Femme enceinte ou allaitante – Soulager les symptômes du rhume et de la grippe

La pharmacienne Brigitte Martin pratique au CHU Sainte-Justine, en néonatalogie, et au Centre IMAGe, la ligne Info-Médicaments en allaitement et grossesse du même établissement. Elle fait, dans le présent article, quelques recommandations à propos des médicaments de vente libre pouvant être utilisés sans risque par la femme enceinte ou allaitante pour soulager les symptômes du rhume ou de la grippe.Brigitte Martin a d’abord tenu à rappeler qu’« il n’y pas de risque connu d’avoir un rhume durant une grossesse », indique-t-elle.La situation est cependant tout autre pour la grippe. « Les risques de complications sévères –problèmes cardiorespiratoires, pneumonie, hospitalisation ou même décès – pour la femme enceinte augmentent au fur et à mesure que la grossesse avance (et jusqu’à deux semaines suivant son accouchement). Ces complications pourraient se traduire par un avortement spontané, un accouchement prématuré ou la mort fœtale. (L’augmentation du risque de malformations congénitales ne fait pas partie des complications qui pourraient être occasionnées par la grippe, celui-ci étant le même que le risque de base de 2 à 3 % dans la population générale.)Par conséquent, Brigitte Martin rappelle l’importance de la vaccination contre l’influenza chez les femmes enceintes (vaccination bénéficiant aussi au fœtus) et de la prise d’antiviraux chez celles qui ont contracté la grippe.Quant à l’allaitement, « ce n’est pas un facteur de risque supplémentaire de complications liées à la grippe ». La pharmacienne précise toutefois que « les mesures d’hygiène et de protection sont requises pour éviter une transmission de la grippe de la mère à l’enfant, puisque ce dernier ne peut pas être vacciné avant l’âge de six mois ».De plus, ajoute-t-elle, « la vaccination antigrippale doit aussi être encouragée chez les femmes qui allaitent et chez l’entourage de l’enfant, de façon à diminuer les risques d’exposition au virus de l’influenza pour le nourrisson ».Congestion nasalePour soulager la congestion nasale, que ce soit durant la grossesse ou l’allaitement, Brigitte Martin recommande de commencer avec une solution saline. En cas de persistance du symptôme, elle suggère d’employer alors un décongestionnant topique pour adulte (oxymétazoline, xylométazoline) durant trois à cinq jours.Elle recommande la prudence avec la pseudoéphédrine, en particulier durant le premier trimestre d’une grossesse, en raison de son pouvoir vasoconstricteur. « Quand on sait qu’une patiente est enceinte et que certaines études suggèrent des liens entre la prise d’un décongestionnant systémique au premier trimestre de la grossesse et certaines anomalies très rares qui seraient liées à une interférence du flot sanguin, il est préférable de conseiller les autres options mentionnées ci-dessus. »Selon Brigitte Martin, la pseudo-éphédrine pourrait être employée de façon occasionnelle durant les deuxième et troisième trimestres d’une grossesse (embryogenèse terminée) chez les patientes congestionnées qui ne répondent pas aux traitements de première ligne.Chez la femme qui allaite, la prise de pseudoéphédrine pourrait entraîner une baisse de leur production de lait. En présence de cet effet indésirable, on cessera simplement le médicament, recommande la pharmacienne.RhinorrhéeBrigitte Martin suggère les antihistaminiques de première génération (diphenhydramine, chlorphéniramine, doxylamine) en présence d’un écoulement nasal incommodant lors d’une grossesse, étant donné que l’on dispose de données sur leur innocuité chez la femme enceinte.« Les antihistaminiques de deuxième génération n’ont pas été démontrés très efficaces en présence d’une rhinorrhée d’origine virale », précise-t-elle.Pour ce qui est de l’allaitement, elle recommande quelques doses occasionnelles d’antihistaminiques de première génération. « Bien que l’on dispose de peu de données sur leur innocuité en allaitement, on ne s’attend pas à ce que l’enfant allaité éprouve des effets indésirables, notamment anticholinergiques, à la suite d’une exposition de courte durée à cette classe de médicaments. »TouxBrigitte Martin suggère le dextrométhorphane en présence d’une toux sèche incommodante. « Les données sur son innocuité sont rassurantes durant la grossesse et l’allaitement, mais il faut reconnaître que son efficacité n’est pas très bien établie. »Pour ce qui est de la guaïfénésine, elle rappelle « que les données d’utilisation durant la grossesse sont nombreuses et rassurantes, mais son efficacité comme expectorant, peu documentée, empêche de la recommander ».Pour ce qui est de l’allaitement, elle précise que « le passage de ce médicament dans le lait maternel n’est pas connu ».Fièvre et douleurs diversesL’acétaminophène reste le premier médicament que les pharmaciens doivent recommander aux patientes enceintes ou allaitantes aux prises avec de la fièvre, une irritation de la gorge, un mal de tête ou des myalgies, dit Brigitte Martin.La pharmacienne rappelle l’importance de traiter la fièvre durant la grossesse, « étant donné qu’une hyperthermie prolongée durant la grossesse a été associée à des anomalies congénitales, qui sont toutefois rares ».Elle recommande aux pharmaciens d’orienter rapidement leur patiente vers un médecin pour une évaluation en vue de la prise d’antiviraux, même si le début des symptômes grippaux dépasse les deux jours recommandés dans la population générale pour leur efficacité.Bien qu’elles soient très peu efficaces selon les données probantes, les pastilles pour le mal de gorge peuvent être utilisées durant la grossesse ou l’allaitement, étant donné la concentration faible de leurs principes actifs. « Il est probablement plus efficace de prendre de l’acétaminophène et un gargarisme d’eau salée », suggère-t-elle.En ce qui a trait à l’ibuprofène durant la grossesse, cet antipyrétique pourrait être utilisé pour de courtes périodes, dans les cas réfractaires à l’acétaminophène pris à un dosage optimal, mais non au troisième trimestre où son usage est contre-indiqué.Pendant l’allaitement, son utilisation ne pose pas de problème, « car il passe très peu dans le lait maternel ».« La vaccination antigrippale doit être encouragée chez les femmes qui allaitent et chez l’entourage de l’enfant, de façon à diminuer les risques d’exposition au virus de l’influenza pour le nourrisson. »« L’acétaminophène reste le premier médicament que les pharmaciens doivent recommander aux patientes enceintes ou allaitantes aux prises avec de la fièvre, une irritation de la gorge, un mal de tête ou des myalgies. »– Brigitte Martin

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