Les pharmacies sont-elles prêtes à la mise en œuvre du PL67?

«On est au point mort, c’est l’inertie qui règne», déplore le président de l’Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec (APPSQ), Patrick Hemery. «S’il y a des pharmacies qui se sont engagées [dans le changement], dans la majorité des pharmacies, il n’y a pas assez de mesures qui sont mises en place [pour la préparation au PL67].»Le 18 novembre, l’APPSQ a d’ailleurs publié un communiqué pour réitérer ses préoccupations quant aux impacts de la loi sur la pratique pharmaceutique et la sécurité des patients. Elle y exhortait l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) et l’Association des bannières et chaînes de pharmacie du Québec (ABCPQ) à entreprendre des actions concrètes pour adapter les milieux de travail aux nouvelles responsabilités cliniques des pharmaciens. «L’aménagement des pharmacies doit évoluer sans délai», peut-on y lire. Le communiqué rappelle aussi les résultats d’un récent sondage: la majorité des pharmaciens communautaires interrogés observaient des interruptions constantes nuisant au travail clinique, un niveau de bruit excessif et constant, ainsi que des espaces cliniques et de consultation insuffisants. À lire aussi: PL67: une formation à l’Université Laval pour outiller les pharmaciens«Ce n’est pas de l’inertie, c’est un manque de moyens et de capacité», répond Benoit Morin, président de l’Association québécoises des pharmaciens propriétaires (AQPP). «Le contexte de pratique évolue rapidement, alors que le système de santé a des besoins de plus en plus importants.»Il y a un défi de rentabilité qui fait en sorte qu'on a de la misère à investir dans nos organisations et surtout dans nos salaires. — Benoit Morin, président de l’AQPPSelon lui, la capacité des pharmacies est étroitement liée au dossier du financement et de la rémunération, actuellement au point mort. «On manque de moyens et on a un sous-financement chronique du régime public, ce qui fait en sorte que notre capacité à investir est limitée», affirme-t-il. Les négociations avec le gouvernement provincial sur la rémunération se poursuivent, dans un contexte budgétaire serré. «C’est une négociation qui s’annonce difficile, mais qui est en cours», informe-t-il.Par souci d’indépendance professionnelle face aux gouvernements et aux autres acteurs de l'industrie, les adaptations des pharmacies communautaires doivent être réalisés par les pharmaciens propriétaires eux-mêmes, rappelle toutefois le président de l’AQPP. «Pour investir, ils doivent avoir une perspective, un plan, une rentabilité et un sens des affaires.»Adoptée en novembre 2024, la loi vise à désengorger le réseau de la santé en élargissant le rôle de professionnels de la santé comme les pharmaciens dans les soins de première ligne. Sa mise en oeuvre se fait toujours attendre, car elle est liée à l'entrée en vigueur de règlements.

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