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