Guide du pharmacien pour la prévention et la prise en charge des infections urinaires récurrentes chez la femme

De 50 à 60% des femmes souffriront d’une infection des voies urinaires (IVU) au cours de leur vie, et de 25 à 30% d’entre elles auront une IVU récidivante (1, 3). Les IVU représentent un fardeau important pour le système de santé en raison des consultations de soins primaires, des prescriptions ambulatoires, des visites aux urgences et, dans les cas graves, des admissions à l’hôpital (4). Il a été démontré que les IVU récidivantes ont un impact négatif sur les relations (intimes et sociales), sur l’estime de soi et sur le travail (5).Bien que les avantages des antibiotiques pour le traitement des infections urinaires soient évidents, leur utilisation fréquente et surtout leur surutilisation contribuent au problème croissant de la résistance des bactéries uropathogènes (2, 3). Une consommation accrue d’antibiotiques entraîne non seulement une plus grande résistance au niveau de la patiente, mais peut également entraîner une plus grande résistance au niveau de la communauté et de la population dans son ensemble. Par conséquent, l’objectif principal du traitement et de la prévention des IVU est l’optimisation des résultats cliniques combinée à la minimisation des conséquences de l’utilisation des antibiotiques (2, 6, 7).Cet article se concentre sur la prévention et la prise en charge des IVU chez les femmes adultes par ailleurs en bonne santé et présentant des infections urinaires récidivantes non compliquées.ÉtiologieEscherichia coli est le principal agent pathogène responsable des infections urinaires récidivantes chez les femmes (environ 80% de tous les épisodes). Les autres agents pathogènes responsables sont: Staphylococcus saprophyticus, Klebsiella pneumoniae et Proteus mirabilus, chacun étant à l’origine d’environ 5% de tous les épisodes (1, 8).Les facteurs de risque d’infection urinaire récidivante sont nombreux et diffèrent selon le statut pré ou postménopause et l’âge — voir tableau 1 (1, 2, 9, 10).DiagnosticLes directives actuelles sont cohérentes dans leur définition de l’infection urinaire récidivante, qui requiert deux épisodes de cystite bactérienne aiguë non compliquée au cours des six derniers mois ou trois épisodes au cours de l’année écoulée (1, 2, 11).Bien que le diagnostic d’un épisode d’infection urinaire chez les femmes ayant des antécédents récurrents et présentant des symptômes typiques puisse souvent être établi cliniquement, le diagnostic initial devrait comprendre la combinaison d’une culture d’urine à mi-parcours et de symptômes urinaires aigus (1 à 3). Un bilan de routine approfondi comprenant une cystoscopie et une imagerie devrait être effectué chez les patientes présentant une hématurie persistante ou une croissance persistante de bactéries autres que E. coli, ou dans les cas atypiques où l’on soupçonne la présence de calculs rénaux, d’une obstruction de l’écoulement, d’une cystite interstitielle ou d’un cancer de l’urothélium (1, 2).Une infection urinaire récidivante peut être une récidive ou une réinfection. Une récidive est causée par la même souche bactérienne que celle impliquée dans l’infection urinaire précédente, qui réapparaît généralement une à deux semaines plus tard, malgré un traitement adéquat de l’infection initiale. Une réinfection est due soit à un isolat bactérien différent, soit à l’isolat bactérien précédent plus de deux semaines après le traitement ou après une culture intermédiaire stérile (1, 8).Gestion des changements de comportementCompte tenu des préoccupations liées à la résistance aux antibiotiques et aux effets secondaires potentiels des antibiotiques, il convient d’étudier de manière approfondie les alternatives aux antibiotiques pour la prévention des IVU avant de recommander une prophylaxie antibiotique. Ces stratégies consistent notamment à s’essuyer d’avant en arrière après la défécation, à ne pas retarder la miction, y compris la miction postcoïtale, à éviter les contraceptifs contenant des spermicides, à ne pas faire de douche vaginale et à ne pas porter de sous-vêtements occlusifs. Néanmoins, il est tout à fait raisonnable de conseiller l’utilisation de ces stratégies et il est peu probable qu’elles nuisent aux patientes (2, 10, 13).L’augmentation de la consommation d’eau est la stratégie comportementale dont les preuves sont plus solides. Un essai contrôlé randomisé (ECR) portant sur 140 femmes ayant des antécédents d’infections urinaires récurrentes et qui buvaient moins de 1,5 litre (1,1 l en moyenne) d’eau par jour a révélé qu’une augmentation de la consommation d’eau entraînait 1,5 infection urinaire de moins (1,7 régime antimicrobien de moins) par patiente sur une période d’un an (14).Prophylaxie antibiotiqueDe multiples méta-analyses montrent que la prophylaxie antibiotique est l’approche la plus efficace pour prévenir les récidives d’infections urinaires par rapport au placebo (15 à 17). Par conséquent, lorsque les changements de comportement ont échoué, deux stratégies de gestion principales sont généralement envisagées: la prophylaxie antimicrobienne continue à faible dose et la prophylaxie antimicrobienne postcoïtale. Bien qu’il n’y ait pas de différence significative dans l’efficacité de ces deux approches, pour les femmes sexuellement actives souffrant d’infections urinaires liées aux rapports sexuels (par exemple, l’intervalle entre les rapports sexuels et les symptômes est systématiquement de 24 à 48 heures), l’approche postcoïtale utilisant une dose unique d’antibiotique après les rapports sexuels (voir tableau 2) peut être préférée et a le potentiel de minimiser la quantité d’antibiotiques utilisés (1 à 3).Des méta-analyses et des ECR antérieurs fournissant des estimations des avantages de la prophylaxie, en particulier en utilisant des antibiotiques à faible dose en continu, ont montré une diminution du risque d’infections urinaires récurrentes de 66% (placebo à 12%) avec une prophylaxie antibiotique sur une période d’environ six à douze mois, soit un nombre de sujets à traiter de deux (18).Les antibiotiques les plus couramment étudiés pour la prophylaxie continue sont la nitrofurantoïne, le cotrimoxazole (triméthoprime-sulfaméthoxazole [TMP-SMX]), le triméthoprime et la céfalexine, prescrits quotidiennement à des doses correspondant à un quart ou à la moitié des doses de traitement habituelles. La seule exception est la fosfomycine qui est administrée une fois par jour tous les 10 jours — voir tableau 2 (1, 2, 3, 10).Durée de la prophylaxie continue Bien que les essais cliniques aient généralement suivi les patients pendant six à douze mois, il n’existe pas de consensus sur la durée optimale de la prophylaxie antimicrobienne continue, et l’on suppose que les infections urinaires sont susceptibles de réapparaître après l’arrêt des antibiotiques1, 2. Lorsqu’on décide de la durée de la prophylaxie dans la pratique clinique, qu’il s’agisse d’un essai de trois, six ou douze mois par exemple, il est important d’évaluer périodiquement la récurrence des infections urinaires et la tolérance aux antibiotiques. La détermination du succès dépendra naturellement de la fréquence des infections urinaires avant le début de la prophylaxie, non seulement en tant que mesure de référence, mais aussi parce que les patientes ayant eu peu d’infections urinaires avant le début du traitement (par exemple, trois au cours de l’année précédente) peuvent avoir besoin d’une période plus longue pour déterminer si une réduction des infections urinaires est susceptible de s’être produite. Bien que certaines femmes puissent rester sous prophylaxie continue ou postcoïtale pendant des années, il convient de noter que cette pratique n’est pas fondée sur des données probantes (1, 3).Effets indésirables Comme on s’y attendait, plus de femmes subiront un effet indésirable avec les antibiotiques quotidiens (15% contre 8% avec le placebo, le plus souvent des éruptions cutanées ou des nausées), soit un nombre nécessaire pour nuire de 1418. Dans une méta-analyse, il a été démontré que la nitrofurantoïne augmentait les effets indésirables (par exemple, les troubles gastro-intestinaux) d’un tiers par rapport au placebo. Bien qu’aucune différence en termes d’effets indésirables graves n’ait été mise en évidence dans les méta-analyses comparant les antibiotiques quotidiens à un placebo, comme indiqué ci-dessus, ces essais étaient relativement petits et on peut s’attendre à ce qu’ils n’aient pas la portée suffisante pour détecter des effets indésirables graves rares.Des études observationnelles ont décrit plusieurs effets indésirables graves associés à l’utilisation quotidienne de nitrofurantoïne, notamment l’anémie aplasique, la polynévrite, les réactions cholestatiques et hépatocellulaires aiguës et la toxicité pulmonaire. La toxicité pulmonaire chronique est rare (jusqu’à 1/750-7500) et peut se développer dès le premier mois ou jusqu’à plusieurs années de traitement. Les patientes qui utilisent la nitrofurantoïne à long terme doivent être invitées à signaler toute modification de leur respiration ou de leur toux et à envisager une radiographie pulmonaire et/ou des tests de la fonction pulmonaire au départ et tous les six mois (1, 19). Bien que l’on puisse s’attendre à ce que l’antibioprophylaxie postcoïtale entraîne des taux plus faibles d’effets indésirables en raison de la diminution de la fréquence des doses par rapport à la prophylaxie continue, les études comparatives sont limitées. Dans un ECR portant sur 152 participantes utilisant la ciprofloxacine quotidiennement ou en une seule dose postcoïtale, les taux d’effets indésirables étaient numériquement plus faibles dans le groupe ayant reçu la dose postcoïtale (6% contre 14%), mais cette différence n’était pas statistiquement significative15.Antibiorésistance L’utilisation quotidienne d’antibiotiques suscite naturellement des inquiétudes quant à la propagation de l'antibiorésistance. Malheureusement, les données sont limitées en ce qui concerne les effets de la prophylaxie sur les schémas de résistance à court et à long termes. Une récente étude de cohorte a rapporté que la résistance bactérienne était de 16% chez les témoins et de 21% chez celles qui recevaient des antibiotiques prophylactiques sur une période de 30 jours à un an20. L’impact clinique de ces différences dans les taux de résistance est difficile à déterminer. Un essai contrôlé randomisé portant sur le TMP-SMX par rapport à la prophylaxie continue par Lactobacillus a révélé que la résistance au TMP-SMX augmentait de 80% à 95% au 30e jour d’utilisation quotidienne. Cependant, au cours des trois mois suivant l’arrêt du TMP-SMX, la résistance est revenue à son niveau de base (20%-40%) sans qu’il y ait de différence entre les groupes en ce qui concerne la récurrence des infections urinaires18, 21.Un autre ECR portant sur la prophylaxie continue à l’aide de nitrofurantoïne, de triméthoprime ou de céfalexines par rapport à l’absence de prophylaxie pendant un an chez les patientes porteuses de sondes urinaires intermittentes a révélé que la résistance à ces antibiotiques était plus élevée dans le groupe prophylaxie (25%-65%) que dans le groupe sans prophylaxie (10%-35%) au bout de neuf à douze mois22. Là encore, l’impact clinique de ces différences est difficile à déterminer, d’autant plus que cet essai portait sur une population distincte souffrant d’infections urinaires compliquées, ce qui rend la question de la résistance bactérienne à long terme et les implications cliniques individuelles incertaines.Un ECR portant sur 152 participantes et comparant une prophylaxie continue à faible dose à une prophylaxie postcoïtale à base de ciprofloxacine n’a montré aucune différence en termes d’isolats bactériens résistants entre les deux approches sur une période d’un an15. Cependant, des preuves solides manquent pour déterminer si l’approche de la prophylaxie postcoïtale minimiserait les taux de résistance aux antibiotiques dans des populations plus importantes.Choix de l’antibiotique Les meilleures données disponibles suggérant que toutes les options courantes de prophylaxie antibiotique offrent une efficacité similaire, la décision de choisir le meilleur antibiotique devrait se fonder sur les schémas locaux de résistance (si disponibles), les profils d’effets indésirables, les interactions médicamenteuses potentielles et les coûts1, 2, 15.Prophylaxie non antibiotiqueDans le cadre des efforts visant à réduire l’utilisation des antibiotiques dans le but de minimiser la résistance aux antibiotiques, au-delà des approches comportementales discutées ci-dessus, l’étude des modalités non antibiotiques pour prévenir les infections urinaires récurrentes a suscité un intérêt croissant1, 3. Les produits les plus étudiés sont la canneberge, les probiotiques, le D-mannose, l’œstrogène et la méthénamine. Malheureusement, ces options souffrent généralement d’une base factuelle faible, avec souvent une variété de méthodologies et de produits d’étude, et des résultats contradictoires.CannebergesLa canneberge aurait des propriétés antiadhésives, inhibant l’adhésion des uropathogènes à la surface de la vessie. Cependant, les essais cliniques évaluant l’efficacité des produits à base de canneberge pour la prophylaxie des infections urinaires récidivantes sont souvent limités par des problèmes de conception des essais, notamment la petite taille et l’absence de groupe témoin en aveugle, ainsi que par le manque de preuves cliniques claires concernant la meilleure formulation, la dose appropriée ou la durée du traitement1, 2, 3, 10. Il n’est pas surprenant que les méta-analyses soient parvenues à des conclusions différentes sur l’efficacité clinique des produits à base de canneberge. Une étude Cochrane de 2012, souvent citée, a montré que, bien que certaines petites études aient démontré un léger avantage pour les femmes souffrant d’infections urinaires récurrentes, il n’y avait pas de différences statistiquement significatives lorsque les résultats d’une étude beaucoup plus importante étaient pris en compte (23).Bien que des méta-analyses plus récentes aient montré une réduction de 25 à 30% des infections urinaires grâce à l’utilisation de produits à base de canneberge24, 25, 26, leurs conclusions sont prudentes comme il se doit, indiquant que même si les résultats suggèrent que la canneberge peut être efficace pour prévenir la récurrence des infections urinaires chez les femmes généralement en bonne santé, des études plus importantes et de haute qualité sont nécessaires pour confirmer ces résultats et les conclusions doivent être interprétées avec précaution24, 26. En raison de cette incertitude, de nombreuses lignes directrices citent des preuves insuffisantes ou contradictoires et fournissent par conséquent des recommandations faibles12. Ces lignes directrices ont tendance à mentionner, cependant, que compte tenu de l’attrait des patientes, les cliniciens peuvent recommander les produits à base de canneberge (ou du moins, ne pas en décourager l’utilisation) pour la prévention des infections urinaires récurrentes chez les femmes en raison de leur faible probabilité d’effets secondaires, à condition que les patients soient informés de l’insuffisance des preuves1, 2, 3.Probiotiques (Lactobacillus spp.)Il a été démontré que l’administration orale de Lactobacillus contribue à restaurer la flore vaginale et à réduire la colonisation par des bactéries potentiellement pathogènes21. Afin de déterminer si cela se traduit par des avantages cliniques chez les femmes souffrant d’infections urinaires récidivantes, de multiples méta-analyses d’essais contrôlés randomisés ont été réalisées. Malheureusement, les résultats sont contradictoires, en partie à cause de l’utilisation de souches de Lactobacillus, de schémas, de durées de traitement et de populations d’étude différents2. L’une des méta-analyses négatives, une revue Cochrane de 2015, a conclu qu’aucun avantage significatif n’a été démontré pour les probiotiques par rapport au placebo ou à l’absence de traitement. Cependant, la revue a suggéré que l’on ne pouvait exclure ni un avantage ni un inconvénient, car les données étaient peu nombreuses et provenaient d’études de petite taille dont les rapports méthodologiques étaient médiocres27.En comparaison avec l’antibioprophylaxie, un ECR a montré que le Lactobacillus était inférieur au TMP-SMX quotidien dans la prévention des infections urinaires chez 252 femmes ménopausées souffrant d’infections urinaires récurrentes21. Compte tenu de la faible qualité des preuves et des résultats contradictoires, même les revues systématiques faisant état de l’efficacité du Lactobacillus dans la prévention des infections urinaires mettent en garde contre des recommandations définitives. Elles suggèrent que des ECR plus solides avec des souches de lactobacilles et des formulations standardisées sont nécessaires avant que les effets bénéfiques des probiotiques puissent être confirmés28, 29.D-mannoseComme la canneberge, le D-mannose est un agent antiadhésif dont l’utilité a été proposée pour la prophylaxie des infections urinaires récurrentes. L’étude Cochrane la plus complète, réalisée en 2022, a conclu qu’il n’y avait que peu ou pas de preuves pour soutenir ou réfuter l’utilisation du D-mannose, sur la base de données rares et de mauvaise qualité30. Comme pour de nombreuses modalités non antibiotiques, les données manquent sur la dose, la fréquence et la durée du traitement par le D-mannose. Ainsi, les directives actuelles citent des preuves contradictoires ou insuffisantes sur l’efficacité du D-mannose pour soutenir des recommandations fermes pour la prophylaxie des infections urinaires2, 3. Un récent ECR portant sur 598 femmes souffrant d’infections urinaires récurrentes apporte une plus grande certitude quant à l’absence de bénéfice, en constatant que le D-mannose à raison de 2 g par jour pendant six mois n’a pas permis de réduire les taux d’infections urinaires cliniquement suspectes ou microbiologiquement prouvées, par rapport au placebo. La proportion de femmes présentant des uropathogènes résistants cultivés lors d’infections urinaires était également similaire entre les groupes31.Méthénamine La méthénamine est un non-antibiotique qui agit comme un agent bactériostatique par la production de formaldéhyde dans l’urine32. Des méta-analyses antérieures ont suggéré que la méthénamine pourrait être efficace pour la prophylaxie des infections urinaires, montrant une tendance non statistiquement significative sur six à douze mois d’utilisation pour la réduction des épisodes symptomatiques d’infections urinaires sur la base de nombreux petits essais hétérogènes32, 33. Un essai récent de plus grande envergure, avec 240 participantes, a comparé la méthénamine 1 g deux fois par jour à la nitrofurantoïne, au triméthoprime ou à la céfalexine administrées une fois par jour. La méthénamine s’est avérée statistiquement non moins efficace que la prophylaxie antibiotique (1,4 épisode d’infection urinaire par patiente pour la méthénamine contre 0,9 épisode pour les antibiotiques sur une période de 12 mois). Le taux d’effets indésirables était similaire dans les deux groupes (28% et 24%), la majorité d’entre eux étant de gravité légère. Bien que ces résultats d’efficacité soient encourageants, l’objectif de minimiser les effets indésirables et la résistance par l’utilisation d’une prophylaxie non antibiotique peut ne pas être atteint avec l’utilisation de la méthénamine.Œstrogènes Pendant la ménopause, le pH et la flore vaginale changent avec la réduction des œstrogènes locaux et circulants, ce qui permet aux bactéries Gram négatives de coloniser, de se développer et d’agir comme uropathogènes1, 8, 35. D’après les résultats de multiples méta-analyses2, 35, 36, l’œstrogénothérapie par voie vaginale montre systématiquement une réduction des infections urinaires récurrentes par rapport au placebo ou à l’absence de traitement chez les femmes ménopausées, avec un nombre de sujets à traiter pendant six à douze mois de sept pour prévenir une infection urinaire36. Les études ont utilisé diverses formulations d’œstrogènes par voie vaginale, y compris des crèmes (par exemple, œstriols 0,5 mg par jour pendant deux semaines, puis deux fois par semaine), des pessaires, des ovules et des anneaux. En l’absence d’essais comparatifs, les preuves sont insuffisantes pour recommander un type ou une forme particulière d’œstrogène vaginal. Cependant, il y aura des différences en termes de préférence individuelle et de faisabilité d’application pour chaque patiente, ainsi que des différences de coût, les crèmes sur ordonnance ayant tendance à être moins chères1. Étant donné la faible absorption systémique de l’œstrogène vaginal, les événements indésirables systémiques liés au traitement sont minimes. Cependant, des brûlures locales, des démangeaisons ou des saignements mineurs surviennent chez environ 15% des patientes, contre moins de 5% dans le cas d’un placebo ou de l’absence de traitement2, 3, 35, 36.Rôle du pharmacienQuel que soit leur milieu de pratique, les pharmaciens peuvent jouer un rôle important dans de nombreux aspects des soins prodigués aux femmes souffrant d’infections urinaires récidivantes sans complications. Les pharmaciens communautaires, en particulier ceux des provinces où le champ d’application de la prise en charge des infections urinaires est élargi, les pharmaciens en clinique impliqués dans les décisions de traitement initial, et les pharmaciens d'établissement aidant les patientes à préparer leur congé de l’hôpital sont tous en mesure d’apporter une contribution significative dans ce domaine. Ils peuvent:aider les patientes à identifier le moment où la fréquence des infections urinaires est telle qu’il faut envisager une prophylaxie antibiotique et, par le biais d’une prise de décision partagée, déterminer les options de traitement avec les patientes et les prescripteurs;conseiller les patientes qui s’interrogent sur l’utilisation de suppléments et de produits naturels, en étant clair sur les avantages et les inconvénients, tout en tenant compte des faibles preuves qui soutiennent ou réfutent les avantages de la prophylaxie des infections urinaires;examiner les modifications comportementales avant et après l’instauration ou la prise d’un traitement prophylactique;identifier et gérer les interactions médicamenteuses avec les régimes antibiotiques ou les suppléments. Bien que peu de données soient disponibles pour nous guider sur l’effet de faibles doses d’antibiotiques prophylactiques sur d’autres médicaments, le pharmacien a un rôle clé de jugement clinique dans l’orientation des décisions, en particulier pour les interactions «suspectes habituelles», telles que les antibiotiques (en particulier le TMP-SMX) avec la warfarine, ou le TMP-SMX et le triméthoprime avec des médicaments augmentant le taux de potassium (par exemple, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, les bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine, la spironolactone).choisir les antibiotiques les plus appropriés en fonction des schémas de résistance, en particulier les pharmaciens d'établissement ayant accès aux antibiogrammes locaux;contrôler le succès (fréquence des infections urinaires), les effets indésirables (au jour le jour ou à long terme dans le cas de la nitrofurantoïne) et, sachant qu’il y a peu d’éléments pour nous guider sur la durée appropriée, aider la patiente et l’équipe à décider quand et comment procéder à un essai d’arrêt de l’antibiotique.L’encadré 1 résume les principaux conseils aux pharmaciens concernant la prophylaxie des infections urinaires récurrentes.En résuméLes pharmaciens peuvent jouer un rôle important dans la prise en charge des femmes souffrant d’infections urinaires récidivantes non compliquées, depuis l’identification des schémas de récidive jusqu’au suivi des avantages et des inconvénients des interventions. Grâce à un jugement clinique solide et à un modèle de prise de décision partagée, les pharmaciens apporteront une valeur significative aux patientes souffrant d’infections urinaires récidivantes et aux équipes interdisciplinaires dont ils font partie.Jamie Falk (jamison.falk@umanitoba.ca) est professeure agrégée au Collège de pharmacie et pharmacienne au Département de médecine familiale de la Faculté des sciences de la santé de l’Université du Manitoba, à Winnipeg.RéférencesEpp A, Larochelle A. No. 250–Recurrent urinary tract infection. J Obstet Gynaecol Can 2017;39(10):e422–e431.European Association of Urology. EAU guidelines on urological infections. Édition présenté au congrès annuel de l'EAU à Milan (Italie) en 2023. ISBN 978-94-92671-19-6. EAU Guidelines Office, Arnhem, The Netherlands. http://uroweb.org/guidelines/compilations-of-all-guidelines/ (consulté le 6 décembre 2023).Anger J, Lee U, Ackerman AL, et coll. 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