L’opposition s’interroge sur certains dessous de l’entente Barrette-Godin

Diane Lamarre, porte-parole de l’opposition en matière de santé, met en garde la population contre le retour des primes à l'inscription dans le cadre de l’entente signée entre Gaétan Barrette et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). Selon elle, on fait une erreur en payant un bonus à l’inscription de nouveaux patients.«Les Québécois veulent un accès à un médecin quand ils sont malades, et l’inscription comme telle ne garantit pas la disponibilité du médecin quand on en a besoin», a-t-elle dit, parlant aussi d’un retour de la «prime Bolduc».La FMOQ a pourtant changé les conditions qui entourent le paiement de cette prime. Si elle reste limitée à 150 patients maximum (comme depuis 2013), cette fois, il ne suffit plus d’inscrire le patient, mais bien de le voir au cours d’une première visite.«Dans un système où l’on a des professionnels qui sont rémunérés quand ils voient des patients, pourquoi est-on obligé de leur donner un bonus avant même qu’ils aient vu les patients?» s’interroge cependant Diane Lamarre. Pour elle, même si on ne parle pas de sommes d’argent supplémentaires, c’est néanmoins une mauvaise utilisation de l’enveloppe accordée aux médecins de famille.De l’argent mis au mauvais endroit, accuse l’opposition«Dans d’autres endroits, comme en Colombie-Britannique ou au Royaume-Uni, on donne le bonus à la performance au bout d’un an, quand on a démontré que l’on a diminué le recours à l’hospitalisation», précise la porte-parole de l’opposition en santé.Selon Diane Lamarre, cette prime n’apportera rien de plus aux patients et ne favorisera pas l’accès. «Si je suis obligée d’aller à l’urgence parce que mon médecin n’est pas disponible», quel est l’intérêt? demande-t-elle. Avant d’ajouter: «Est-ce le meilleur endroit pour mettre ce 25 millions de dollars?»Il faut dire que d’après les chercheurs, cet incitatif n’a, de fait, pas eu les effets escomptés. La nouvelle mouture sera-t-elle plus efficace? Difficile à dire, puisque les modalités de cette entente seront «définies ultérieurement».Le Dr Louis Godin étant en congrès syndical, c’est donc son directeur des communications, Jean-Pierre Dion, qui a répondu aux questions de ProfessionSanté.ca.«Le PQ fait de la politique, et c’est assez pathétique. L’entente qui existe, c’est Réjean Hébert qui l’a signée, ce n’est pas le gouvernement libéral», rage Jean-Pierre Dion.Un impact sur le terrain, répond la FMOQSelon lui, même si on a «défoncé» le budget de 12 M$ imparti pour cette mesure, c’est la FMOQ qui a pris l’argent ailleurs, à même son enveloppe, pour combler les «25 à 30 millions» que cela coûte à peu près.Il précise aussi que ces sommes ont tout de même eu «des effets sur le terrain», même si individuellement cela ne représente pas grand-chose par rapport à la rémunération totale d’un médecin de famille.La plupart des médecins de famille concernés par cette prime auraient inscrit de 40 à 60 patients, chiffres à multiplier par des sommes allant de 25 à 200 $.Selon Jean-Pierre Dion, c’est le ministre Barrette qui tenait à changer la lettre d’entente 245, en raison de l’impact que la divulgation de la «prime Bolduc» a eu sur la population. «Nous, on a pris acte et on a exprimé le souhait que ces sommes-là continuent d’être redistribuées comme un incitatif à la prise en charge», explique Jean-Pierre Dion.La balise de 150 patients sera d’ailleurs maintenue dans la nouvelle entente, explique-t-il, en revanche, le montant par patient, lui, n’est pas encore défini. Toujours est-il que la FMOQ semble ne pas vouloir trop investir dans ce domaine, ne voulant pas «pénaliser les autres secteurs de pratique». Des montants globaux «comparables», entre 25 et 28 M$ seraient envisagés. «Est-ce que cela va se répartir sur les deux premières visites pour 50 $ ou les trois premières visites à 33 $, je ne sais pas ce que le ministre a en tête…» a dit Jean-Pierre Dion.Au-delà de cette polémique, la FMOQ tenait à souligner qu’elle va de nouveau passer en commission parlementaire mercredi prochain, puisqu’elle a été convoquée par l’opposition à propos de l’entente conclue avec le ministre.

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