Le milieu de la pharmacie applaudit la nouvelle technique

«Ça fait longtemps que le besoin existe et a été nommé», raconte Marylène Lévesque, présidente de l’Association québécoise des assistants techniques en pharmacie (AQATP). «On est vraiment content, parce qu’on en a besoin. Il manque du monde partout», ajoute Bertrand Bolduc, président de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ). Une nouvelle profession Depuis quelques années, la profession a évolué, notamment à cause des projets de lois élargissant les pouvoirs des pharmaciens et l’augmentation de leurs responsabilités. L’absence de personnel technique plus outillé mettait également une certaine pression sur les assistants techniques en pharmacie (ATP). «On est directement sur la première ligne avec le pharmacien, et on voit les impacts des changements de normes et de lois», explique Marylène Lévesque. Bien avant la pandémie, les besoins en main-d’œuvre étaient déjà criants. La nouvelle formation collégiale crée un nouveau métier et cette nouvelle catégorie de professionnels apportera, espère-t-on, un vent de fraîcheur. «On est heureux que ça voie enfin le jour. Le niveau augmente beaucoup en pharmacie, et on avait besoin de personnes avec un bagage plus élevé», souligne Mme Lévesque. Les techniciens en pharmacie auront un rôle intermédiaire qui se situera entre celui de l’ATP et du pharmacien. «Le technicien aura des connaissances avancées sur le plan de la médication, par exemple des mécanismes d’action du médicament dans le système, la façon dont ils interagissent», illustre Marylène Lévesque. Les nouveaux techniciens en pharmacie (TP) pourront offrir du support technique (rédiger des protocoles de préparation de produits stériles, gérer les difficultés d’approvisionnement, etc.), administratif (assurer la formation du personnel technique, mettre à jour les procédures, etc.), et clinique (administrer certains médicaments, collaborer au plan de mise en charge, etc.). En prenant une partie de la charge de travail des pharmaciens, les TP leur permettront de se concentrer davantage sur les services offerts aux clients. Pas une concurrence Est-ce que le nouveau programme pourrait détourner des candidatures du DEP vers la technique collégiale? Non, selon madame Lévesque. «Je pense qu’on va pouvoir aller rejoindre un autre type de clientèle étudiante, à la limite des gens qui peut-être hésiteraient à s’engager dans des études universitaires», remarque-t-elle. En effet, les étudiants voulant travailler en pharmacie avaient jusqu’à maintenant le choix entre un diplôme d’études professionnelles (DEP) de 12 mois pour devenir ATP, et un doctorat de 1er cycle en pharmacie, qui est une formation universitaire d’une durée de quatre ans. L’avènement de ce nouveau programme permettra par ailleurs de rehausser la formation du personnel en pharmacie. «On a déjà des gens de niveau technique dans les pharmacies, mais qui ont été formés “sur le tas”. On va désormais pouvoir former les techniciens au cégep et ils arriveront mieux préparés», observe M. Bolduc. L’AQATP a aussi profité de l’occasion pour réviser le programme de formation des ATP pour qu’il réponde mieux aux besoins, tant du côté des pharmacies privées que du réseau public. La formation dans plusieurs cégeps à travers la province facilitera peut-être le recrutement en région, qui est plutôt problématique pour le moment. «L’idée est qu’en formant les gens sur place, ils vont peut-être vouloir rester», croit M. Bolduc. Des fils à attacher Si les programmes au cégep sont bien avancés, quelques points techniques restent à finaliser. L’OPQ et l’AQATP ont collaboré pour rédiger les standards de pratique et les profils de compétence, mais l’échelle salariale du réseau public reste à confirmer. «Il nous manque encore la position du Conseil du trésor pour la rémunération dans le public. Ça va nous aider pour faire la promotion du programme», croit Jérémie Pouliot, directeur des études Cégep Rivière-du-Loup et porte-parole du programme à l’échelle provinciale. Et si on connaît les compétences que devront développer les futurs techniciens en pharmacie, leurs tâches exactes et leurs rôles ne sont pas encore publics. L’OPQ ne prévoit pas inclure les techniciens dans ses rangs. Dans certaines provinces au Canada, les techniciens en pharmacie sont membres de l’Ordre des pharmaciens, «mais être membre d’un Ordre vient avec des coûts, une inspection. Ce n’est pour l’instant pas dans les plans», précise Bertrand Bolduc. Le président de l’Ordre plaide pour que leurs fonctions soient déléguées par le règlement. En attendant de déterminer quelle association défendra les intérêts des nouveaux techniciens, l’AQATP représentera les techniciens et les étudiants à la technique dans la transition. Malgré ces détails techniques à régler, les nouveaux TP seront certainement accueillis à bras ouverts en pharmacie, comme en milieu hospitalier. «Je crois que les TP vont être très populaires. Il va avoir du travail pour eux», conclut M. Bolduc.

Le milieu de la pharmacie applaudit la nouvelle technique

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