Glissement vers les cliniques privées: Pas de solution pour l’instant, dit Yves Bolduc

Le ministre de la Santé, le Dr Yves Bolduc, n’a pas l’intention d’intervenir dans l’immédiat pour freiner le glissement de nombreux médecins vers des cliniques privées. Il se dit toutefois attentif à la situation et, politiquement, il ne croit pas être en mesure de l’ignorer encore longtemps. C’est ce qu’il a indiqué le 29 avril dernier lors d’une journée de la coordination de la première ligne tenue au Manoir Montmorency, à Québec.Le ministre réagissait publiquement à une participante qui le questionnait sur la multiplication de tels établissements. Deux cliniques privées en omnipratique ont récemment été inaugurées dans la Capitale, l’une par la Dre Anne Leclerc, l’autre par le Dr Marc Lacroix. Le Dr Lacroix en possédait déjà une à Lac Beauport et compte en ouvrir deux autres dans la région de Québec au cours de 2011. Ce médecin de famille ne veut pas s’arrêter là. Il souhaite établir un réseau de bannières à travers la province au cours des prochaines années.La médecin qui a questionné le ministre sur le sujet semblait préoccupée par le départ de nombreux collègues du régime public vers ces cliniques privées et par les conditions de travail qui leur sont proposées. On parle de 500 patients par médecin et d’une rémunération égale, sinon supérieure, à celle qu’ils touchent dans le réseau public.«Qu’est-ce qu’on peut faire dans nos territoires pour que nos médecins restent avec nous, dans le régime public?» a-t-elle demandé au ministre.Un gros problèmeLe Dr Bolduc a admis qu’il s’agissait d’un gros problème à certains endroits et qu’il prenait une certaine ampleur.«À Québec, on commence à en avoir un peu. Là où il y en a beaucoup, c’est dans les Laurentides et en Montérégie où il existe un problème d’accessibilité très marqué», a-t-il indiqué.C’est ce qui expliquerait la popularité de ces cliniques.«Ces gens-là réussissent en raison d’un problème d’accès au régime public», croit-il. Il affirme que les médecins qui ouvrent de telles cliniques écrèment le marché en attirant les belles clientèles.«Les patients sont prêts à payer pour une visite, mais quand vous êtes suivis pour un cancer, vous n’allez pas dans ces cliniques», a-t-il commenté.Il ne jette pas la pierre aux médecins qui prennent cette décision. «Les gens font le choix d’aller au privé. Actuellement, je n’ai pas l’intention de les bloquer au niveau politique, a-t-il lancé. La problématique est sur la table, mais je n’ai pas de solution aujourd’hui. Ma première réponse, c’est d’abord un meilleur accès au service public, mais ça peut prendre un certain temps.»Il semble miser sur un certain essoufflement du marché privé pour freiner l’intérêt.«Chaque fois qu’un médecin se désaffilie, il entre en concurrence avec d’autres», a-t-il noté.Néanmoins, il semble disposé à intervenir si la situation s’amplifiait.«Je surveille la situation, je suis très attentif, a-t-il dit. Je pense que c’est un problème au niveau du réseau de la santé auquel nous devrons nous adresser. C’est vrai que l’on pourrait rendre les conditions un peu plus difficiles. S’il y a beaucoup de départs, il y a peut-être une action qui pourrait être prise.»

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