Inquiétude quant aux soins et services permettant l'autonomie des aînés

Le Réseau FADOQ nourrit quelques inquiétudes quant aux effets de la réforme de la santé sur le maintien de l’autonomie des personnes âgées. La certification d’une résidence privée, par exemple, joue un rôle majeur pour rehausser la sécurité et la qualité des services offerts aux aînés. Or, la Loi 10 vient de porter à quatre ans la durée de validité de la certification, qui était jusqu’à récemment fixée à 3 ans.«Quatre ans, c’est long. Il peut se passer bien des choses pendant ce temps-là», indique à Profession Santé Danis Prud’homme, directeur général du Réseau FADOQ. Il précise que son organisme travaille depuis 1998 à améliorer la qualité de vie en résidence.La Loi 10 abolit par ailleurs les agences de santé, qui se chargeaient de la certification. Qui va s’en occuper désormais? Les CISSS/CIUSS? «Pas clair, personne ne le sait. Non seulement on augmente la durée de certification, mais on abolit l’instance chargée de s’occuper… de certification! » s’exclame-t-il.La FADOQ siège au comité ministériel sur la certification. «Le ministre Barrette a agi sans tenir compte de l’existence de ce comité, sans parler à un comité qu’il avait pourtant créé à cet effet!» Et puis, en centralisant les décisions dans des superstructures, poursuit-il, on s’éloigne de plus en plus du patient. Sans compter que la coordination elle-même des soins et services ne cesse de se distancer aussi du terrain, du plan local.Les CHSLDEt qu’en est-il des CHSLD? Au Québec, 4000 personnes sont en attente d’une place dans ces institutions. Celles-ci hébergent en ce moment 37 000 personnes et le gouvernement vient d’abolir 1000 places dans les six derniers mois. «Non seulement on ne crée pas de nouvelles places pour les gens en attente, mais en plus, on en abolit. L’État se désengage pour laisser la place aux résidences privées, qui offrent des services comme si elles étaient des CHSLD, mais sans être certifiées à cet effet.» Danis Prud’homme relève un inquiétant glissement vers la privatisation des soins aux aînés en perte d’autonomie.Autre sujet préoccupant, dit-il, le changement de critère pour avoir accès à un CHSLD. Il faut désormais requérir 3 heures de soins/jour, contre 1,2 heure auparavant. «Tout cela nuit à la qualité des soins. Si l’on ajoute les effets des coupures dans les CHSLD et le fait que les gens du réseau sont désormais minutés, je ne vois pas comment on peut continuer à traiter les patients dignement.»Milieux de vieTôt ou tard, l’État devra intervenir dans le domaine des soins de longue durée, pour en faciliter l’accès, estime M. Prud’homme. Et il peut le faire entre autres en favorisant le soutien à domicile. Il rappelle qu’en règle générale, les aînés sont autonomes, et que c’est à partir de 75 ans qu’un nombre important d’entre eux souffre d’incapacités réduisant leur autonomie.Le directeur général du Réseau FADOQ estime que les médecins, notamment, devraient pousser fort pour un changement de vision à l’égard des CHSLD. «Arrêtons de voir ces institutions comme des mouroirs, comme des lieux où l’on stationne les gens avant de mourir. Certains sont organisés comme de véritables milieux de vie.»Changer le regard aidera, selon lui, à traiter les ainés plus humainement, à leur offrir des soins et services plus humains. Précisons par ailleurs qu’un Québécois de plus de 65 ans sur deux gagne moins de 20 000 $ et que 5% d’entre eux reçoivent le supplément de revenu garanti.Le Réseau FADOQ dénonce notamment le manque de vision qui conduit à réduire la diversité de l’offre d’hébergement. D’autant plus incompréhensible, selon Danis Prud'homme, au regard des deux raisons suivantes. D’abord, parce que s’accroît la population aînée nécessitant des services; ensuite, à cause de la situation économique précaire d’un nombre important d’aînés pour lesquels les grandes résidences à but lucratif ne pourront offrir de services. «Il y a là un coût social et économique que l’État devra gérer tôt ou tard.»Au Québec, conclut Danis Prud'homme, le budget de la santé va pour 80% à l’hôpital, les soins à domicile ne recevant pas leur juste part. «Dans les pays qui font bien les choses, la pyramide est inversée. Améliorons les services de maintien à domicile, ça urge!»

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