Le Québec constitue un environnement peu favorable à l’innovation en santé

Malgré des investissements annuels de centaines de millions de dollars en recherche en santé, le Québec n’arrive pas à améliorer la productivité du système de santé, révèle une étude menée conjointement par Cirano et le Pôle Santé HEC Montréal. La raison, selon ces organisations, c’est que le système de santé est incapable «d’embrasser l’innovation», soit d’intégrer dans ses milieux de pratique les nouveautés qui pourraient le faire gagner en efficience à moyen ou long terme.Aucun des 26 facteurs «favorables» à l’innovation identifiés par les chercheurs ne se retrouve au-dessus de la moyenne au Québec. La tâche pour renverser la vapeur est donc «colossale», assurent les chercheurs. D’autant qu’on ne peut «esquisser un modèle d’action unique» étant donné le nombre de facteurs qui entrent en ligne de compte.Les obstacles à l’innovationSelon les recherches de Cirano, le gouvernement québécois fait peu pour améliorer la situation. Cherchant surtout à contrôler les coûts, il mise peu sur le développement d’un environnement favorable à l’innovation. De plus, il n’énonce pas clairement sa vision du système de santé ni son intention de miser sur l’innovation pour mieux répondre à la demande.Cela n'est guère mieux du côté de la réglementation, peu encline à favoriser l'efficience. Les conventions collectives, les ententes avec les fédérations et les processus de gestion et d’autorisation constituent en effet des freins à l’innovation.Même constant concernant les structures organisationnelles, qui n'incitent pas les organisations et les médecins à se responsabiliser.Enfin, les mécanismes de financement des hôpitaux, de rémunération des médecins et des cliniciens et les systèmes de données sont eux aussi peu favorables à l’innovation. Le système de santé québécois étant principalement orienté vers le contrôle des coûts, ses mécanismes freinent, voire empêchent, toute amélioration de la valeur des services, c’est-à-dire toute innovation.Pour parvenir à intégrer les innovations dans son système de santé, Québec devra faire en sorte que le système lui-même et donc les prestataires et les gestionnaires aient intérêt à améliorer son efficience, ou en soient du moins imputables.Des pistes à suivrePôle Santé HEC Montréal et Cirano ont déjà des pistes pour instaurer enfin une culture d’innovation au Québec. Lors d'une deuxième recherche sur les pays particulièrement innovateurs en santé (les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Australie et le Danemark), ils ont noté plusieurs similitudes dans leurs stratégies.Ainsi, les gouvernements «innovateurs» ont notamment mis en place un plan stratégique d’innovation et identifié des secteurs prioritaires. De plus, ils offrent des investissements pour soutenir et orienter l’innovation.Ils multiplient aussi les collaborations, ce qui permet non seulement d’accroître l’efficacité du processus d’idéation et de développement, mais aussi de réduire les risques d’investissement et de mise en marché.Ils offrent par ailleurs un suivi de toutes les étapes du cycle d’innovation dans les secteurs prioritaires, permettant la création de services en soutien à l’innovation de plus en plus spécialisés et diversifiés.Les chercheurs veulent maintenant réunir à nouveau les acteurs qu’ils ont consultés pour définir les facteurs favorables à l’innovation et discuter avec eux de ce qui pourrait concrètement être fait au Québec, en s’appuyant sur les deux rapports qu’ils viennent de publier.Les rapports Politiques favorables à l'innovation en santé et Catalyseurs et freins à l'innovation en santé au Québec ont été produits par Nadia Benomar (HEC), Joanne Castonguay (CIRANO), Marie-Hélène Jobin (HEC) et François Lespérance (CHUM). Qu’est-ce que l’innovation?Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’innovation ne se limite pas aux découvertes technologiques. Il existe en effet quatre types d’innovations:- Les innovations de produits, qui incluent à la fois les biens et services entièrement nouveaux et les améliorations importantes apportées à des produits existants.- Les innovations de procédés, qui correspondent à des changements significatifs dans les méthodes de production et de distribution.- Les innovations organisationnelles, à savoir des modifications des pratiques de l’entreprise, de l’organisation du lieu de travail ou des relations extérieures de la firme.- Les innovations de commercialisation, telles que des changements dans la conception et le conditionnement d’un produit, dans la promotion et le placement d’un produit, ou bien dans les méthodes de tarification de biens et de services.

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