Grossesse: quel antibiotique est le plus sûr pour traiter une infection urinaire au cours du premier trimestre?

Les directives cliniques recommandent le dépistage et le traitement de la bactériurie au début de la grossesse, car les infections urinaires non traitées peuvent avoir des conséquences graves pour la mère et le nouveau-né. Cependant, les données sont limitées et incohérentes concernant le risque de malformations congénitales suite à une exposition aux antibiotiques au début de la grossesse.Pour examiner cette question, des chercheurs de la faculté de médecine de l'Université de Washington ont comparé le risque de malformations congénitales suite à une exposition au cours du premier trimestre à divers antibiotiques utilisés pour traiter les infections urinaires (IU). Leur étude de cohorte1 basée sur la population a inclus des femmes enceintes âgées de 15 à 49 ans, couvertes par une assurance santé privée, ayant été traitées pour une IU au cours du premier trimestre de leur grossesse entre 2006 et 2022, ainsi que leurs enfants nés vivants.Consultez: TDAH: la prise de médicaments pendant la grossesse présente-t-elle un risque pour l’enfant?Les participantes de cette étude devaient avoir reçu, au cours de leur premier trimestre de grossesse, une prescription d'un antibiotique oral couramment utilisé pour traiter les IU, délivré par une pharmacie ambulatoire. Les antibiotiques étudiés étaient la nitrofurantoïne, le triméthoprime-sulfaméthoxazole (TMP-SMX), les fluoroquinolones (ciprofloxacine, lévofloxacine, ofloxacine) et les bêta-lactamines. Les β-lactamines (céphalosporines et pénicillines) ont servi de groupe de référence, car ces agents sont considérés comme sûrs pendant la grossesse.Les malformations congénitales ont été identifiées à l'aide d'algorithmes validés basés sur les codes de diagnostic jusqu'à 365 jours après la naissance. Des modèles de régression ont été utilisés pour estimer les rapports de risque (RR) pondérés par le score de propension et les différences de risque.Les résultats ont montré ce qui suit:La cohorte comprenait 71 604 grossesses éligibles au premier trimestre (âge médian des mères: 30 ans).Parmi celles-ci, 42 402 (59,2%) ont été exposées à la nitrofurantoïne, 3494 (4,9%) au TMP-SMX, 3663 (5,1%) aux fluoroquinolones et 22 045 (30,8%) aux β-lactamines.L'âge gestationnel variait selon l'antibiotique (nitrofurantoïne, 62 [45-77] jours; TMP-SMX, 26 [13-59] jours; fluoroquinolones, 18 [9-27] jours; β-lactamines, 63 [48-77] jours).Le risque absolu de malformation pour 1000 nourrissons était de 19,8 (IC à 95%, 18,0-21,8) pour les β-lactamines, de 21,2 (IC à 95%, 19,9-22,7) pour la nitrofurantoïne, 23,5 (IC à 95%, 18,8-28,9) pour les fluoroquinolones et 26,9 (IC à 95%, 21,8-32,8) pour le TMP-SMX.Après prise en compte des facteurs de confusion, le risque de malformation congénitale était plus élevé pour le TMP-SMX (RR, 1,35; IC à 95%, 1,04-1,75), mais similaire pour la nitrofurantoïne (RR, 1,12; IC à 95%, 1,00-1,26) et les fluoroquinolones (RR, 1,18; IC à 95%, 0,87-1,60), par rapport aux β-lactamines.Le TMP-SMX était associé à un risque accru de malformations cardiaques graves (RR, 2,09; IC à 95%, 1,09-3,99), d'autres malformations cardiaques (RR, 1,52; IC à 95%, 1,02-2,25) et de fentes labiales et palatines (RR, 3,23; IC à 95%, 1,44-7,22) par rapport aux β-lactamines.Le risque d'autres types de malformations ne différait pas selon l'agent, bien que certaines estimations aient été imprécises. Les résultats étaient généralement cohérents dans toutes les analyses de sensibilité.Les auteurs concluent que dans cette étude de cohorte sur l'exposition aux antibiotiques au cours du premier trimestre, le risque de malformation, de malformation cardiaque grave, d'autres malformations cardiaques et de fente labiale/palatine était plus élevé chez les nourrissons exposés au TMP-SMX que chez ceux exposés aux antibiotiques β-lactamines. L'augmentation du risque de malformation congénitale associée à l'exposition au TMP-SMX au cours du premier trimestre s'est traduite par une malformation supplémentaire pour 145 femmes enceintes traitées par TMP-SMX par rapport aux β-lactamines. Aucun risque accru n'a été observé pour la nitrofurantoïne ou les fluoroquinolones. Référence:Osmundson SS, Nickel KB, Shortreed SM, et coll. First-Trimester Antibiotic Use for Urinary Tract Infection and Risk of Congenital Malformations. JAMA Netw Open. 2025;8(7):e2519544. doi:10.1001/jamanetworkopen.2025.19544

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