Infertilité: la protéine SF-1 identifiée dans la formation de la réserve ovarienne

Toutes les femmes ne naissent pas égales face à l’infertilité, et des scientifiques ont découvert que le facteur stéroïdogène 1 (protéine SF-1) pourrait être en cause. En effet, l'équipe de chercheurs a observé une perte de trois quarts des ovules, ainsi qu’une diminution conséquente de la taille des ovaires chez des souris génétiquement modifiées, dont les ovaires prénataux ont été appauvris en SF-1. L’absence de ce dernier a provoqué chez elles la mort de plus d’ovules et des dysfonctionnements des follicules. L’étude, parue dans Proceedings of the National Academy of Sciences, conclut que SF-1 joue un rôle majeur dans la formation initiale de la réserve de follicules ovariens, dont le nombre «prédit la fertilité pour le reste de la vie et l’âge de la ménopause», explique Bruce Murphy, chercheur au Centre de recherche en reproduction et fertilité de l’Université de Montréal. Hausse de l’infertilité Bruce Murphy, à la tête de l’équipe de recherche, espère que mieux comprendre comment se forme la réserve ovarienne permettra de trouver des solutions pour les femmes atteintes d’infertilité précoce, soit avant l’âge de 40 ans, et de lutter contre le vieillissement ovarien. Ce phénomène se caractérise par le remplacement du tissu ovarien par du collagène et des protéines fibreuses «causant la rigidification de l’ovaire, qui devient non-ovulatoire», explique le chercheur. La réserve ovarienne se forme lors du développement fœtal et est non-renouvelable. Elle comprend entre 1 et 2 millions d’ovocytes à la naissance, mais seuls 400 ovules deviendront potentiellement fertiles. Entre 10 à 15% des couples au Canada sont infertiles, indique l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec, et les dysfonctionnements ovariens expliqueraient 40% des cas d’infertilité. «Il y plusieurs défis environnementaux et la pollution qui peuvent poser des problèmes d’infertilité», indique M. Murphy. Bien que les souris et les humains soient deux mammifères différents, ils partagent une similarité dans l’expression de la protéine SF-1: dans les deux cas, elle entre en action avant la formation de la réserve ovarienne. «Nous pouvons voir une bonne corrélation entre l’expression du modèle génétique et la formation des follicules» chez les deux espèces, estime Bruce Murphy. Vers des traitements SF-1 fait partie de la famille des récepteurs nucléaires. Lorsqu’elles sont activées, ces protéines permettent le passage des signaux hormonaux dans les cellules, ce qui leur permet de moduler l’expression des gènes. Si on connaît le fonctionnement d’autres récepteurs, comme celui des œstrogènes, on ignore encore quel est l’activateur de SF-1. Selon Bruce Murphy, il s’agit de la pièce manquante du casse-tête qu’il faut trouver pour continuer à avancer vers de possibles solutions thérapeutiques. «Des personnes travaillent à découvrir quels types de ligands artificiels pourraient être utilisés pour activer ou désactiver SF-1», explique-t-il. Les mécanismes d’action de SF-1 sur le développement des follicules demeurent également mystérieux. «C’est une boîte noire», reconnaît le chercheur, qui indique y avoir passé beaucoup de temps avec son équipe. «Il semble que SF-1 soit impliqué non pas tant dans le développement de l'ovocyte lui-même que dans celui des cellules qui entourent l'ovocyte et constituent le follicule ovarien», appelées les cellules de la granulosa, explique-t-il. Le chercheur est convaincu que SF-1 pourrait devenir une cible thérapeutique à l’avenir, une fois ces questions résolues. «Nous sommes dans un moment d’explosion de la technologie. Il y a tellement de choses que nous pouvons maintenant faire, et que nous n’aurions jamais pu réaliser auparavant, pour comprendre quel gène s’exprime, à quel moment, sur quel tissu», indique-t-il.

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