Inhalation, par voie orale ou intranasale: les vaccins COVID-19 sans aiguille ont le vent en poupe

Les vaccins muqueux contre la COVID-19, qui sont administrés par inhalation, par voie orale ou par voie intranasale, se rapprochent de la réalité. Selon Shelly Bolotin, PhD, directrice du Centre for Vaccine Preventable Diseases de l'Université de Toronto, il existe littéralement des dizaines de candidats vaccins muqueux potentiels en cours d'étude, utilisant une variété de plateformes. Si certains d'entre eux ont déjà fait l'objet d'essais sur l'homme, ce n'est pas le cas pour beaucoup d'autres. Quatre pays, la Chine, l'Inde, la Russie et l'Iran, les ont déjà approuvés ou provisoirement approuvés. Dans une entrevue, la Dre Bolotin a donné un aperçu de ce qui se passe dans le monde des vaccins muqueux et des raisons de l'engouement qu'ils suscitent. Tout d'abord, les vaccins muqueux sont intéressants parce qu'ils peuvent susciter une forte réponse IgA et qu'ils peuvent mieux produire une immunité stérilisante contre la maladie que les vaccins intramusculaires. Les vaccins ARNm administrés par voie intramusculaire provoquent une réponse immunitaire systémique qui comprend essentiellement des anticorps IgG, ainsi qu'une immunité cellulaire par l'intermédiaire de cellules telles que les cellules B et les cellules T. Cependant, ils n'offrent qu'une immunité limitée au niveau des muqueuses - et les muqueuses des voies respiratoires supérieures sont le premier endroit où le virus du SRAS-CoV-2 se rend. L'idéal serait de renforcer la capacité de la muqueuse en tant que barrière immunologique pour protéger contre l'infection. Une forte réponse IgA provenant d'un vaccin muqueux peut contribuer à la protection contre les percées infectieuses du SRAS-CoV-2 en fournissant une forte immunité localisée. L'idée est qu'un vaccin inhalé ou intranasal prévient l'infection au point d'entrée avant qu'elle n'ait une chance de se répliquer et de se propager dans l'organisme. «Cela se produit grâce aux IgA présentes dans la muqueuse et à l'immunité cellulaire locale de la muqueuse. Il s'agit de cellules B et T qui vivent en périphérie, dans des endroits tels que les poumons, et qui ne circulent pas dans le sang.» En outre, il est prouvé que certains vaccins muqueux peuvent renforcer l'immunité systémique, telle que les IgG, qui est initialement créée par la vaccination traditionnelle - ce qui en fait de bons candidats pour le rappel. Un autre avantage, bien sûr, est que les vaccins muqueux offriraient une alternative aux patients qui ne supportent pas les aiguilles. Il y a aussi d'autres avantages. «Certains vaccins pour les muqueuses se sont révélés, lors d'études animales, avoir une neutralisation croisée, ce qui signifie qu'ils produisent une réponse immunitaire contre plus d'une souche ou lignée de SRAS-CoV-2. Cela pourrait signifier que ces vaccins seraient plus durables que les vaccins à ARNm lorsque de nouveaux variants préoccupants sont introduits», a-t-elle signalé. Diverses plateformes ou types de vaccins sont étudiés dans des laboratoires du monde entier, notamment des vaccins à vecteur viral, des vaccins vivants atténués, des vaccins à ADN et à ARN, et bien d'autres encore. Un important coup de pouce de 5 milliards de dollars a été donné à la recherche sur les vaccins, avec une impulsion pour explorer et développer de nouvelles plateformes par le biais du projet NextGen des États-Unis - la suite de l'opération Warp Speed du gouvernement américain. Il s'agit d'un partenariat public-privé qui vise à rationaliser et à accélérer la recherche sur de nouvelles plateformes afin de mettre au point de meilleurs vaccins, dont certains peuvent offrir une immunité stérilisante. Les vaccins pour les muqueuses sont présentés comme un domaine d'intérêt pour le développement de vaccins sur le site web du ministère américain de la santé et des services sociaux. Un résumé d'un atelier organisé en novembre 2022 sur les vaccins muqueux contre le SRAS-CoV-2, publié dans Nature, indique qu'il existait alors cinq vaccins muqueux contre le SRAS-CoV-2 dont l'utilisation était autorisée ou enregistrés en vue d'un examen par un organisme de réglementation (mais pas aux États-Unis, au Canada ou en Europe), ou qui avaient reçu une liste d'utilisation d'urgence de la part de l'OMS. Elle a indiqué que 16 autres étaient en cours de développement clinique et qu'au moins 44 étaient en cours de développement préclinique. En outre, diverses méthodes d'administration sont étudiées, notamment les gouttes nasales et orales, les pulvérisateurs (aérosols), les inhalateurs, l'administration par nébulisation et l'administration sous forme de comprimés par voie orale. Le document de l'atelier explique que les différentes parties des voies respiratoires diffèrent en termes de composition des composants immunitaires, ce qui peut affecter la composition d'un vaccin muqueux et la manière dont il est administré. En ce qui concerne les vaccins muqueux contre le SRAS-CoV-2, ils ont été testés et étudiés «principalement pour renforcer l'immunité, plutôt que pour une série primaire de vaccins. Cela signifie que les personnes qui y ont accès doivent d'abord être vaccinées par voie intramusculaire», a expliqué la Dre Bolotin. Le Canada est actif dans ce domaine. Par exemple, des chercheurs de l'Université McMaster ont annoncé qu'un vaccin inhalé contre la COVID-19 entrait dans la phase 2 des essais cliniques. Dans un avenir proche, des chercheurs de l'Université de Toronto espèrent lancer un essai clinique de phase I sur un vaccin muqueux de rappel SRAS-CoV-2 basé sur le virus de la maladie de Newcastle, a ajouté la Dre Bolotin. Plusieurs vaccins muqueux pour d'autres pathologies sont déjà utilisés au Canada, pour certains patients, comme pour le rotavirus et la grippe avec les vaccins vivants atténués contre le virus de la grippe. Cette approche est également à l'étude pour d'autres vaccins contre la grippe et d'autres maladies respiratoires telles que le VRS. Des versions sont également à l'étude pour d'autres maladies telles que la tuberculose, l'Ebola, le VIH et d'autres encore. Chaque maladie présente sa propre série de défis lorsqu'il s'agit de s'en protéger. Un aperçu des vaccins muqueux, publié dans Current Opinion in Immunology par des chercheurs de l'Université McMaster, indique que «les stratégies de vaccination qui génèrent une mémoire immunitaire adaptative et innée au niveau de la muqueuse respiratoire peuvent constituer une approche viable pour lutter non seulement contre les infections endémiques actuelles, mais aussi servir de base au développement de vaccins contre les futures infections respiratoires pandémiques». Ainsi, la volonté de créer de nouvelles plateformes vaccinales pour lutter contre le COVID-19 pourrait contribuer à la lutte contre un nombre beaucoup plus important de maladies, en particulier les maladies respiratoires. Parmi les rapports sur les vaccins muqueux approuvés en Inde et en Chine, les deux concernent la COVID-19. Le vaccin indien, iNCOVACC, se présente sous la forme de gouttes nasales et est désormais proposé à la fois comme vaccin primaire et comme vaccin de rappel, tandis que la Chine propose un vaccin inhalé, Convidecia Air. Ces vaccins ne sont pas approuvés en Amérique du Nord. Au Canada également, les chercheurs étudient différents vecteurs à utiliser dans les vaccins muqueux, ainsi que des adjuvants et d'autres composants. Par ailleurs, dans le domaine vétérinaire, des vaccins muqueux sont étudiés pour diverses maladies animales, ainsi que des vaccins muqueux pour des poissons. Santé Canada n'examine actuellement aucune demande concernant des vaccins muqueux.

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