La pénurie sert de prétexte à l'inaction, dit Diane Lamarre

Invoquer à tout bout de champ la pénurie de professionnels pour justifier l'inaction irrite au plus haut point la présidente de l'Ordre des pharmaciens du Québec, Diane Lamarre. « Le mot pénurie a un effet pervers. Il sert parfois d'excuse pour ne pas s'améliorer, sous prétexte qu'on fera mieux quand il y aura plus de monde! »Or, dit-elle, c'est un leurre, car le personnel en place peut déjà contribuer à atténuer les problèmes d'usage non optimal des professionnels et des médicaments.« Avons-nous par exemple les moyens de nous priver de l'engagement clinique du pharmacien pour améliorer la performance, demande-t-elle, en sachant qu'on dépense 5 milliards $ par an en médicaments et que quart des patients n'ont pas accès à la première ligne? »Diane Lamarre s'en est expliqué au récent colloque annuel de l'Association des conseils des médecins, dentistes et pharmaciens du Québec. Tenu à Montréal vendredi dernier, il portait sur la performance et la pertinence des services médicaux.S'appuyant notamment sur l'exemple britannique, la présidente de l'OPQ a montré ce que pourrait signifier pour le Québec l'enrichissement du rôle du pharmacien:- Son intégration dans les équipes de première ligne,- La possibilité pour lui d'amorcer des thérapies dans un contexte encadré,- L'intégration de prescripteurs électroniques ouvrant la voie à la e-pharmacie.Elle croit aussi que les pharmaciens ont un certain ménage à faire dans leur propre cour. « Arrêtons par exemple d'établir une distinction trop nette entre pharmacien communautaire et pharmacien d'établissement. Il s'agit plutôt de créer une sorte de zone hybride autour de ce qu'on pourrait qualifier de «pharmacien de liaison à vocation clinique. »Là où les services des pharmaciens sont utilisés au mieux, ajoute-elle, les médecins ont plus de temps à consacrer aux nouveaux patients et aux cas plus complexes. « Il ne s'agit pas non plus de mettre trois personnes là où une seule peut faire le travail. La collaboration interdisciplinaire, réservons-la pour les cas lourds. »Diane Lamarre a rappelé deux exemples de solutions ayant donné des résultats très concrets au Québec, avec l'apport des pharmaciens, soit l'ordonnance collective de thérapie de remplacement de la nicotine et la contraception orale d'urgence (900 prescriptions en 2001, plus de 35 000 en 2008).

La pénurie sert de prétexte à l'inaction, dit Diane Lamarre

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