Euthanasie: Les soins palliatifs d’abord, dit l’AQESSS

Sans se prononcer sur la légalisation de l’euthanasie, l’Association québécoise d’établissements de santé et des services sociaux (AQESSS) a estimé, lors de son passage devant la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité, qu’avant toute chose, le Québec devait se doter d’une offre de service complète en soins palliatifs. Mais advenant que l’euthanasie soit permise, l’Association exige qu’elle soit pratiquée selon des critères bien définis et que les médecins soient libres d’accéder ou non à la demande d’un patient.Chaque année, il y a près de 60 000 décès au Québec, nombre qui devrait s’élever à 70 000 en 2015. L’AQESSS estime que le vieillissement de la population, les cancers et les maladies chroniques en hausse accentuent la nécessité de développer des soins de fin de vie dans toutes les régions du Québec. Selon son estimation, il y aurait actuellement près de 610 lits en soins palliatifs dans les hôpitaux, CHSLD et maisons de fin de vie. L’AQESSS estime qu’il en faudrait 170 de plus pour répondre aux besoins.Mourir à domicileLes établissements ne forment toutefois qu’une partie de la solution. Beaucoup de gens aspirent à mourir à la maison, mais les services de fin de vie à domicile sont insuffisants, voire quasi inexistants dans certaines régions, a déploré Lise Denis, directrice générale de l’AQESSS.L’Association relève une autre lacune. Les soins palliatifs au Québec sont encore exclusivement, ou presque, disponibles pour les personnes en phase terminale de cancer. Or, ces patients ne forment pas la majorité de ceux qui pourraient bénéficier de soins de fin de vie.Meilleure formationDans le cadre d’une politique d’amélioration de ces soins, l’AQESSS souhaite l’ajout d’une formation pour les médecins et autres professionnels de la santé en matière de fin de vie, de soins palliatifs et de soulagement optimal de la douleur. Cette formation devrait même être insérée dans les programmes de base.En cas de légalisationLa Dre Ewa Sidorowicz, directrice des services professionnels du Centre universitaire de santé McGill, a participé à la présentation de l’AQSSS.Si l’euthanasie devait être légalisée au Québec, sa pratique devrait répondre à des critères bien définis, soutient l’AQESSS. La personne qui en ferait la demande ne devrait faire l’objet d’aucune pression et elle ne devrait pas exiger de mourir en raison d’une souffrance physique et psychologique. Toutes les avenues pour la soulager devraient avoir été explorées et communiquées à la personne avant que sa demande soit considérée, et une instance comprenant jusqu’à trois médecins devrait en faire l’analyse.L’AQESSS a aussi profité de son passage devant la Commission pour demander que le Québec adopte une loi pour encadrer le testament de fin de vie et rendre son application obligatoire, comme l’ont fait d’autres provinces canadiennes. L’Association croit que le testament de fin de vie encouragerait notamment la discussion entre le médecin et son patient et une décision respectueuse de ses volontés. S’enquérir de l’existence de ce document devrait faire partie des pratiques du personnel soignant et des informations de base colligées dans le dossier de l’usager.

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