Le PL67 est «une œuvre inachevée» selon l'APES

«Les pharmaciens ont une grande place dans le PL67, mais les pharmaciens d’établissement en sont absents», a regretté la directrice générale de l’Association des pharmaciens des établissements de santé (APES), Linda Vaillant, face à la Commission des institutions de l’Assemblée nationale, lors de la deuxième journée d’auditions pour le projet de loi 67. Après avoir brièvement réitéré leur soutien au Plan Santé et à ses principes, Linda Vaillant et Julie Racicot, présidente de l’APES, ont adressé «l’éléphant dans la pièce», à savoir la nécessaire reconnaissance de la spécialisation en pharmacothérapie avancée, grande absente du PL67 selon elles. «Les pharmaciens qui détiennent cette formation de deuxième cycle devraient de plus disposer d’un droit de prescription autonome afin d’augmenter l’efficience et la fluidité des soins, et de réduire les durées moyennes de séjour hospitalier», a plaidé l’APES lors de l’audition ainsi que dans son mémoire remis au législateur et publié simultanément sur son site web.Des pharmaciens à autonomie variableD’après Julie Racicot, «en 2024, il est inconcevable que ces pharmaciens titulaires d’une maîtrise en pharmacothérapie avancée doivent encore dépendre de lourdes ententes administratives et faire des partenariats pour être autorisés à prescrire.»Les ententes administratives en question sont bien sûr les ententes de pratique avancée en partenariat (EPAP), déjà évoquées la veille par l’Ordre des pharmaciens (OPQ) lors de son audition. Dans son mémoire, l’association reconnaît que ces ententes permettent aux pharmaciens d’établissement (PES) d’exercer une pratique relativement autonome, mais pointent les lourdeurs administratives inhérentes à ce modèle. «La conséquence de cette bureaucratie est le déploiement non uniforme de la pratique du PES dans le réseau de la santé et, par conséquent, une autonomie variable du PES dans la prise en charge de la pharmacothérapie des patients», alors que le gouvernement vise justement plus d’efficience via une uniformisation des pratiques cliniques dans les établissements. D’après une enquête menée par l’association, moins du tiers des établissements auraient adopté et déployé une EPAP générale. À lire aussi: «Sans nous, l’hôpital ne peut pas fonctionner»Formaliser le statut de pharmacien spécialiste permettrait de «mettre en place rapidement de nouvelles trajectoires de soins et une nouvelle organisation, d’identifier le pharmacien qui possède une compétence pour traiter des patients complexes, et de définir des paramètres pour la pratique spécialisée et en assurer le déploiement uniforme», a résumé Linda Vaillant, en prenant l’exemple du statut des infirmières praticiennes spécialisées, approuvé avant même la création d’une formation. «La maîtrise en pharmacothérapie avancée, elle, existe depuis 50 ans.»Une recommandation «cohérente» pour l'oppositionDes arguments qui, bien qu'appuyés par toutes les associations de pharmaciens et deux fédérations de médecins, ne semblent pourtant pas avoir fait mouche auprès de la présidente du Conseil du Trésor Sonia LeBel, qui a renouvelé son scepticisme à l’idée de créer un nouveau titre, qui engendrerait une complexité administrative supplémentaire selon elle. Sonia LeBel a évoqué la possibilité de passer par une attestation de formation, par un permis spécial ou de créer une EPAP pour l’ensemble de la province. «Je suis d’accord avec vous sur la nécessité d’augmenter l’accès aux soins, mais je ne vois pas en quoi la création d’un titre de spécialiste à tout prix contribuerait à la protection du public, a poursuivi la présidente du Conseil du Trésor. Ce n’est pas une fermeture ou un manque de respect envers la formation, au contraire, car je reconnais leur apport dans les trajectoires de soins critiques. Mais la réflexion doit se poursuivre sur la façon de l’atteindre.»À lire aussi: Spécialiste ou généraliste?Comme lors de l’audition de l’OPQ, les députés de l’opposition se sont montrés bien plus réceptifs aux arguments de l’APES. «Ce titre permettrait au public de mieux comprendre la différence entre un pharmacien communautaire et un pharmacien spécialiste et de mon point de vue, ça ouvre une manière efficace de faire le virage de soutien à domicile prévu par le gouvernement», a ainsi analysé la députée de La Pinière, Linda Caron (PLQ).«Si cela ajoute une complexité dans une Loi professionnelle, mais que ça ajoute des services sur le terrain et que ça facilite l’exercice pour le bien des patients, en plus d'alléger la charge administrative des médecins, il y a une cohérence dans votre recommandation», a-t-elle conclu face à des représentantes de l'APES soulagées d'avoir été entendues.

Le PL67 est «une œuvre inachevée» selon l'APES

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