TÉMOIGNAGES- En quoi la pandémie de COVID-19 bouleverse-t-elle votre pratique et votre quotidien?

Vous êtes médecin, pharmacien(ne), infirmière ou gestionnaire d'établissement de santé?Faites-nous part de votre expérience sur le terrain, de vos inquiétudes, de vos réflexions. À quoi ressemble votre quotidien désormais? cela affecte-t-il aussi votre vie personnelle?Envoyez-nous votre témoignage, en précisant votre nom et votre profession, et nous le publierons. VOS TÉMOIGNAGES : La pandémie nous invite à revoir nos priorités«La pandémie nous invite à revoir nos priorités et nos valeurs, à jeter un regard critique sur nos choix individuels et collectifs, à nous pencher sur notre créativité pour faire face à tous les enjeux que nous apporte cette crise. Malgré l'inquiétude qui nous tenaille, nous voyons des mouvements de solidarité naître. Nous apprenons que dans l'isolement, ce n'est pas la consommation de biens qui nous manque le plus, mais bien la présence d'autres humains. Nous découvrons comment nous pouvons être fiers d'être québécois, comment nous savons nous serrer les coudes même quand nous ne pouvons plus nous fréquenter. Nous avons l'occasion de repenser nos vies, de ne plus vivre à un rythme effréné ou comme des automates et d'effectuer un repli sur soi, pour découvrir à nouveau l'humour, l'écriture, la lecture, l'art et la musique pour être émus ; nous sommes encore là. Nous découvrons dans l'adversité, une force plus grande que chacun que nous.»Jessika Roy-Desruisseaux, MD, FRCPCGérontopsychiatreChef de service en gérontopsychiatrieProfesseur adjoint en psychiatrie, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de SherbrookeCIUSSS de l'Estrie - CHUS, site Argyll«Comme dans un film»«Le stress a commencé à se faire sentir. On ne voulait pas rester en Norvège indéfiniment. Moi je commençais à penser au fait que j’avais des patientes et une équipe qui m’attendaient. On a commencé à réaliser qu’il fallait quitter l’Europe au plus vite», raconte une gynécologue québécoise, en périple en Europe du Nord au moment même où plusieurs pays ont commencé à fermer leurs frontières. Lire son l'intégralité de son témoignageCOVID-19: Les soins à domicile oubliés«Avec le vieillissement de la population, les soins à domicile ont une importance cruciale. Les équipes de médecins et d’infirmières à domicile ont pour mission d’éviter que des personnes âgées et frêles ne se retrouvent hospitalisées, de prodiguer des soins palliatifs de qualité aux patients atteints de maladies terminales, et de donner accès aux soins de santé autrement que via l’urgence pour les patients en perte d’autonomie. Le but de ce service est de travailler en amont des hôpitaux pour empêcher le tsunami gris de patients vieillissants de venir surcharger le système hospitalier. Plus il y a d’infirmières et des médecins dépêchés dans la communauté, en première ligne, pour soigner ces individus vulnérables et malades, mieux les centres hospitaliers se porteront.Ce constat est encore plus vrai en situation de pandémie.Actuellement, il est urgent d’augmenter drastiquement les effectifs en soins à domicile pour éviter le plus possible que nos patients en fin de vie de maladies chroniques ne viennent choir sur un lit d’hôpital. Nous avons besoin d’une armée de médecins et d’infirmières sur le terrain, non pas pour ne faire que des soins de fin de vie aux patients qui mourront du covid, mais aussi pour empêcher que les grands malades cardiaques et pulmonaires ne se retrouvent hospitalisés dans le contexte actuel.Or, lorsque nous recevons les communiqués de nos fédérations médicales, on nous demande, certes, de venir prêter main forte aux cliniques COVID et au CHSLD, mais rien, pas un seul mot, sur les soins à domicile.Par ailleurs, l’INSPQ, dans ses publications, émet des recommandations sur les mesures de prévention et contrôle des infections dans différents milieux de soins : clinique, soins aigus, CHSLD…. Encore une fois, rien sur les soins à domicile.Cela fait 10 ans que je fais des soins à domicile. Je le sais, cette pratique n’a pas la cote auprès des décideurs. En temps de crise et de pression accrue sur le système de santé, les soins à domicile prennent tout leur sens, maintenant plus que jamais. Pourtant, ils sont complètement oubliés dans l’équation, c’est désolant.»Dre Eveline Gaillardetz, md-chef équipe médicale à domicile CLSC VerdunLire son guide pratique pour rehausser d’urgence les équipes médicales et les infirmières à domicileCHSLD: l'absence de visite n'est-elle pas encore plus néfaste pour nos aînés?Dans les CHSLD, le rôle des aidants naturels est évident: plusieurs aident leur parent à manger, au moins une fois par jour. L’aidant naturel voit son parent, lui parle, l’observe beaucoup plus que le personnel, et apportent souvent des observations précieuses. Il questionne le personnel, le médecin, il stimule le personnel à la vigilance, par sa présence même.La personne avec des troubles cognitifs majeurs sévères ne peut plus nommer, mais elle peut reconnaître une voix, une odeur. le toucher affectueux, lors d’une visite d’un aidant naturel. Si sa vie cognitive est fortement compromise, elle continue à éprouver des sentiments. Son aidant naturel est sa voix au chapitre.Reconnaissons aussi que la qualité des soins peut être variable et qu’une vigilance de la part des aidants naturels est utile.En gériatrie, et en particulier chez ces personnes en fin de vie prévisible, même si non immédiate, on privilégie la qualité de vie à la durée de vie. On fait le ménage des piluliers. On permet aux diabétiques de manger du chocolat. On soulage même si le soulagement peut diminuer la durée de vie. On les priverait de tout visiteur?Il y a certainement une possibilité de filtrer les visiteurs, de faire de l'enseignement, pour obtenir une sécurité microbiologiste, qui est nécessaire durant la pandémie, en préservant la sécurité psychosociale de nos aînés. Ne pourrait-on pas obtenir la même sécurité des visiteurs que des employés? «In medio stat virtus»… «primum non nocere » Revenons aux principes qui sous tendent les soins de confort.Si le confinement devait se prolonger au delà de quelques semaines, il sera intéressant d'observer les statistiques de mortalité dans les CHSLD.Dre Pauline Desrosiers

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