La fumée des feux de 2023 a fait plus de 80 000 morts dans le monde, dit une étude

Selon une nouvelle étude, la fumée des incendies de forêt records du Canada en 2023 a causé environ 5400 décès à court terme et environ 82 100 décès à long terme dans le monde.L'étude, publiée dans la revue à comité de lecture Nature, reconnaît certaines variations dans les estimations de mortalité selon les méthodes utilisées, mais conclut globalement que la fumée a entraîné un fardeau sanitaire «énorme et considérable».Le coauteur canadien Michael Brauer affirme que ces résultats constituent un «signal d'alarme» pour les régions qui n'ont généralement pas été exposées de manière répétée ou prolongée à la fumée des feux de forêt.Les impacts sur la santé ne feront qu'augmenter avec l'aggravation des changements climatiques, affirme-t-il, et leur compréhension est essentielle pour gérer les risques et protéger les populations.À lire aussi: De plus en plus de non-fumeurs atteints d'un cancer du poumon«Même s'il est possible d'améliorer la gestion des forêts et la lutte contre les incendies, nous aurons toujours beaucoup de fumée», évalue M. Brauer, professeur à l'École de santé publique et des populations de l'Université de la Colombie-Britannique.«Nous devons donc apprendre à vivre avec, et je crois que nous pouvons vivre avec.»L'équipe de recherche internationale a utilisé plusieurs modèles informatiques et sources de données pour estimer le nombre de décès attribuables à la pollution aux particules fines, aussi connues sous le nom de PM2,5, lors de la pire saison des incendies de forêt jamais enregistrée au Canada. L'étude indique que, sur l'estimation de 82 100 décès à long terme dus à une exposition continue à la fumée sur plusieurs mois, 64 300 sont survenus en Amérique du Nord et en Europe, incluant 33 000 aux États-Unis et 8300 au Canada.Ce chiffre global représente 0,9% du total des décès liés aux PM2,5 dans le monde en 2023.Interactions avec d'autres facteursM. Brauer affirme que ces décès à long terme sont le résultat des effets chroniques de la fumée des feux de forêt, qui interagissent avec des facteurs de risque et des affections préexistants, comme les maladies cardiaques ou pulmonaires, et peuvent contribuer à raccourcir l'espérance de vie.«Il s'agit en quelque sorte d'une lente accumulation de l'exposition à la pollution», explique le chercheur, dont les coauteurs étaient installés en Chine et aux États-Unis.La période comprise entre le 26 juin et le 7 juillet 2023 a été particulièrement enfumée, causant environ 5400 décès à court terme aux États-Unis et au Canada, selon l'article.À consulter: Au-delà des poumons, les vastes impacts méconnus de la fumée des feux de forêtL'étude montre que les impacts à long terme étaient bien plus importants que les effets à court terme, précise le chercheur canadien, faisant référence à l'augmentation des envois d'ambulances, des visites aux urgences et des hospitalisations qui surviennent pendant ou peu après un épisode de fumée.C'est une découverte importante, ajoute-t-il, car les saisons de feux de forêt graves deviennent plus fréquentes avec le changement climatique.«Avec le réchauffement climatique, nous constatons que des saisons de feux de forêt records – ou proches de records – se répètent chaque été, précise-t-il. Cela va contribuer à une augmentation du nombre de décès prématurés.»Bien que la fumée des feux dans les vastes forêts canadiennes ait eu des répercussions sur la santé sur tous les continents, M. Brauer affirme que les émissions de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique et de ses conséquences, notamment de graves feux de forêt, constituent un problème mondial.La saison des incendies de 2023 a battu des records, avec plus de 6000 incendies ravageant 150 000 kilomètres carrés, selon Ressources naturelles Canada, tandis que cette année est la deuxième pire saison jamais enregistrée, avec plus de 83 000 kilomètres carrés brûlés.Des impacts jusqu'en EuropeL'étude indique que les feux de forêt au Canada ont représenté 13% de l'exposition mondiale aux particules fines liées aux feux de forêt en 2023, mais les incendies canadiens ont eu un impact démesuré, la fumée se propageant en Amérique du Nord et en Europe occidentale.La fumée qui a atteint certaines régions d'Europe n'était pas très concentrée, mais elle a touché des zones à forte densité de population, explique Michael Brauer.Les chercheurs ont identifié des «jours de fumée au Canada» durant lesquels les concentrations moyennes quotidiennes de PM2,5 dépassaient les recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé, et les incendies canadiens représentaient au moins la moitié de la concentration moyenne sur 24 heures.Selon ces critères, l'étude a révélé que 354 millions de personnes en Amérique du Nord et en Europe ont été exposées à au moins un jour de fumée canadienne en 2023.Au Canada, l'étude indique que 98% de la population a connu une telle journée, avec une moyenne de 27,1 jours de fumée par personne.Aux États-Unis, ce chiffre était de 267 millions de personnes. En Europe, il était de 47,7 millions, un chiffre supérieur à la population canadienne, précise l'étude.Toujours selon l'étude, les points chauds en matière de fumée au Canada comprenaient la région de la Baie-James au Québec et de vastes zones de l'Alberta, de la Saskatchewan et des Territoires du Nord-Ouest.Au sud de la frontière, l'étude indique que la fumée s'étendait sur de vastes zones des Rocheuses, du Midwest, de la vallée de l'Ohio et du nord-est des États-Unis.En Europe, elle a été particulièrement ressentie en Espagne, en Italie et en France.M. Brauer affirme que l'impact croissant sur la santé exige des autorités qu'elles envisagent des mesures et des messages de santé publique pour protéger la population lors des épisodes de fumée.«Alors, que faire face à ces prévisions? Devrions-nous envisager des changements aux colonies de vacances, aux concerts ou aux événements sportifs? Devons-nous fournir un filtre à air à toutes les personnes souffrant de maladies cardiaques ou pulmonaires préexistantes? demande le chercheur. Il y a encore beaucoup à faire pour améliorer la réponse.»L'article publié mercredi fait référence à des recherches antérieures examinant les impacts sanitaires de la pollution liée aux feux de forêt dans d'autres régions du monde considérées comme des «points chauds».Selon une étude récente, chaque année, 384 600 personnes sont décédées en Afrique subsaharienne, 144 300 en Asie du Sud-Est et 79 300 en Amérique latine et dans les Caraïbes, à cause de la fumée chronique des feux de forêt entre 2000 et 2019.L'étude conclut que «d'autres études épidémiologiques bien conçues sur ce sujet sont nécessaires de toute urgence» pour affiner la compréhension des chercheurs concernant les impacts sanitaires de la fumée des feux de forêt par rapport à d'autres types de pollution atmosphérique.Référence:Zhang, Q., Wang, Y., Xiao, Q. et coll. Long-range PM2.5 pollution and health impacts from the 2023 Canadian wildfires. Nature (2025). https://doi.org/10.1038/s41586-025-09482-1

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