Stimulation ovarienne: des médecins prescrivent sans formation, s'inquiète le CMQ

Le quart des médecins prescripteurs de médicaments injectables utilisés pour la stimulation ovarienne (MSO) ne serait pas formé pour le faire, s’inquiète le Collège des médecins du Québec (CMQ), qui vient de publier un rapport sur l’utilisation de ces médicaments chez les personnes couvertes par le régime public d'assurance médicaments.L’étude, qui s’attarde aux données de 2015, démontre que 45 prescripteurs de MSO injectables proviennent de spécialités qui ne comportent pas de formation initiale spécifique en la matière. Parmi eux, vingt sont des médecins de famille.« Il est permis de s’interroger sur les habiletés, les compétences acquises et l’engagement thérapeutique de ces médecins à appliquer les recommandations rigoureuses de suivi, entre autres », indique le groupe de travail du CMQ.« Le médecin qui prescrit des agents injectables doit être formé et compétent dans le domaine de la médecine reproductive et doit appliquer les normes de surveillance et de suivi, compte tenu des risques associés à ce type de traitement », poursuit le groupe de travail dans le rapport.Les experts nuancent toutefois en notant que le nombre de ordonnances de MSO injectables délivrées par ces prescripteurs représente moins de 1 % de l'ensemble des ordonnances pour cette classe de médicaments.L'analyse des profils de rédaction d'ordonnances de ces médecins révèle qu'il s’agissait de nouvelles ordonnances dans 75 % des cas.« Nous nous interrogeons sur les compétences qui permettent au médecin d’amorcer ces traitements relevant d’un domaine de pratique qui apparait être hors de son secteur d’activités », indique le Collège.Pour «rendre service»Le Collège soulève certaines hypothèses pour expliquer les ordonnances « discutables » de MSO injectable prescrites par ces médecins.Ceux-ci pourraient avoir délivré une ordonnance afin de soigner un proche ou afin de « rendre service ». Il pourrait également l’avoir fait pour prolonger une ordonnance d’un collègue, dans un contexte de plan thérapeutique de procréation médicale assistée (PMA), suggère l’ordre professionnel.De plus, des médecins pourraient avoir acquis des compétences et des connaissances en médecine reproductive dans le cadre d'un programme de formation offert à l’extérieur du Québec, sans que le Collège n'en soit informé. Il est également possible que le numéro de permis de certains médecins ait été attribué par erreur à un autre prescripteur lors de la transmission des informations à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).Femmes âgéesPar ailleurs, chez les femmes âgées de 43 ans et plus qui recevaient des médicaments pour la stimulation ovarienne, près de 21 % des ordonnances ont été émises par des médecins prescripteurs qui n’œuvraient pas dans des milieux d’expertise ou spécialisé, ce qui peut soulever des questions, affirme le Collège.Selon le groupe de travail, ces patientes auraient dû être dirigées dans un milieu spécialisé (niveau 3) en vue de confirmer leur infertilité et entreprendre le traitement spécialisé.En fait, lorsque la femme est âgée de plus de 40 ans et que toutes les conditions favorables sont réunies, la fécondation in vitro doit être envisagée rapidement, car c’est la méthode qui offre le meilleur pronostic de naissance vivante, selon le CMQ. Pour les femmes de 43 ans et plus, le don d’ovule ou d’embryon devient le traitement de choix.Statistiques intéressantes pour l'année 201518 423 ordonnances de médicaments pour la stimulation ovarienne;73 % étaient des agents injectables, comparativement à 27 % pour les agents oraux;61 % des médecins qui pratiquent les traitements par MSO injectable sont des obstétriciens-gynécologues et des endocrinologues gynécologues de la reproduction et de l'infertilité;96 % des patientes traitées par MSO étaient âgées de moins de 43 ans.* La période de l’étude se situe durant l’année où le programme de gratuité des soins de procréation médicale assistée était toujours en place. Notons également que les chiffres du rapport concernent seulement les personnes couvertes par le régime public d’assurance médicaments, qui représente environ 40 % des Québécois.

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