«La santé publique est en souffrance» - Dre Ak’ingabe Guyon, médecin spécialiste en médecine préventive

Considérant le rapport dévastateur sur les services en santé publique publié ce mois-ci, la médecin spécialiste en médecine préventive, Ak’ingabe Guyon, demande à la Vérificatrice générale (VG) du Québec de se pencher sur les coupes dans ce secteur.«Il est fondamental que [Guylaine Leclerc] se penche sur la façon dont la santé publique est financée, sur la façon dont elle pourrait être rehaussée et stabilisée dans son financement et sa structure», affirme la Dre Guyon, déplorant que l’ancien gouvernement ait «brutalement coupé» en santé publique en 2015.Selon elle, ces coupes financières ont eu un impact majeur en santé publique et la VG se doit de faire «la lumière là-dessus».Le récent rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a apporté un certain éclairage sur le sujet. Le document a révélé que l’exercice d’optimisation qui devait entraîner une réduction de 30 % du budget régional de santé publique a eu des conséquences majeures: perte d’expertise, bris dans l’intégration des équipes, perte d’harmonisation dans les pratiques et le contrôle de la qualité, ainsi qu’une certaine confusion quant au rôle attendu de l’équipe-conseil.«Je retire ce constat: la santé publique est réellement en souffrance, déclare l’adjointe de clinique de l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Lorsqu’on veut un système de santé fort, il faut avoir une santé publique stable. Je n’ai pas l’impression qu’elle l’est actuellement et que les choses vont beaucoup mieux. Pourtant, il y a un impératif à redresser la situation.»La Dre Guyon rappelle que la Coalition Avenir Québec (CAQ) a promis, lors de la dernière campagne électorale l’automne dernier, d’investir en santé publique. «Est-ce que la CAQ veut prolonger l’héritage politique de l’ex-ministre Barrette? Veut-elle remplir ses promesses? Le parti a à se positionner.»Selon la médecin spécialiste en santé publique, le gouvernement devrait mandater le futur commissaire à la santé et au bien-être, qui pourrait être nommé cet été, afin qu’il se penche sur la prévention dans le système de santé.«Pas de maquillage»Si elle estime qu’il y a fort à faire en santé publique, la Dre Guyon se réjouit de la parution du rapport de l’INSPQ qui «écrit les choses telles qu’elles sont». «On ne sent pas de maquillage dans ce rapport. Il y a des constats très limpides sur l’important affaiblissement de la santé publique depuis 2015. C’est un rapport important. C’est important de laisser des traces», observe-t-elle.La Dre Guyon affirme qu’il est tout à l’honneur des auteurs d’avoir su garder leur indépendance. «Ils ont écrit ce rapport d’une façon rigoureuse avec une méthodologie très explicite », souligne-t-elle.Le document a été rédigé par les conseillers scientifiques, Léo-Roch Poirier, Marcio Gutièrrez et Louis-Philippe Vien ainsi que le médecin-conseil, Raynald Pineault, et la chef d’unité Direction de la valorisation scientifique, des communications et de la performance organisationnelle de l’INSPQ, Josée Morisset.L’INSPQ retire son rapportLa semaine dernière, seulement quelques jours après sa diffusion, le rapport n’apparaissait plus sur le site de l’INSPQ. Questionnée à ce sujet lundi, la porte-parole de l’organisme, Nathalie Labonté, a expliqué la situation: «Nous avons retiré momentanément le rapport d’évaluation en question pour satisfaire aux nouvelles règles du secrétariat du conseil du Trésor. Celui-ci veut qu’on leur dépose tout rapport d’évaluation de programme avant de les rendre publics.»Dès que cette étape sera franchie, le rapport sera remis en ligne, probablement en juillet, affirme Nathalie Labonté.Même s’il n’est plus en ligne, le document peut être consulté en cliquant sur ce lien : https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/2552_evaluation_gouvernance_programme_national_sante_publique_2015_2025.pdf

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