La joie (et la confusion) de découvrir l'autonomie professionnelle après une surspécialité

J'ai récemment eu le plaisir de rencontrer le rédacteur en chef du Medical Post, Colin Leslie, le temps d’un café lors d’un après-midi ensoleillé dans la belle ville de Victoria. Au cours de notre conversation, amusante et décontractée, il m'a demandé: «Alors, votre nouveau poste va-t-il changer radicalement votre emploi du temps et votre style de vie?» J'ai réfléchi à cette question pendant un court instant avant de répondre: «En fait, il y a déjà eu un changement drastique dans mon emploi du temps et mon style de vie entre ma résidence et mon fellowship. Mais ce qui va radicalement changer, et que j'ai du mal réaliser, c'est le changement dans mon autonomie personnelle qui découle du fait de ne plus être une étudiante en médecine.» Je pense que toute personne qui poursuit une formation de surspécialité après sa résidence mentirait si elle prétendait qu'elle n'avait pas pris en compte le mode de vie dans sa décision de prolonger ses études médicales. Cela ne fait aucun doute lorsqu'on quitte un programme de résidence très chargé en obstétrique et gynécologie pour un fellowship beaucoup plus décontracté en endocrinologie gynécologique de la reproduction et de l'infertilité (EGRI). La plupart du temps, les spécialistes en EGRI au Canada n’offrent plus de services d'obstétrique et de gynécologie générales, à moins qu'ils n’en fassent le choix. Ainsi, mes semaines de travail de plus de 100 heures, mes nuits sur appel sans sommeil et mes matinées en salle d'opération ont été remplacées, du jour au lendemain, par des journées de clinique hors hôpital qui ne durent jamais plus de huit heures, et des appels la fin de semaine qui impliquent de vivre avec mon téléphone toujours à portée de main. Ces deux dernières années, mon fellowship m'a permis de libérer beaucoup plus de temps... du temps pour moi, du temps pour redécouvrir mes passions et mes passe-temps et, surtout, du temps pour être avec mon mari et mes enfants, que j'avais négligés pendant mon internat. J'ai travaillé en tant que suppléante en obstétrique et gynécologie générale pendant les longs week-ends, les vacances et les congés, mais c'était mon choix. J'ai fait ce choix parce que je voulais commencer à m'attaquer à la montagne de dettes qu’avait générée ma formation médicale et pour maintenir mes compétences, de peur de ne pas pouvoir obtenir le poste que je souhaitais après mon fellowship. Le seul aspect qui n'a pas changé, cependant, entre ma résidence et mon fellowship (et qui était encore plus important à la faculté de médecine), c'est le manque d'autonomie et de contrôle sur ma vie et mon emploi du temps. Lorsque vous êtes un résident en médecine, «votre temps» ne vous appartient pas. La composante service de l'«apprentissage» est inhérente aux programmes de résidence et, dans mon cas, à mon fellowship. Le fait qu'un hôpital ou une clinique ne puisse pas fonctionner efficacement sans les services médicaux fournis par les résidents signifie qu'il faut remplir votre emploi du temps en laissant de côté les autres choses que vous pouvez avoir à faire dans la vie. Le milieu médical est également solidement construit sur la base du principe suivant: «c'est comme ça que ça a toujours été fait». Une telle fondation ne laisse que très peu de place aux changements dans pratiquement tous les aspects de la formation médicale. En tant que jeune interne, vous apprenez simplement à faire face – rater le récital de danse de vos enfants parce que vous avez un rendez-vous fait partie de la vie d'un étudiant en médecine. Lorsque vous gagnez de l’expérience, vous défendez peut-être un peu plus votre cause; vous négociez avec vos collègues pour changer d'équipe ou vous demandez à quelqu'un de vous remplacer, si vous l’osez. Mais, dans l'ensemble, cela ne soulage pas trop la pression, car tout le monde est surmené, fatigué et a sa propre vie à mener. Lorsque les horaires sont établis par blocs de quatre semaines, et que vous ne pouvez demander qu'un week-end et deux soirs de semaine de congé par bloc... vous finissez par devoir évaluer la priorité de chaque chose dans votre vie personnelle. Après avoir beaucoup débattu et plaidé ma cause dans le cadre d'un programme de bourses peu flexible, je vais effectuer les deux derniers mois de mon fellowship en formation facultative à Vancouver - un choix sur lequel j'ai insisté puisque ma famille a déjà déménagé à Victoria en prévision de mon entrée en fonction à mon nouveau poste en janvier prochain. Les deux derniers mois de mon programme se dérouleront dans une clinique affiliée à celle dont je ferai bientôt partie. Ainsi, cela a été structuré autant comme une formation, une familiarisation, qu’une «installation» dans la clinique, dans les limites des objectifs de formation fixés par mon programme d'origine. Par ailleurs, j'ai été ébahie et sans voix lorsque j'ai commencé à recevoir des courriels du directeur de la clinique et du responsable des horaires, qui me posaient des questions telles que: - Quel type d'ordinateur voulez-vous? (J'ai le choix de l'ordinateur? Vous voulez dire Mac ou PC? Oh, vous voulez dire n'importe quel modèle? Je le choisis et il est commandé? OK.) - À quelle heure voulez-vous commencer et terminer vos journées de clinique? (C'est moi qui choisis? Que font les autres? Ils font leur propre horaire? Euh. Eh bien, c'est une décision difficile...) - Combien de temps voulez-vous pour le lunch? (Le dîner? Vous voulez dire une pause? Je peux choisir l'heure à laquelle je vais manger? C'est également une décision difficile, principalement parce que cela fait au moins sept ans que l’heure de lunch ne fait plus partie de ma vie). - Combien de temps voulez-vous prévoir pour vos nouveaux patients et pour les suivis? (Je dois dire que je n'ai jamais réfléchi à cette question... puisque je fais juste ce que le personnel soignant fait. Et maintenant, je suis le personnel... et là c'est moi qui décide? J'ai besoin de plus de temps...) La semaine dernière, lorsque j'ai complété mon deuxième examen du Collège royal, j'étais folle de joie à l'idée d'avoir plus d'autonomie sur mon temps libre lorsque ma formation sera terminée. Mais depuis que j'ai reçu cette avalanche de courriels de planification, je commence à réaliser que l'autonomie qui découle du fait d'être un membre du personnel médical plutôt qu'une résidente est plus vaste que je ne l'aurais jamais imaginé. La vérité est que j'ai passé tellement de temps à me faire dire quoi faire, quand le faire et comment le faire, que lorsqu'on me donne la possibilité de prendre toutes ces décisions par moi-même, je me sens paralysée! Cette soudaine indépendance dans la gestion de mon mode de vie et des aspects quotidiens de ma carrière m'a fait me demander pourquoi priver les étudiants adultes de cette autonomie tout au long de leur formation médicale. Dans ma vie de médecin salariée, j'encouragerai mes propres étudiants à cultiver un niveau plus élevé d'autonomie personnelle et professionnelle. À mon avis, les objectifs de la formation médicale et les exigences de la pratique ne sont pas les seuls aspects importants dans la vie des étudiants. La façon dont ils gèrent leur vie en dehors de la médecine, leur temps personnel et leurs préférences dans le cadre de leur pratique sont sans doute tout aussi importants dans le contexte global d’une formation médicale.

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Ginevra Mills

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