La rémunération des omnipraticiens maintenant dans la mire du gouvernement

Après avoir menacé les médecins spécialistes de recourir à une loi spéciale pour régler la question de la rémunération, le premier ministre François Legault adopte maintenant la même tactique avec les omnipraticiens.Dans une entrevue enregistrée pour l’émission Les Coulisses du pouvoir, à Radio-Canada, le premier ministre a dit vouloir une nouvelle entente afin de rémunérer les omnipraticiens par patient plutôt qu’à l’acte, et ce, dans le but de «responsabiliser les médecins de famille».«Ça n’a pas de bon sens que des médecins de famille, par exemple, travaillent quatre ou cinq jours par semaine et laissent les patients orphelins le soir, la fin de semaine, les laissent à l’urgence des hôpitaux», a-t-il dit dans une entrevue qui sera diffusée dimanche matin.«Il faut vraiment une nouvelle entente, un nouveau mode de rémunération, avec des médecins de famille payés par patient, plutôt que les payer par acte», a poursuivi François Legault, soulignant que si c’est nécessaire, il y aura une loi spéciale.Vendredi après-midi, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) s’est dite «abasourdie» par les propos du premier ministre. «Les négociations se déroulent sur un très bon ton. On va essayer de faire la sourde oreille à ces commentaires-là qui sont malheureux et qui relèvent plus de la joute politique», a commenté le porte-parole de la FMOQ, Jean-Pierre Dion.«Toutefois, ce qui nous atteint le plus, c’est lorsque Monsieur Legault affirme que les médecins travaillent juste 4 ou 5 jours, ne travaillent pas les soirs ni les fins de semaine. C’est complètement farfelu et blessant», poursuit Jean-Pierre Dion.Celui-ci souligne que 50 super cliniques sont ouvertes 12 heures par jour, sept jours sur sept, 300 GMF sont ouverts les soirs et les fins de semaine, 2500 médecins de famille travaillent dans les salles d’urgence ouvertes en tout temps et 35 000 à 40 000 accouchements ont lieu chaque année.«À ma connaissance, les femmes n’accouchent pas seulement du lundi au vendredi», lance le porte-parole de la FMOQ.Un dossier « éminemment complexe »La FMOQ est d’accord avec le principe de rémunérer les omnipraticiens par patient plutôt qu’à l’acte, mais ajoute qu’il y a beaucoup de points à éclaircir avant d'en arriver à une entente. Par exemple, quel sera le ratio pour la prise en charge d’une personne en CHSLD ou d’un patient vulnérable ? Comment comptabilisera-t-on un patient qui est pris en charge par plusieurs médecins en GMF ?« Il y a beaucoup de paramètres à définir. C’est éminemment complexe. On ne peut pas jeter le manuel d’acte du jour au lendemain », affirme Jean-Pierre Dion.Une entente en janvier ?Le gouvernement et la FMOQ souhaitent en venir à une entente dès le début de l’année 2020. Selon la FMOQ, les deux partis visent une entente, plus précisément, à la fin janvier ou au début de février.« La FMOQ s’est toujours entendue avec le gouvernement. Nous ne sommes pas un groupe qui fait des pressions, s’opposent, qui se bat pour chaque sou noir. Nous sommes confiant de nous entendre avec le Conseil du Trésor », termine Jean-Pierre Dion.

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