Médecin, patient et professionnel de la santé dans le même bateau

«Comme êtres humains, nous sommes programmés pour établir des contacts entre nous, mais nous devons aussi exister en équipe», a affirmé la nouvelle présidente de l’Association médicale canadienne, la Dre Cindy Forbes, dans son discours inaugural.Médecin de famille, la Dre Forbes est aussi une pagayeuse émérite de canoë de guerre, un sport d’équipe dans lequel il est impossible de se démarquer et de performer si l’on n’est pas capable de travailler «ensemble».«Si nous avons ce qu’on peut appeler un chef, un barreur qui pilote le bateau, ainsi qu’un stroke, qui compte le rythme des mouvements, chacun remplit un rôle d’une importance égale», a-t-elle expliqué.En fait, une étude a même prouvé que ramer ensemble permettait à une équipe de générer des niveaux d’endorphines plus élevés que lorsqu’on rame seul, et donc d’obtenir de meilleurs résultats collectivement qu’individuellement, a-t-elle expliqué. Des principes qui sont aussi valables, selon elle, pour faire évoluer la profession médicale dans le bon sens.Revenir à l’humainEn effet, pour bien servir les patients, les médecins doivent reconnaître l’importance de l’interaction humaine. En tant que médecin de famille, bien sûr, il lui est arrivé de sauver des vies, mais la Dre Forbes est persuadée que c’est surtout dans des gestes plus «anodins» qu’elle a le plus influencé ses patients dans leur vie, lors d’une conversation «tranquille» ou d’un appel téléphonique après les heures de bureau.«C’est la qualité de ces interactions, de ces relations, qui compte», a souligné la Dre Forbes.Née à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, la Dre Cindy Forbes pratique la médecine familiale depuis plus de 29 ans. D'abord intéressée par l'enseignement, elle a obtenu en 1980 un baccalauréat ès sciences de l'éducation dans le domaine de la santé, avant de poursuivre une carrière en médecine.En 1985, elle a obtenu son diplôme de médecine de la Faculté de médecine de l'Université Dalhousie. Elle a pratiqué en Nouvelle-Écosse, bien sûr, mais aussi en Colombie-Britannique tout en s’impliquant dans les associations médicales de ces deux provinces.La Dre Forbes succède ainsi au Dr Chris Simpson, dont la présidence a été marquée par son engagement à faire reconnaître la nécessité d'améliorer les soins aux aînés, mais aussi par l’évolution du débat sur l’aide médicale à mourir.«Tout au long du processus de consultation de l’AMC, je me suis dit que, ce qui nous donne à tous un caractère commun dans cette question, c’est finalement un sentiment de profond respect des autres, de leurs croyances et de leurs sentiments. Et si nous gardons ce respect comme principe directeur de notre travail à venir, nous ne pouvons vraiment pas nous tromper.»Donner une voix aux jeunesLe Dr Simpson s’est aussi beaucoup impliqué sur Twitter pour mettre de l’avant les positions de l’AMC sur ces deux enjeux.«La manière dont il s’est servi des médias sociaux pour répandre la bonne parole et obtenir l’appui du public a été extraordinaire», a d’ailleurs mentionné la Dre Forbes dans son discours inaugural. Elle entend continuer à mettre l’accent sur ces deux grands dossiers, mais aussi à suivre les traces du Dr Simpson sur les réseaux sociaux.Elle compte, entre autres, publier des photos via Instagram qui rendront compte de son année comme présidente. Vous pouvez la suivre via le compte twitter @DrCindyForbes, ainsi que le compte de l’AMC à @CMA_Docs (ou en français @AMC_sante). Une façon de rejoindre aussi les plus jeunes membres de l’AMC.Suite en page 2La Dre Forbes entend en effet «mobiliser nos étudiants, médecins résidents et médecins en début de carrière d’une manière qui réponde à leurs besoins». Cette année, l’AMC a laissé plus de place aux jeunes, qu’ils soient résidents ou même étudiants. L’assemblée générale réfléchit d’ailleurs à offrir le droit de vote à ces «ambassadeurs». L’AMC a également financé le voyage de 30 jeunes à Halifax.Selon elle, les jeunes générations ne s’impliquent pas pour les mêmes raisons que les générations précédentes. «Nous voulons donc être sûrs que l’AMC est utile et pertinente pour elles aussi», a-t-elle confié en entrevue à CMAJ .Permettre aux jeunes d’apporter leur voix à l’AMC est bénéfique pour tout le monde, croit-elle. Les jeunes médecins peuvent acquérir des compétences de leadership et mieux comprendre la politique médicale. D’un autre côté, leur implication permet à l’AMC de devenir plus pertinente pour ses futurs membres.Plus prosaïquement, au cours des dernières années, l’AMC a vu diminuer le nombre de ses membres. Il y en a toujours de nouveaux qui s’inscrivent, mais il est apparu lors des débats que beaucoup cessent d’adhérer au fil des années. Il est donc primordial pour l’association de recruter davantage, d’autant que d’ici quelques années, les jeunes médecins seront plus nombreux que la vieille garde, étant donné l’augmentation des cohortes d’étudiants en médecine ces dernières années.

Médecin, patient et professionnel de la santé dans le même bateau

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes