Les techniciens en pharmacie et le bilan comparatif des médicaments

Pour assurer la sécurité des patients, le bilan comparatif des médicaments (BCM) est un outil indispensable. Il s’agit d’un processus au cours duquel les professionnels de la santé travaillent de concert avec les patients et leur famille (ou leurs soignants) afin d’établir le meilleur schéma thérapeutique possible (MSTP), qui comprend la liste de tous les médicaments que prennent les patients (avec ou sans ordonnance) et la façon dont ils les prennent. Le personnel soignant relève et corrige alors les incohérences, puis transmet une liste complète et précise des médicaments à toutes les étapes de l’évolution des soins d’un patient, soit lors d’un changement de son état de santé ou de son niveau de soins, d’une hospitalisation, d’un transfert ou d’un congé de l’hôpital.Les professionnels de la santé doivent connaître les médicaments que prend un patient afin de lui fournir des soins appropriés, mais ces renseignements ne sont pas toujours communiqués entre les équipes. Et même si les dossiers de santé électroniques contiennent la liste des médicaments prescrits, le patient ne respecte pas toujours l’ordonnance. Par ailleurs, les dossiers de santé électroniques n’indiquent pas les médicaments en vente libre, les produits de phytothérapie et les échantillons de médicaments qui peuvent causer des interactions médicamenteuses.« Il est donc crucial d’avoir un entretien à ce sujet avec le patient, et les techniciens en pharmacie, tant en milieu hospitalier qu’en pharmacie communautaire, peuvent jouer un rôle primordial à cet égard », affirme Kaitlyn McMillan, coresponsable des dossiers de santé électroniques à l’hôpital régional de Red Deer. Une étude récente a d’ailleurs révélé que les schémas thérapeutiques établis par les techniciens étaient précis dans 88 % des cas, contre 57 % pour les schémas réalisés par le personnel infirmier. On a aussi constaté que les schémas thérapeutiques vérifiés produits par les techniciens étaient aussi précis et exhaustifs que ceux établis par les pharmaciens.Kaitlyn McMillan, qui effectue aussi du travail de relève en pharmacie communautaire, souligne que les techniciens sont très bien placés pour recueillir les renseignements nécessaires. « Étant le premier point de contact, dit-elle, ils occupent une position idéale pour poser des questions essentielles aux patients. » Par exemple :Ce médicament est-il nouveau?Vous attendez-vous à ce que l’on change vos médicaments?À la maison, vous arrive-t-il d’oublier de prendre vos médicaments?Kaitlyn McMillan explique que les pharmacies communautaires offrent aux patients une seconde occasion de poser les questions auxquelles ils n’auraient pas pensé à leur sortie de l’hôpital. « La communication d’informations concernant les médicaments commence à l’hôpital, précise-t-elle, mais elle peut se poursuivre à la pharmacie communautaire, et ce, chaque fois que le patient s’y présente. »Dans certains cadres hospitaliers, les techniciens produisent le MSTP au moyen d’entrevues systématiques avec les patients et leur famille et au moins une autre source fiable. Pour ce faire, ils se fient au guide d’entrevue de l’ISMP. Celui-ci comprend des questions standardisées qui vont en profondeur, bien au-delà des données enregistrées dans le dossier de santé électronique.« À titre de pharmacienne en milieu hospitalier, je vois une énorme différence dans l’exhaustivité et la qualité des renseignements recueillis dans les MSTP produits par les techniciens, dit Kaitlyn McMillan. Nous avons ainsi accès à l’information nécessaire dès que le patient obtient son congé. »Elle ajoute que l’on s’attend à ce que les patients, dès leur sortie de l’hôpital, prennent en charge un régime parfois compliqué. Elle recommande donc aux techniciens de se demander, après chaque interaction avec un patient, si celui-ci sait quels médicaments il devra prendre une fois rendu chez lui.Source : Kaitlyn McMillan, Alberta Health Services.Points à retenir concernant le MSTPLe MSTP doit être établi à l’aide d’au moins deux sources.Les dossiers de santé électroniques constituent une source de renseignements, mais non pas la seule.Les patients eux-mêmes ou leurs soignants représentent la meilleure source pour déterminer comment les médicaments sont pris à la maison.L’ordonnance d’un médicament n’est pas toujours suivie à la lettre.Les renseignements complets concernant les médicaments ne sont pas toujourspartagés entre les prestataires de soins.RessourcesInstitut pour la sécurité des médicaments aux patients du Canada (ISMP)Institut canadien pour la sécurité des patients (ICSP)

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