Le taux d'hospitalisation évitable est plus élevé chez les Noirs canadiens

Les taux d'hospitalisation évitable continuent d'être les plus élevés chez les personnes noires, constate Statistique Canada.Au cours des huit dernières années, le taux d'hospitalisation évitable des Noirs pour des raisons liés à des maladies comme l'asthme, le diabète ou l'hypertension est plus élevé que le reste de la population canadienne.En 2023/2024, ce taux s'élevait à près de 272 hospitalisations pour 100 000 habitants. Pour les femmes noires, il atteignait 253 hospitalisations pour 100 000 habitants.Selon Statistique Canada, les hospitalisations évitables comprennent les cas de personne âgée de moins de 75 ans, pour lesquels un accès à des soins primaires ou ambulatoires appropriés et en temps opportun aurait pu prévenir l'hospitalisation. «Les problèmes de santé potentiellement évitables comprennent le diabète, l'asthme et l'hypertension, qui sont considérés comme des mesures de l'accès à des soins de santé primaires appropriés», explique l'agence fédérale.À lire aussi: L’épinéphrine réduit les admissions aux soins intensifs en cas d’anaphylaxieChez les personnes non racisées, le taux atteint 257 pour 100 000 personnes chez les hommes et près de 226 pour 100 000 personnes chez les femmes.À l'autre bout du spectre, les Chinois sont le groupe le moins susceptible à être hospitalisé. Le taux d'hospitalisation évitable tombe à 65 pour 100 000 personnes chez les hommes et à 52 pour 100 000 personnes chez les femmes.Toutefois, ces chiffres ne comprennent pas le Québec. «Les résidents du Québec ont été exclus, car leurs données sur les hospitalisations n’étaient pas disponibles», signale Statistique Canada dans son tableau.La professeure Notisha Massaquoi de l'Université de Toronto croit que ces données démontrent que les Noirs canadiens ont plus de difficultés à obtenir des soins primaires.«C'est une population qui a subi beaucoup de racisme dans le réseau des soins de santé, lance-t-elle. Elle a moins confiance aux fournisseurs de soins de santé primaires. Quand une communauté se sent marginalisée dans un système, elle tend à l'éviter jusqu'à ce qu'il soit trop tard.»Les Noirs évitent de passer des examens de routine à cause du manque de semblables dans le réseau, avance la Pre Massaquoi avant d'ajouter que la santé des patients noirs est bien meilleure lorsqu'ils ont un fournisseur de soins primaires noirs.Des données de Statistique Canada de 2023 indiquent que 72% des Noirs canadiens ont accès à des soins de santé primaire, comparativement à 84% des Canadiens non racisés.L'Association médicale canadienne dit qu'elle ne recense pas le nombre de médecins noirs au pays. Des données publiées en 2020 par l'Academic Medicine Journal, une revue américaine, indiquaient que la proportion de médecins noirs en Ontario s'élevait à 2,3% en 2018.Si Statistique Canada ne donne pas de précision sur les causes d'une hospitalisation, Cynthia Maxwell, médecin au Women's College Hospital de Toronto, souligne que les Noirs sont touchés de manière disproportionnée par les maladies chroniques.À consulter: Les 5 erreurs de diagnostic les plus fréquentes en première ligneLa Dre Maxwell affirme aussi que les communautés noires ont un taux de mortalité des maladies graves plus élevé, notamment pour les cancers du sein et du col de l'utérus. Elle soutient que les Noires ont souvent un moins grand accès aux services de dépistage, ce qui provoque un plus grand taux de diagnostic tardif et de mortalité.Ces maladies sont souvent diagnostiquées par un fournisseur de soins de santé primaire qui peut ensuite diriger le patient vers un spécialiste.La Pre Massaquoi et la Dre Maxwell soulignent la nécessité d'avoir un plus grand nombre de cliniques visant une clientèle noire. Selon elles, les patients se sentent plus à l'aise dans un environnement où ils n'auront pas à affronter le racisme.De tels environnements peuvent aussi aider à former d'autres médecins aux besoins spécifiques des patients noirs.La Pre Massquoi rappelle que des intervenants plaident constamment pour une meilleure collecte de données sur la santé des communautés racisées.«Ce que les membres des communautés noires souhaitent observer, ce sont de nouvelles interventions conçues pour qu'on ne se contente plus des données sur les genres de traumatismes qui ne font que nous confirmer encore et encore comment les choses vont mal.»

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