L’épinéphrine réduit les admissions aux soins intensifs en cas d’anaphylaxie

Une nouvelle étude menée à l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) confirme l’efficacité de l’épinéphrine administrée prestement lors d’une réaction anaphylactique. Ses résultats, qui viennent d’être publiés dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology: In Practice, montrent que les patients ayant reçu de l’épinéphrine avant leur arrivée à l’hôpital avaient deux fois moins de risque d’être admis aux soins intensifs que ceux n’en ayant pas reçu. L’étude a porté sur 3158 patients pédiatriques qui se sont présentés à l’urgence de l’HME en raison d’une réaction allergique aiguë entre avril 2011 et novembre 2023. Parmi eux, 44% avaient reçu de l’épinéphrine avant leur admission, tandis que 56% n’avaient pas eu d’injection d’adrénaline. Les chercheurs ont adopté une méthode par score de propension pour équilibrer les groupes et contrôler les biais potentiels tels que l’âge, le sexe, l’asthme, les antécédents d’allergies, la gravité de la réaction, etc.À lire aussi: Allergies alimentaires: de nouvelles lignes directrices sur l’immunothérapie oraleRésultat: seuls 0,7% des patients ayant reçu de l’épinéphrine ont été admis aux soins intensifs, comparativement à 1,6% dans le groupe sans administration préalable (valeur de probabilité, P=.02). L’effet protecteur était significatif même après ajustement des facteurs confondants et les auteurs n’ont constaté aucune différence significative du côté des admissions dans les autres départements de l’hôpital affilié au Centre universitaire de santé McGill (CUSM).Données supplémentairesL’âge médian des patients ayant reçu de l’épinéphrine avant d’arriver à l’hôpital était de 7,3 ans comparé à 5 ans chez ceux n’en ayant pas reçu.Les patients ayant eu une injection d'EpiPenMD avant leur admission étaient plus nombreux à avoir une allergie alimentaire connue (79% contre 42,8%).Ils étaient aussi légèrement plus enclins à avoir de l’asthme (18,6% contre 13,9%) et de l’eczéma (17,1% contre 14,5%).En revanche, ils étaient moins susceptibles d’avoir reçu des antihistaminiques (41,6% contre 45,8%), mais plus susceptibles d’avoir eu des corticostéroïdes (2,2% contre 0,9%).«Cela confirme que l’utilisation de l’épinéphrine avant l’arrivée à l’hôpital réduit de façon importante les hospitalisations aux soins intensifs dans le cas de réactions anaphylactiques», souligne l’auteur principal de l’étude, le Dr Moshe Ben-Shoshan. Ajoutant que l’épinéphrine est le seul traitement efficace contre les réactions allergiques aiguës, le spécialiste en allergie et immunologie pédiatrique considère qu’«il est urgent d’améliorer l'éducation et la formation tant des patients, des parents et des professionnels des services médicaux d’urgence pour s’assurer que l’épinéphrine est administrée rapidement.»Lire aussi: La FDA approuve le premier spray nasal pour le traitement de l’anaphylaxieL’étude a également exploré l’effet des antihistaminiques pris avant l’arrivée à l’hôpital. Bien qu’utiles pour soulager certains symptômes, leur administration seule n’a pas eu d’impact significatif sur le risque d’hospitalisation.De plus, les travaux de l’équipe du Dr Ben-Shoshan ont mis en évidence que les enfants asthmatiques et ceux ayant des antécédents de réactions allergiques sévères sont particulièrement susceptibles de bénéficier d'une administration précoce de l'épinéphrine. Ces groupes présentent un risque accru de réactions graves et nécessitent une vigilance accrue, souligne l’étude.Un réflexe à adopterCes résultats pourraient inciter à revoir les protocoles de prise en charge de l’anaphylaxie. Les auteurs insistent sur la nécessité d’encourager les patients à porter un auto-injecteur (type EpiPen) en tout temps et de renforcer la formation des professionnels de santé et des services d’urgence à son administration rapide. «L’administration d’épinéphrine au bon moment peut littéralement sauver des vies», insiste le Dr Ben-Shoshan. «Ce message doit être entendu clairement par tous les acteurs du système de santé.»RéférenceKhalaf, Prosty, Ben-Shoshan et coll. Outpatient epinephrine administration reduces ICU admission rates in anaphylactic reactions: A propensity score–matched cohort. The Journal of Allergy and Clinical Immunology: In Practice. Mars 2025; 13 (3): 689-691. doi: 10.1016/j.jaip.2024.12.020

L’épinéphrine réduit les admissions aux soins intensifs en cas d’anaphylaxie

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