Incendie à l’Hôpital de Montmagny: «Une vraie scène de film», raconte la Dre Annie Tremblay

La Dre Annie Tremblay a été DSP de l’Hôpital de Montmagny durant onze ans. Elle habite tout près de l’établissement. Le 20 juin dernier, vers 13h15, alors qu’elle était chez elle, elle a été surprise d’entendre un grand nombre de sirènes provenant du centre hospitalier. Le bruit de ces dernières étaient plus fort que le son des ambulances auquel elle est habituée. Elle a téléphoné à un de ses collègues pour savoir ce qui se passait. «La laboratoire a explosé et il y a le feu à l’hôpital!» lui a-t-il expliqué.Elle se souviendra toujours de la scène qui l’attendait à son arrivée. Trois camions à incendie et des voitures de police s’activaient sur place, déjà de nombreux patients sur civière ou en fauteuil roulant avaient été sortis à l’extérieur, pendant que des membres du personnel s’affairaient autour d’eux et d’autres poursuivaient l’évacuation au milieu des pièces d’équipements et des appareils médicaux éparpillés dans le stationnement.«C’était une vraie scène de film», s’exclame-t-elle, quand elle décrit ce qu’elle a vu. Sauf que ce n’était ni un tournage ni un exercice. Les pompiers bataillaient ferme pour empêcher que le feu (dont on ignore toujours la cause) ne se propage à toute la bâtisse. Ce qu’ils ont réussi à faire.Depuis l’incendie survenu en décembre 1998 à l’hôpital de Roberval, c’était la première fois qu’un feu majeur éclatait dans un centre hospitalier au Québec. Heureusement, la météo était favorable ce jour-là, et tous les usagers ont pu être sortis à l’extérieur où ils ont attendu d’être transférés dans un autre hôpital ou ramenés à leur chambre plus tard dans la journée.«L’autre chose qui m’a frappée, se souvient la Dre Annie Tremblay, c’est qu’il n’y avait pas de panique. Tout le monde restait calme, y compris les patients.» Selon elle, les exercices de feu et les mesures d’urgence qui avaient été accentuées ces dernières années et bien comprises par le personnel expliquent pourquoi les choses se sont si bien déroulées. Chacun savait ce qu’il avait à faire.«J’ai fait le tour des étages d’hospitalisation et j’ai constaté qu’un oreiller avait été placé au pied de chaque porte de chambre, tel qu’on l’avait enseigné», se réjouit-elle.Bris majeurs aux équipementsPar chance, l’incendie n’a causé aucun blessé, ni chez les patients, ni chez les employés ou les médecins. En revanche, les flammes, la fumée, les odeurs et l’eau provenant des gicleurs et des lances des pompiers ont causé de très lourds dommages, a-t-on constaté le lendemain. Il est facile d’imaginer les dégâts, évalués à 10 millions de dollars, qu’un feu majeur peut causer dans un milieu sensible comme un hôpital.Le laboratoire, un service essentiel dans un hôpital, avait été détruit et peu de choses ont pu y être sauvés. La radiologie, qui se trouvait tout juste dessous à l’étage inférieur, baignait dans un pied et demi d’eau. Ses équipements endommagés, le bloc opératoire ne pouvait plus fonctionner, et l’urgence a dû fermer ses portes. Beaucoup de matériel stérilisé a aussi dû être détruit. L’hôpital pouvait encore héberger des patients, mais ne pouvait plus offrir de nombreux soins cliniques.Montmagny est un hôpital régional très important dans Chaudière-Appalaches et la perte de plusieurs de ses services allait affecter énormément de patients. Très rapidement, un comité de coordination, qui réunissait plusieurs intervenants et dont la Dre Annie Tremblay faisait partie, a été mis en place afin de trouver des solutions rapides et efficaces. La DSP a eu jusqu’à quatre réunions par jour.Redonner l'hôpital à son milieu«Notre plus grande préoccupation était de redonner l’hôpital à son milieu sans négocier sur la sécurité», dit la Dre Tremblay. Les défis étaient énormes. Que faire pour l’urgence? Où offrir ce service durant sa fermeture? Où procéder aux chirurgies prévues en l’absence du laboratoire?«C’est dans des circonstances pareilles que tu apprécies la force d’un réseau», souligne l’ancienne DSP. Tout le monde a mis l’épaule à la roue. Des interventions chirurgicales ont été déplacées aux hôpitaux de Lévis et de La Pocatière. Des anesthésiologistes ont accepté d’aller exercer dans ce dernier établissement afin de permettre ces opérations. Un urgentologue est allé pratiquer dans un GMF, et un autre dans un CLSC durant la fermeture de l’urgence à Montmagny.Il a fallu démolir et reconstruire des murs qui auraient été affectés par l’humidité et les champignons, acheter rapidement de nouveaux équipements avec l’accord du ministère de la Santé, calibrer les nouveaux appareils, toutes des tâches qui peuvent prendre des semaines, voire des mois. À Montmagny, le personnel a battu des records de vitesse! En une semaine à peine, l’urgence pouvait à nouveau recevoir des patients, les salles d’opération pouvaient réaliser de petites chirurgies à risque faible en seulement deux semaines et un service de télépathologie sera offert sous peu. Il manque encore quelques appareils, mais dans l’ensemble, les services ont repris en seulement un mois!«C’est une grande victoire d’y être parvenus aussi vite, dit avec fierté la Dre Tremblay. La chose a pu être faite grâce à un travail d’équipe. Sous certains aspects, ce fut une expérience humaine extraordinaire. Cet incendie aura eu comme effet de créer des liens très forts au sein de notre jeune CISSS et ces liens vont demeurer. On sort d’une affaire pareille grandis. Je suis très fière de ma gang de médecins et d’employés!»En raison de l’efficacité démontrée par le personnel, la rapide remise en opération de l’Hôpital de Montmagny après l’incendie du 20 juin 2015 servira aussi de modèle si un tel incident devait se reproduire à l'avenir au Québec. L’absence d’un laboratoire mobile, qui aurait pu prendre le relais pendant la fermeture de celui de l’hôpital, a été notée. C’est un équipement dont ne dispose pas le Québec, mais qu’il aurait intérêt à avoir, juge la Dre Tremblay, qui a cédé son poste de DSP à une autre médecin et qui a recommencé à faire progressivement de la médecine familiale à Montmagny. Comme si de rien n’était.

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