Les bêtabloquants en chirurgie non cardiaque : le doute plane toujours

Une vaste étude internationale a eu des résultats variables en ce qui concerne l’usage du traitement bêtabloqueur chez des patients qui subissent une chirurgie non cardiaque.Le chercheur principal, le Dr Philip Devereaux, de l’Université McMaster, à Hamilton, a déclaré qu’il était important d’étudier les traitements cardiovasculaires chez cette population, car, annuellement, plus de 100 millions d’adultes partout dans le monde subissent de telles chirurgies non cardiaques et un million d’entre eux souffrent d’événements cardiovasculaires périopératoires importants.« En dépit de l’ampleur de ce problème, il n’y a eu aucune vaste étude contrôlée et randomisée sur la prévention de ces événements », a-t-il dit, ajoutant que de petites études contrôlées et randomisées s’intéressant aux bêtabloquants en chirurgie non cardiaque avaient eu des résultats divergents.L’étude Perioperative Ischemic Evaluation (POISE) a recruté plus de 8300 patients de 23 pays entre octobre 2002 et juillet 2007. Pour être admissibles, les participants devaient avoir au moins 45 ans, subir une chirurgie non cardiaque et avoir une (ou être à risque de) maladie athérosclérotique.Les patients ont été répartis au hasard pour recevoir soit 100 mg de métoprolol per os (4174 patients), soit un placebo (4177 patients) de deux à quatre heures avant la chirurgie et pendant les 30 jours qui ont suivi.Au début de l’étude, les données sur les participants en termes d’âge, de maladies coronariennes, périphériques ou vasculaires cérébrales étaient similaires. Le principal critère d’aboutissement était un composé de décès cardiovasculaire, d’infarctus du myocarde non fatal et d’arrêt cardiaque non fatal à 30 jours.Les patients qui recevaient les bêtabloquants avaient significativement moins d’événements du principal critère d’aboutissement que les pa-tients qui recevaient le placebo : 243 événements par rapport à 290, respectivement.À l’égard des issues secondaires, les patients recevant les bêtabloquants avaient significativement moins d’infarctus du myocarde non fatals (151) que ceux sous placebo (215). Toutefois, la mortalité et les AVC étaient significativement plus fréquents chez les patients recevant les bêtabloquants comparativement à ceux du groupe placebo : il y a eu 129 décès et 41 AVC dans le groupe bêtabloquants par rapport à 97 décès et 19 AVC dans le groupe placebo.L’incidence en matière de revascularisation et de fibrillation auriculaire était significativement plus faible chez les patients sous bêta-bloquants comparativement à celle observée dans le groupe placebo, mais l’hypotension et la bradycardie étaient significativement plus élevées chez les patients sous bêta-bloquants.« Lorsqu’ils devront considérer l’usage de bêtabloquants en périopératoire, les médecins et les patients devront peser les avantages et les risques potentiels, a dit le Dr Devereaux. Cette étude a fait la démonstration que les événements cardiovasculaires sont courants, et qu’en raison du grand nombre de patients qui subissent des chirurgies non cardiaques, cela représente une charge considérable pour la société. Il y a un besoin urgent de plus d’études contrôlées, randomisées et observationnelles qui nous permettront de mieux prévenir ce problème. » Il ajoute cependant que ces résultats peuvent susciter « un manque d’enthousiasme » pour mener une telle étude.

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