Infectiologie: un premier laboratoire de niveau de confinement 3 voit le jour au Québec

L’initiateur du Laboratoire de confinement de niveau 3 du CHU de Québec, le microbiologiste-infectiologue Guy Boivin.Le premier laboratoire de niveau de confinement 3 (NC3) en infectiologie du Québec a été inauguré vendredi dernier. Aménagé à l’intérieur du CHUL de Québec, il n’attend plus que la certification finale de l’Agence de santé publique du Canada pour amorcer ses opérations, ce qui devrait se faire, espère-t-on, d’ici le printemps.L’annonce de la mise en service prochaine de ce laboratoire de niveau 3 dans la Capitale-Nationale alors que vient d’apparaître le coronavirus en Asie est un pur hasard, a indiqué l’initiateur du projet, le microbiologiste-infectiologue, le Dr Guy Boivin. Cette inauguration était en préparation depuis deux mois. La crise chinoise démontre toutefois l’utilité d’un tel équipement même s’il se trouve à des milliers de kilomètres du foyer et de la souche.Mesures de sécurité Ce tout premier NC3 québécois sera uniquement consacré à la recherche. On n’y fera pas de surveillance ni de diagnostics. Il aura deux missions: manipuler de façon sécuritaire des micro-organismes dangereux ou émergents transmis par voie respiratoire et mettre au point et évaluer des tests diagnostiques, des traitements et des vaccins.Les agents exigeant un niveau de confinement 3 qui y seront manipulés et étudiés sont particulièrement redoutables. Les chercheurs vont scruter l’influenza aviaire hautement pathogène, le nouveau coronavirus 2019-nCoV, le SRAS, le MERS, des arbovirus (dengue, fièvre jaune) et des bactéries comme celles de la peste, de la tuberculose et de la tularémie, une maladie animale qui peut se transmettre à l’humain.En raison de la dangerosité élevée des agents étudiés, il y a une menace pour le chercheur en laboratoire, ainsi qu’un risque de propagation dans la collectivité. Pour ces motifs, les critères de sécurité sont extrêmement élevés. On ne parvient à l’intérieur de cette enclave qu’après avoir franchi un sas doté d’un système de code d’accès et de quatre portes. Les agents pathogènes sont manipulés dans une hotte située dans une enceinte à pression négative, et le port d’un équipement de protection individuel est obligatoire pour tous ceux qui y entrent.Les seuls agents sur lesquels on ne pourra travailler à Québec sont les virus Ebola et autres fièvres hémorragiques, qui exigent un niveau de confinement 4.Le médecin derrière ce laboratoireLe Dr Guy Boivin souligne que les effets positifs de la création de ce NC3 dans la Capitale-Nationale seront très nombreux. Ce premier NC3 au Québec a été aménagé au coût de 1,8 M$.«Nous étions limités au niveau des expériences que nous pouvions mener, a-t-il expliqué en entrevue à Professionsante.ca. Nous devions faire des demandes auprès du Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg. Ça coûtait cher et ça prenait des mois. Or, c’est important pour les chercheurs d’avoir une réponse rapide quand il y a une épidémie ou une pandémie. Maintenant, avec ce NC3 à Québec, nous aurons plus de flexibilité.»Selon lui, ce laboratoire va permettre au Québec de «passer dans les ligues majeures» en infectiologie, d’attirer des chercheurs de haut niveau du monde entier et d’obtenir des contrats avec des biopharmaceutiques. La société québécoise Medicago serait intéressée à y tester ses vaccins contre des pathogènes émergents. Elle a d’ailleurs fourni 500 000 $ sur le 1,8 million de dollars qu’a coûté l’aménagement de ce laboratoire.Le 2019-nCoV étudié à QuébecUn comité scientifique composé de cinq chercheurs établira les travaux à mener dans ce NC3 en fonction des priorités. Les premiers travaux devaient porter sur des pathogènes d’influenza aviaires, les virus H5N1, H7N9, mais en raison de l’apparition et de la menace potentielle du 2019-nCoV, il est possible qu’il soit étudié en priorité dans ces nouvelles installations.«Nous pourrions mettre au point des tests diagnostiques qui pourraient être utilisés par le Laboratoire de santé publique du Québec ou tester des antiviraux pour renseigner l’Organisation mondiale de la santé sur les nouveaux traitements contre ce nouveau coronavirus», illustre le Dr Boivin.Selon l’expert, il n’est pas surprenant que ce virus soit apparu en Chine compte tenu de la densité de la population humaine et de sa promiscuité avec des animaux vivants dans les marchés. «C’est une question de temps avant qu’un virus ne saute les espèces d’un animal à l’homme, qu’il s’adapte à ce dernier et qu’une transmission humaine ne s’établisse. Une des leçons que nous avions apprises lors de l’épisode du SRAS est que si on isole rapidement les gens, que l’on retrace et isole les contacts, on en vient à bout.»

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