Les obstétriciens-gynécologues dans un cul-de-sac : Beaucoup d’énergie dépensée pour mettre sur pied des GMS... pour rien

La présidente de l’Association des obstétriciens-gynécologues, la Dre Corrine Leclercq, s’est mise à rêver à de meilleurs jours quand la FMSQ et le Ministère se sont entendus sur la création de Groupes de médecine spécialisée, en 2007.Trois ans plus tard, la Dre Leclercq vit une profonde désillusion. Des rencontres à répétition, des discussions d’abord positives avec des fonctionnaires du ministère de la Santé, tout cela pour aboutir dans un cul-de-sac. Le Ministère s’est complètement retiré du dossier et rien ne laisse croire, pour l’instant, qu’il y reviendra dans un proche avenir.La Dre Corrine Leclercq connaît la même déception que sa collègue de l’Association des pédiatres. Avec le baby-boom, les obstétriciens-gynécologues sont débordés et la création de ces GMS arriverait à point nommé. Mais voilà, depuis plusieurs mois, le projet est sur la glace. Et celle-ci semble épaisse. « C’est un peu décourageant. Ce projet a demandé beaucoup d’énergie, des réunions très fréquentes. Je suis bien déçue, commente la Dre Leclercq. Quand je suis devenue présidente de mon association, c’était bien parti, mais le projet est maintenant arrêté. Je termine mon mandat dans six mois et je sens que ça n’aboutira pas. »Plan de développementSelon les vues de l’Association, les GMS en obstétrique-gynécologie seraient situés, selon les régions, dans des milieux hospitaliers ou des cliniques privées existantes. Ces cliniques spécialisées pourraient compter sur des omnipraticiens, des infirmières et des sages-femmes qui assureraient le suivi des grossesses normales. Dès qu’une anomalie serait dépistée, les cas seraient transférés aux obstétriciens-gynécologues, en deuxième ligne. Cette formule, dit la Dre Leclercq, permettrait d’augmenter l’offre de services aux femmes enceintes et à la femme, en général, qui désire rencontrer une gynécologue. L’Association prévoyait la création d’un GMS par région.Rencontres à QuébecLe dossier s’est d’abord enclenché rondement. Les rencontres à Québec entre l’Association et des hauts fonctionnaires du MSSS se sont déroulées toutes les quatre à six semaines. Un représentant de la FMSQ a aussi participé à quelques-unes d’entre elles où il a été question d’organisation, de services et même de budget éventuel.Trois projets-pilotes de GMS ont été avancés : le premier en région universitaire, à l’Hôpital Sainte-Justine, le deuxième, en région intermédiaire, à l’Hôpital de Chicoutimi, le dernier dans une région éloignée. Parmi les trois, c’est celui de Chicoutimi qui était le plus avancé, et il allait de pair avec un autre chantier de GMS en pédiatrie, parce que ces deux spécialités travaillent souvent ensemble.Rien ne laissait présager un naufrage. Le navire semblait bien à flot, mais il est allé se fracasser sur les rives escarpées du financement, où il a coulé à pic. Depuis un an, plus rien, et aucune tentative de renflouement n’a été décidée par Québec.Les obstétriciens-gynécologues, qui réclament du soutien pour faire face à l’explosion des naissances, n’ont toutefois pas renoncé aux GMS. « Seulement 5 % des 8000 omnipraticiens font de l’obstétrique et de l’accouchement, dit la Dre Leclercq. Il ne faut pas abdiquer dans le dossier des GMS, d’autant que le baby- boom ne ralentit pas. Nous sommes 400 membres et nous réalisons 65 % des accouchements du Québec. L’an dernier, il y a eu près de 84 000 naissances. La moyenne d’âge de nos médecins est de 50 ans. Plusieurs partent à la retraite. Ces GMS répondent à de véritables besoins. »

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