La trazodone et la zopiclone ont-elles la même innocuité chez les aînés vivant en résidence?

Les personnes âgées vivant en résidence souffrent souvent de troubles du sommeil et d'agitation. Des symptômes souvent traités avec des antipsychotiques, des antidépresseurs, des benzodiazépines et des sédatifs-hypnotiques autres que les benzodiazépines. Si l'utilisation des antipsychotiques et des benzodiazépines chez les personnes âgées s’est stabilisée ou a diminué ces dernières années, l'utilisation d'autres médicaments psychotropes a en revanche augmenté. Des données de plus en plus nombreuses décrivent le risque de chutes et de fractures chez les personnes âgées qui reçoivent de la trazodone ou des sédatifs-hypnotiques autres que les benzodiazépines (par exemple, la zopiclone). Pourtant, ces médicaments continuent d'être couramment prescrits chez ces patients et on ignore leurs risques de préjudices respectifs. Une étude a donc été menée auprès de personnes âgées vivant dans des maisons de retraite afin de déterminer le risque de blessures par chute, de fractures et de décès associés à une nouvelle utilisation de chacun de ces traitements: la zopiclone et la trazodone. L'étude de cohorte rétrospective a recruté 3 002 personnes âgées (≥ 66 ans) résidant dans des maisons de retraite en Alberta entre le 1er décembre 2009 et le 31 décembre 2018, avec un suivi jusqu'au milieu de l'année 2019. Les chercheurs ont comparé le taux de chutes préjudiciables et de fractures ostéoporotiques majeures (critère principal) et de mortalité toutes causes confondues (critère secondaire) dans les 180 jours suivant la première prescription de zopiclone ou de trazodone. Parmi les participants, 1 403 ont reçu du trazodone et 1 599 de la zopiclone (âge moyen: 85,7 ans; 61,6 % de femmes; 81,2 % de personnes atteintes de démence). Les doses quotidiennes totales médianes étaient 7,5 mg de zopiclone et 25 mg de trazodone. Résultats Une nouvelle utilisation de zopiclone a été associée à des taux similaires de chutes préjudiciables et de fractures ostéoporotiques majeures (rapport de risque pondéré en fonction de l'intention de traiter 1,15, intervalle de confiance de 95 % [IC] 0,90-1,48) et de mortalité toutes causes confondues (rapport de risque pondéré en fonction de l'intention de traiter 0,96, IC de 95 %, 0,79-1,16) qu’avec une nouvelle utilisation de trazodone. Les auteurs concluent que la zopiclone est associée à un taux similaire de chutes préjudiciables, de fractures ostéoporotiques majeures et de mortalité toutes causes confondues par rapport à la trazodone. Conséquemment, un médicament ne devrait pas être utilisé à la place de l'autre, et les initiatives de déprescription dans les maisons de retraite devraient cibler la prescription inappropriée de zopiclone et de trazodone, en plus de celle d’antipsychotiques et de benzodiazépines. Les auteurs suggèrent aux maisons de retraite de: mettre en place une équipe interprofessionnelle responsable de la gestion des médicaments psychotropes, fixer des critères établissant dans quels cas les médicaments psychotropes sont appropriés former le personnel soignant à ces politiques informer et impliquer les familles et les proches-aidants dans ces initiatives. Les maisons de retraite devraient également mettre en place un processus de révision des médicaments réguliers, afin de cesser l’utilisation des médicaments potentiellement inappropriés. Des interventions non pharmacologiques devraient être mises en place afin de minimiser l'administration inappropriée de médicaments psychotropes.

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