Living Lab Charlevoix: réfléchir ensemble pour un meilleur accès aux soins en milieu rural

Depuis quatre ans, le Living Lab Charlevoix contribue à la recherche de solutions à l’accès aux soins de santé en milieu rural en collaboration avec la communauté. «Tout ça est parti d’une expérience clinique», relate le Dr Richard Fleet. Le médecin d’urgence et psychologue se retrouve au chevet d’une patiente mourante impossible à transférer, qui l’interpelle: «Promettez-moi quelque chose: n’abandonnez jamais votre combat», se souvient-il.Alors posté à Nelson, à 400 kilomètres de Kelowna en Colombie-Britannique, le Dr Fleet est en effet confronté à la réalité des petits hôpitaux en milieu rural avec peu de ressources. «Il y avait une équipe de transfert pour 60 000 personnes desservies», ajoute le Dr Fleet. Avec ces collègues, il commence alors à s’impliquer dans la défense des droits des patients pour essayer de changer cette réalité.De Nelson à Baie-Saint-PaulCette volonté animera ses recherches des quatorze années suivantes, alors qu’il revient au Québec et prend un poste à la Faculté de médecine de l’Université Laval. Le médecin – qui devient titulaire de la Chaire de recherche en médecine d’urgence – fait à l’époque du dépannage à Baie-Saint-Paul, où le réseau de traumatologie de l’hôpital est menacé de fermeture. «Ça faisait des années qu’on publiait des articles, qu’on présentait des conférences et qu’on parlait aux médias, et rien ne changeait. On a décidé de faire la différence dans un milieu», affirme-t-il. Ses travaux de recherche soulignent en effet les écarts entre les patients de la ville et des régions rurales. Les risques de mortalités sont par exemple trois fois plus élevés dans les hôpitaux régionaux après un traumatisme physique. L’idée d’établir un Living Lab à Charlevoix émerge donc en 2020, qui s’étendra ensuite au-delà de l’hôpital modèle de Baie-Saint-Paul. Le Living Lab Charlevoix favorise la collaboration des citoyens, des décideurs et des professionnels de la santé pour coconstruire des solutions, les prioriser, et améliorer les soins d’urgence en milieu rural.À consulter aussi: Un peu plus de spécialistes, un petit peu moins d’omnipraticiens au paysDes stages porteurs Au cœur du Living Lab, les stages de leardship et d’innovation, inspirés de l’International Masters for Health Leadership de l’Université McGill, sont offerts notamment aux étudiants et aux résidents de partout au Québec. Une centaine de personnes sont passées par les stages du Living Lab, et la quinzième cohorte s’amorcera sous peu. Innovation, créativité, Design Thinking sont au cœur du processus itératif de recherche de solution. Exploration des solutions technologiques pour l’amélioration des soins par des étudiants en médecine et en ingénierie, déploiement d’étudiants dans le domaine de la santé pour épauler les infirmières en contexte de pénurie, les solutions explorées par les cohortes sont multiples. «Plusieurs ont été testées. Ça n’a pas nécessairement abouti, mais les idées cheminent», note-t-il.S’il reste difficile de quantifier les retombées du Living Lab, les stages auront certainement brassé des idées et tissé des liens. Le Living Lab a ainsi contribué à évaluer les besoins lors de l’annonce de la fermeture de l’urgence de l’hôpital de Baie-Saint-Paul. Être à l’écoute de toutes les parties a permis de trouver une solution portée par les infirmières, qui ont pris en charge les horaires pour éviter la fermeture. «On est un genre d’unité de réflexion dans un contexte rural», estime le Dr Fleet.Améliorer les capacités localesLa plupart des stages se sont déroulés à Baie-Saint-Paul et à La Malbaie, mais deux expériences ont eu lieu en dehors de Charlevoix pour répondre à l’appel d’autres régions. À Coaticook, notamment, la fermeture de l’urgence et la mort d’un homme faute d’avoir accès à une ambulance assez rapidement ont été la bougie d’allumage pour y implanter un stage du Living Lab. Dans la MRC du Granit, ce sont des acteurs du milieu municipal qui ont voulu s'y mettre ensemble pour améliorer les soins de première ligne. «On les accompagne là-dedans», décrit le Dr Fleet.«Ce qui est le plus fort, c’est que ça crée un contexte d’innovation; ça attire des étudiants ou des résidents qui ne seraient peut-être jamais rendus là autrement. Ça crée une capacité future et ça rehausse le profil du milieu rural», résume-t-il.Alors que le mandat de la Chaire de recherche et d’innovation en médecine d’urgence de l’Université Laval se termine (dans laquelle le Living Lab Charlevoix s'intégrait), un Hub d’innovation en médecine rurale vient tout juste d’être créé, qui permettra de poursuivre le travail, et ce, au-delà de la médecine d’urgence.

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