Fin du port du masque obligatoire: les milieux de soins devront attendre

«Les recommandations ne visent pas les hôpitaux ou les milieux de soins. Même si les CHSLD sont des milieux de vie, ce sont des milieux qui comportent plus de risques», a affirmé le Dr Luc Boileau, directeur national par intérim de santé publique, jeudi, lors d’un point de presse. Selon lui, plusieurs virus, autres que le coronavirus, circulent dans ces établissements, ce qui pourrait mettre à risque la santé des patients, dont certains sont immunosupprimés. «Il faut être très prudent», a-t-il prévenu. Par contre, le port du masque ne sera plus obligatoire dans les résidences privées pour aînés dès le mois d’avril, mis à part dans certaines unités dans lesquelles sont fournis des soins. Selon le Dr Boileau, la recommandation de la Santé publique de ne pas retirer le port du masque dans les milieux de soins a été bien accueillie par les gestionnaires d’hôpitaux et de CHSLD. L’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) appuie également cette recommandation qui sera appliquée par le gouvernement Legault. «Les pharmacies, comme d’autres milieux de soins, sont particulièrement fréquentées par des clientèles vulnérables et des ainés aux prises avec des maladies chroniques, indique un porte-parole de l’OPQ, Paul Cérat. Ces personnes sont nettement plus à risques de complications graves associées à la Covid. Le pharmacien a le devoir comme professionnels de la santé de leur assurer un environnement raisonnablement sécuritaire.» L'Association québécoise des pharmaciens propriétaires du Québec (AQPP) est du même avis. «Nous servons plusieurs clientèles, dont certaines sont vulnérables. C'est donc tout à fait normal que nous continuons à porter le masque. Si la situation change dans les prochains mois, sans doute que le gouvernement va changer sa décision, mais nous n'en sommes pas là», affirme le président de l'AQPP, Benoit Morin. Le Collège des médecins du Québec a refusé de commenter cette décision gouvernementale pour le moment. Précisons que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) considère comme «milieux de soins» «tout ce qui relève des Centre intégré de santé et de services sociaux et centre intégré universitaire de santé et de services sociaux, centres hospitaliers, CHSLD publics et privés et les ressources intermédiaires qui accueillent des aînés.» Cela vaut autant pour les employés que les visiteurs, ajoute le MSSS. Il faut ajouter à cela les pharmacies communautaires, note l'OPQ. En faveur du maintien du port du masque Dans un sondage publié sur ProfessionSanté.ca publié la semaine dernière, un répondant sur trois estimait que même si les cas de COVID-19 sont à la baisse, les milieux de soins devraient être les derniers secteurs de la société à lever cette obligation. De plus, 16% des lecteurs ont répondu que le coronavirus a changé la donne et qu’il faut donc maintenir le port du masque dans les milieux de soins. En contrepartie, 12% des professionnels de la santé ont répondu que le gouvernement devrait commencer à lever cette obligation dans les milieux de soins à faible risque. Pour sa part, une faible un faible 4% des sondés ont répondu que l’utilisation généralisée du passeport vaccinal aurait dû être maintenue, en prévision de la levée de cette obligation. Au total, 334 lecteurs ont répondu au sondage. Un choix personnel Pour ce qui est des lieux publics, outre les milieux de soins, une fois l'obligation levée, il reviendra à chaque citoyen de décider s'il continue de porter un masque ou pas, a indiqué le Dr Luc Boileau. «Ça va devenir un choix personnel, dans le cadre d’une progression vers une vie normale. On ne recommandera pas de ne pas le porter, a-t-il d'ailleurs précisé. On va recommander de ne pas le rendre obligatoire.» Le docteur Boileau a donné les exemples suivants: «Pour les enfants qui ont déjà fait la COVID, je vais leur dire que ce n’est pas vraiment utile. Pour ceux qui ont une petite maladie comme l’asthme ou autre, que ça peut être utile, particulièrement dans le transport en commun, même après qu’on l’aura levé. Ça va varier d’une personne à l’autre.» Malgré la fin de l’obligation de porter un masque, ce dernier reste un outil efficace pour réduire la transmission des virus, mentionne le gouvernement dans un communiqué. Ainsi le port du masque restera recommandé lorsqu'une personne présente des symptômes s'apparentant à ceux de la COVID-19, lors d'interactions sociales durant les cinq jours suivant une période d'isolement et lors d'interactions sociales pour les personnes immunosupprimées. Un risque toujours présent Le directeur de la santé publique a toutefois mis un bémol à toutes ces bonnes nouvelles, rappelant que le coronavirus a été un adversaire redoutable et imprévisible. «On n’est pas à l’abri d’un nouvel astéroïde qui nous tombe dessus avec un nom grec. L’Omicron, quand il est arrivé, se souvient le Dr Boileau, il n’y a personne qui l’avait vu venir.» «On saura recommander au bon moment s’il y a lieu, d’aller chercher une nouvelle dose de rappel dans le cadre d’une évolution possible de la contagion du variant Omicron, de sa présence toujours dans la communauté et des risques qu’il soit de plus en plus contagieux puisque l’immunité pourrait baisser.»

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