Les télésoins à domicile coûtent 13 % moins cher

Les télésoins à domicile ont démontré leur efficacité clinique pour les patients atteints de diverses maladies chroniques. Ils permettent aussi de réduire la demande de soins de santé, selon l’Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé.L’AÉTMIS a analysé1, en 2009, plus de 100 expériences de télésoins à domicile, menées en Occident, dont seulement 10 % au Canada. L’Institut économique de Montréal fait écho de ces recherches dans son dernier bulletin Les notes économiques (septembre 2010).Volet économiqueOn y mentionne également une autre étude, menée en 2003-2004 à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, conjointement avec HEC Montréal2. Elle indique que le coût des soins dispensés aux patients traités à distance est inférieur de 13 % à celui des soins offerts aux malades de façon traditionnelle. Et ce, malgré les coûts importants associés à la technologie. D’où vient alors l’économie ?de la réduction du nombre de visites à domicile;du fait que les patients ainsi mieux suivis sont moins susceptibles d’être hospitalisés.L’étude, qui a duré six mois, comparait deux groupes de patients, l’un suivi à domicile, et l’autre non. À l’époque de la recherche, l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont traitait à domicile environ 2400 malades atteints de MPOC.Une étude plus ancienne3, datant de 1996-1997 et réalisée par le groupe Kaiser Permanente, en Californie, confirme le coût moindre des télésoins à domicile. Une infirmière peut ainsi, en moyenne, visiter cinq ou six patients par jour de façon traditionnelle, mais 15 à 20 grâce au système de consultation à distance. En extrapolant cette réalité pour le Canada, l’Institut économique de Montréal estime que le coût des patients obtenant des télésoins serait de 42 % inférieur à celui du groupe témoin.Voilà pour le volet financier qui ne dit rien cependant de la satisfaction des patients et pas grand-chose de la qualité ultime des soins.Volet socialAu-delà des soins prodigués, il se crée souvent entre les patients et les acteurs à domicile des liens bénéfiques au bien-être des malades. Ces liens de proximité en soutien à domicile sont alors dictés par le seul principe d’intérêt humain. Ils n’ont pas encore vraiment fait l’objet d’une attention particulière dans l’évaluation des services.Des chercheurs de Lanaudière4 ont cependant creusé la question dans une étude exploratoire, de type qualitatif et essentiellement descriptif. Ils ont montré que les acteurs en soutien à domicile prodiguent non seulement du savoir-faire, mais également du savoir- être. Les liens de proximité s’établissent lorsqu’il y a une qualité de présence à l’autre ou un souci de l’autre, qui s’exprime à travers ce savoir-faire et ce savoir-être.« Les liens de proximité constituent une problématique de pointe qui prendra de l’ampleur au Québec dans les prochaines années, selon Mario Paquet, l’un des chercheurs, agent de recherche à l’ASSS de Lanaudière et professeur invité à l’Institut national de recherche scientifique (INRS-Urbanisation, culture et société). Lanaudière a d’ailleurs maintenant un comité de promotion des liens de proximité. C’est inédit au Québec. »Revue systématique des effets de la télésurveillance à domicile dans le contexte du diabète, des maladies pulmonaires et des maladies cardiovasculaires. Guy Paré, Khalil Moqadem, Gilles Pineau et Carole St-Hilaire, AETMIS, avril 2009.« Cost-Minimization Analysis of a Telehomecare Program for Patients with Chronic Obstructive Pulmonary Disease », Telemedicine and e-Health, vol 12 (2006), 114-21. Guy Paré, Claude Sicotte, Danielle St-Jules et Richard Gauthier.Outcomes of the Kaiser’s Permanente Tele-Home Health Research-Project, Archives of Family Medicine, vol. 9 (2000), no 1, 40-5. Barbara Johnston, Linda Weeler, Jill Deuser et Karen H. Sousa.Rapport de recherche Mario Paquet, Danielle Forest, Marlène Falardeau et Mélanie Renaud, Les liens de proximité en soutien à domicile dans la région de Lanaudière – Document-synthèse, Joliette, ASSS de Lanaudière, Direction de santé publique et d’évaluation, 2009.Liens de proximité : les deux côtés de la médailleCôté pileIls peuvent :améliorer le niveau de collaboration entre les acteurs en soutien à domicile et les acteurs familiaux;favoriser l’atteinte des objectifs d’intervention;contribuer à la qualité des services, à la qualité de vie, au bien-être et à la satisfaction de la clientèle;briser l’isolement;aider à maintenir la santé mentale des personnes assistées;contribuer à dépister des problèmes sociaux et de santé;donner du sens au travail des intervenants.Côté faceDes liens trop étroits peuvent aussi nuire parfois :possibilité d’un processus de deuil important lors du départ de l’intervenant;méfiance ou inhibition à l’égard des intervenants ultérieurs;dépendance de la personne aidée;sentiment d’envahissement de son espace personnel;sentiment de jalousie ou de rejet chez le proche aidant;risque d’épuisement des intervenants.La dynamique du lien doit donc aussi respecter son équilibre propre.

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