L'Institut de la pertinence atteindra-t-il sa cible de 70 M$ d'économies?

Depuis sa création en décembre 2019, l’Institut de la pertinence des actes médicaux (IPAM) a mis en place quatre mesures représentant des économies annuelles de près de 44 M$ dans le système de santé, mais on est encore loin de la cible de 70 M$ qui doit être atteinte d’ici le 31 mars prochain, a appris ProfessionSanté.ca.Né d’une entente entre la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) et le Conseil du trésor du gouvernement du Québec, l’IPAM est chargé de cibler des actes médicaux jugés inappropriés, utilisés à des fréquences excessives ou non conformes aux bonnes pratiques, le tout dans un objectif de réduction budgétaire. Or, jusqu’à présent, un seul acte non essentiel a été aboli : la radiographie des sinus, dont la fin de la couverture par la Régie de l'assurance maladie du Québec entraînera des économies de seulement 2,2 M$ par année (voir encadré).À lire: Pertinence des soins: certains actes pourraient ne plus être assurés par la RAMQJusqu'à présent, la majeure partie des économies réalisées (soit 41,5 sur les 43,7 M$) proviendront de l’abolition des primes controversées. Ce n’est pas une surprise puisque l’article 6.2 du Protocole d’accord signé entre les deux parties, dont ProfessionSanté.ca avait pris connaissance en décembre 2019, stipulait leur suppression.Ainsi, l’abolition de la prime d’assiduité versée aux chirurgiens et aux anesthésistes s’ils arrivaient avant 8 heures permettra des économies de 33 M$ par année. Cette prime matinale s'élevait à un peu plus de 100 $.De plus, la réduction de la période de bonification en soirée pour les chirurgiens permettra aussi des économies incluses dans ce 33 millions. En effet, la période de bonification durant laquelle ils peuvent facturer 22,15 $ par tranche de 15 minutes, qui était auparavant de 15 h à 19 h, sera désormais de 17 h à 19 h.La prime versée aux gériatres pour soigner des patients de 85 ans a elle aussi été abolie, ce qui permettra une économie annuelle de près de 1,5 M$.L’IPAM a également décidé de faire passer les demi-journées de formation de 14 à 8 pour les médecins spécialistes. Pour les médecins spécialistes en région éloignée, ces demi-journées passeront de 40 à 30. Cette mesure entraînera des économies d'un peu plus de 7 M$ par année.Encore 26 M$ à trouverMalgré ces mesures implantées depuis le début de l'année 2020, il reste encore 26 M$ d'économies à cibler, à deux mois de l’échéance. Toutefois, le directeur général de l’IPAM, Jean-François Foisy n’est pas inquiet. «Nous devrions atteindre 70 millions d’économies. Mais si nous avions seulement 50 millions cette année, il faudrait ajouter 20 millions à partir d’avril», affirme cet ancien PDG du CISSS des Laurentides, reconnaissant que la pandémie a ralenti les travaux de l’IPAM.La cible pour la période d'’avril 2021 à mars 2022 est à nouveau de 70 M$, tandis que pour la même période l’année suivante la cible devra atteindre 100 M$. Ainsi, les mesures de pertinence des actes médicaux implantées par l’Institut devraient entraîner 450 M$ d’économies récurrentes pour la période comprise entre le 1er avril 2020 et le 31 mars 2023.Les sommes économisées seront réinvesties dans l’amélioration de l’accès aux services en médecine spécialisée. «Nous avons des discussions très constructives sur les projets de réinvestissement. Nous ne pouvons toutefois rien annoncer, puisque ces projets n’ont pas encore été adoptés», explique Jean-François Foisy.L’Institut de la pertinence des actes médicaux est composé de cinq représentants désignés par le gouvernement, dont deux médecins, ainsi que cinq personnes désignées par la FMSQ.Le président de l’Institut est Jacques Cotton, l’ancien PDG de la région de l’assurance maladie du Québec. Notons également que le vice-président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), Marc-André Amyot est membre observateur du comité de gouvernance de l’IPAM.«Le climat de travail entre le ministère et la FMSQ est excellent. Tout le monde s’entend sur les mesures établies. Ça vaut la peine de la souligner parce que ça pourrait être le bordel, mais ce n’est pas le cas», souligne le directeur général de l’IPAM. Fini les radiographies des sinusLa décision de l’IPAM d’abolir les radiographies des sinus repose sur un avis de la campagne nationale Choisir avec soin qui vise à réduire des examens et des traitements inutiles. Selon cet organisme, les radiographies simples des sinus ne devraient pas faire partie des tests diagnostiques de la sinusite. Ces radiographies «ont une sensibilité et une spécificité faibles et ne permettent pas de confirmer ou d’écarter avec certitude un diagnostic de sinusite aiguë ou chronique», souligne Choisir avec soin.Selon la campagne nationale, l’anatomie complexe des sinus ethmoïdes et les voies essentielles de drainage des sinus ne sont pas bien définies à la radiographie simple. «Comme la radiographie des sinus ne permet pas de diagnostiquer une rhinosinusite, de guider la prescription d’antibiotiques ou de planifier une chirurgie, elle n’apporte pas de valeur ajoutée aux soins et devrait être évitée», conclut Choisir avec soin.Depuis le 18 janvier, cet examen n’est plus effectué, puisque la RAMQ ne le couvre plus. Toutefois, les examens effectués avant cette date seront lus.En 2019, 140 000 radiographies des sinus ont été facturées, selon l’Institut de la pertinence des actes médicaux.

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