Les compléments alimentaires aident-ils vraiment à enrayer la chute des cheveux?

Certains compléments alimentaires peuvent être utiles dans le traitement de la chute des cheveux, mais les résultats sont encore mitigés. Un examen récent des études sur le sujet, publié dans la revue JAMA Dermatology, suggère que certains compléments peuvent apporter une aide à certaines personnes, même en l’absence de carences connues. Les compléments alimentaires peuvent comprendre des vitamines, des nutraceutiques et des plantes médicinales. Les «recherches suggèrent un rôle potentiel pour les compléments alimentaires dans le traitement de la perte de cheveux. Les médecins devraient s’engager dans une prise de décision partagée en couvrant les risques et les avantages potentiels de ces traitements», indiquent les auteurs de cette revue scientifique. Selon les études, environ 80% des patients souffrant de perte de cheveux prennent des compléments alimentaires, les plus utilisés étant la biotine (ou vitamine B8), la vitamine B12 et les multivitamines du groupe B. Leur bénéfice est indéterminé pour cette indication-là, et leur utilisation peut être coûteuse, entraîner des effets toxiques à fortes doses, et interagir avec les médicaments et les résultats des tests, ont écrit les chercheurs. Cette revue de la littérature scientifique a donc été menée pour évaluer les données sur les compléments et le régime alimentaires chez les patients ne présentant aucune carence nutritionnelle connue. Elle comprenait des études dont les données originales se rapportaient à des interventions diététiques et nutritionnelles chez des participants adultes ou enfants souffrant de perte de cheveux. Trente études répondant aux critères ont été retenues: 17 étaient des essais contrôlés randomisés (ECR) et 11 des essais cliniques, auxquels s’ajoutent deux séries de cas. Les études dans lesquelles la perte de cheveux était attribuable à une carence nutritionnelle, un médicament, une exposition à des toxines ou une maladie sous-jacente ont été exclues; de même que celles relatives à des traitements accompagnés d’interventions comportementales, ainsi que les études publiées dans une autre langue que l’anglais. Lire aussi: 5 conseils pour aider vos patients qui perdent leurs cheveux Les preuves les plus robustes ont montré le bénéfice potentiel: du Viviscal et du Nourkrin, deux compléments à base de protéines marines (MPS); du Nutrafol et du Lambdapil, deux compléments à ingrédients multiples; du Pantogar, de la capsaïcine et de l’isoflavone; ainsi que des omégas 3 et 6 avec antioxydants, des nutraceutiques de pomme, des glucosides totaux de la pivoine, des comprimés de glycyrrhizine composée, du zinc, du tocotrienol et de l’huile de pépins de courge. Dans les grandes lignes Le Viviscal est un supplément contenant essentiellement un mélange exclusif de constituants de la matrice extracellulaire de requins et de mollusques. Il a été évalué lors d’études portant sur des hommes et des femmes qui avaient perçu un amincissement de leurs cheveux. Au moins un ECR de petite envergure a signalé une augmentation du nombre de cheveux dans le groupe d’intervention après 12 mois. Le Nourkrin est censé agir comme une thérapie de remplacement des protéoglycanes dans le traitement de la chute des cheveux. La dérégulation du métabolisme des protéoglycanes joue un rôle médiateur dans la chute des cheveux. Le lambdapil est composé de cystine (ou L-cystine), qui intervient dans la synthèse des protéines de la kératine, de saule rampant (S. repens, un inhibiteur de la 5 alpha réductase, ou 5AR) et d’autres ingrédients. Une petite étude portant sur 70 personnes a montré une amélioration significative des résultats à un test de traction des cheveux dans le groupe traité par rapport au placebo. Le Pantogar est un supplément d’acides aminés composé de L-cystine, de kératine et d’autres ingrédients. Un ECR mené sur 30 femmes adultes a permis d’identifier une augmentation du taux de croissance des cheveux, mais n’a montré aucun changement significatif dans leur nombre, leur densité et leur diamètre après six mois. Les formes topiques de la capsaïcine (un composé chimique de la famille des alcaloïdes, composant actif du piment) et de l’isoflavone (un phytoestrogène naturel) peuvent augmenter la production dermique d’IGF-1 (Insulin-like Growth Factor One, aussi appelée somatomédine C), qui joue un rôle dans la croissance des cheveux. Un petit essai comparatif randomisé a montré une augmentation significative de la croissance des cheveux après cinq mois. Les produits nutraceutiques à base de pomme contiennent des procyanidines qui peuvent augmenter la phase de croissance anagène des cheveux (c’est-à-dire la phase de production de la tige pilaire) et conduire à une densité accrue des cheveux. «Une étude comparative de l’utilisation de deux formulations d’extraits de pommes de la variété Annurca, chez 250 participants adultes atteints d’alopécie, a montré des augmentations significatives de la densité, du poids et de la teneur en kératine des cheveux dans les deux groupes à 8 semaines», indique l’étude dont les limites sont sa courte durée et l’absence de groupe de contrôle. Les glucosides totaux de la pivoine et les comprimés composés de glycyrrhizine se sont avérés être des immunomodulateurs et pourraient potentiellement avoir une certaine efficacité chez les patients atteints d’alopécie, mais une seule étude comparative du traitement chez les enfants présentant une alopécie sévère a été discutée. Alors que la carence en zinc est associée à la casse et à l’amincissement des cheveux, les études sélectionnées dans le cadre de cette revue ont donné des résultats mitigés. «Des études plus vastes et plus rigoureuses sont nécessaires pour évaluer l’association entre la supplémentation en zinc et l’alopécie», écrivent les auteurs. Certains suppléments examinés dans le cadre de cette revue se sont révélés encore moins efficaces, voire pas du tout, dans le traitement de la chute des cheveux. C’est le cas par exemple du kimchi et du cheonggukjang (des aliments coréens fabriqués à partir de légumes ou de graines de soja fermentés), de la vitamine D3 et du Forti 5, dont les preuves d’une amélioration de l’évolution de la maladie étaient toutes de faible qualité dans les études examinées. Lire aussi: Un nouveau traitement contre l'alopécie autorisé par la FDA Dans l’ensemble, les études avaient tendance à être de petite envergure. Les chercheurs ont conclu que «de robustes essais contrôlés randomisés sont nécessaires pour mieux évaluer la sécurité et l’efficacité de ces traitements». En même temps, très peu d’études ont rapporté des effets indésirables significatifs aux doses et aux fréquences des traitements utilisés. Ils ont également noté que «les résultats de cette revue systématique doivent être interprétés dans le contexte de la conception de chaque étude». Un panorama axé sur la perte de cheveux chez les hommes et les femmes, publié en 2021 dans le Cleveland Clinic Journal of Medicine, énumère une variété de conseils tant pour le diagnostic que pour les traitements de la perte de cheveux. On y lit que «le minoxidil topique [un médicament vasodilatateur et antihypertenseur initialement utilisé pour soigner l’hypertension artérielle, NDLR] et le finastéride oral sont les traitements de première intention pour la perte de cheveux masculine (et que) le minoxidil topique est le traitement de première intention pour la perte de cheveux féminine». Les auteurs ont cependant noté qu’«il existe un grand nombre d’alternatives. La détection et le traitement des comorbidités, telles que l’hyperandrogénie et les carences nutritionnelles, sont utiles pour maintenir la croissance des cheveux».

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