L’enfer du système de santé: le Dr Yves Lamontagne écorche les médecins

Il faut revoir complètement l’organisation du travail, notamment les services de première ligne. Voilà la principale recommandation du Dr Yves Lamontagne, qu’il expose dans un court essai sortant ces jours-ci en librairie et intitulé L’enfer du système de santé: des propositions pour en sortir*.L’ex président-directeur général du Collège des médecins du Québec n’y est pas tendre avec les médecins. «Ils doivent se poser des questions et trouver des solutions au lieu de se plaindre et de passer des publicités à la télévision», affirme-t-il dans une entrevue accordée au journal Métro, de Montréal (13 avril 2015).L’une des solutions, selon lui, consiste, pour les cliniques médicales d’une même région, à mieux s’organiser pour offrir un minimum de services, notamment la fin de semaine. Les médecins ont un rôle majeur à jouer dans l’organisation des services médicaux, souligne le Dr Lamontagne. Or, jusqu’à récemment, poursuit-il, « la seule chose que les médecins, autant les spécialistes que les omnipraticiens, ont défendu, c’est leur argent. On est parmi les gens les mieux payés au Québec et on vient dire qu’on n’est pas assez payés, alors qu’il y a des gens qui crèvent de faim? Il faudrait être un peu plus présents au niveau social, s’impliquer davantage dans des causes humanitaires, donner du temps gratuitement.»Revoir les conventions collectivesSa deuxième recommandation? Envisager de nouvelles façons de financer le système. Par exemple, en louant les salles d’opération et laboratoires de biochimie des hôpitaux le soir et la nuit pour des interventions du secteur privé, comme la chirurgie esthétique. Le profit généré pourrait ainsi, selon lui, être réinvesti dans l’hôpital.Troisième recommandation: revoir les conventions collectives, afin de permettre plus de souplesse et d’initiative. «Le gars qui pèle les patates n’a pas le droit présentement de donner un coup de main à la vaisselle. Cette séparation trop rigide des tâches empêche les gens d’avoir de l’initiative et ça engendre un manque de productivité.»Le Dr Lamontagne donne un autre exemple, celui de son père décédé aux soins palliatifs à l’Hôpital Notre-Dame, il y a quelques années. «Il a un jour demandé à une préposée de rapprocher son plateau de nourriture. Elle lui a répondu que ce n’était pas sa tâche et qu’il fallait demander à l’infirmière!» Au Québec, note le médecin, on compte 100 389 employés non soignants dans le réseau de la santé, pour 8 millions d’habitants. En Suède, ils sont 36 460 pour 9,4 millions d’habitants. «Pourtant, ça fonctionne très bien en Suède.»Des réserves sur le PL 20Le Dr Lamontagne dit par ailleurs émettre certaines réserves quant au projet de loi 20. La notion de quotas par médecin, selon lui, risque d’augmenter la bureaucratie, alors que le ministre veut plutôt la diminuer.Que pense-t-il des reproches adressés au ministre Barrette face à son manque de consultation? « On a beaucoup parlé par le passé, mais à un moment donné, il faut prendre des décisions. Il y a eu des consultations en commissions parlementaires sur ces projets de loi. Après, il peut y avoir des ajustements qui tiennent compte des diverses opinions. J’ai notamment l’impression que le ministre va reculer sur certains aspects du projet de loi 20», conclut le Dr Lamontagne.*Carte blanche, 9,95 $.

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