Pilulier: est-ce toujours la meilleure solution pour améliorer l'observance?

«Je note une tendance à la non-observance du traitement. Pouvons-nous fournir à Mme Smith ses médicaments dans un pilulier?»Souvent, nous décidons rapidement que la meilleure solution consiste à mettre tous les médicaments dans un emballage pour faciliter l'observance. Mais est-ce forcément la meilleure solution? Avons-nous cherché d’autres raisons possibles pour lesquelles les patients ne prennent pas leurs médicaments de manière optimale?La non-observance thérapeutique est complexe et multifactorielle. Ce qui est sûr, c'est qu'elle n'est pas toujours liée à l'oubli. Hippocrate aurait été le premier à établir un lien possible entre la non-observance des médicaments et la réponse négative au traitement vers 400 avant J.C. Au fil du temps, ce concept a été davantage discuté, développé et a évolué.Selon Hughtenburg et coll., divers termes, notamment «observance», «adhésion», «persistance» et «concordance», ont été associés aux patients ne prenant pas leurs médicaments de manière optimale. Voici leur définition:Observance: indique la mesure dans laquelle le patient suit les recommandations du prescripteur.Adhésion: indique la mesure dans laquelle le comportement relatif à la prise de médicaments correspond aux recommandations du fournisseur de soins de santé.Concordance: désigne un accord entre le prescripteur et le patient quant à l'objectif et l'utilisation du traitement. Ce terme est également de plus en plus utilisé pour aborder la pertinence du comportement relatif à la prise de médicaments.Persistance: il s'agit de la durée entre la première et la dernière dose, dans le cas d'un patient qui a arrêté le traitement.Il existe de nombreuses causes à la non-observance. Celles-ci peuvent être liées aux croyances personnelles du patient, à sa ou ses maladies ou à la relation entre le patient et le prescripteur.Dans un article récent de Marcum et coll., la non-observance aux médicaments est liée à au moins six des phénotypes représentatifs suivants:Le patient ne comprend pas la pertinence de l'observance pour maintenir sa santé et son bien-être;Le patient considère que les bénéfices de la prise de médicaments ne l'emportent pas sur les coûts;La complexité de la gestion des médicaments dépasse la capacité de compréhension du patient;Le patient n'est pas suffisamment vigilant;Le patient a des croyances normatives inexactes, irrationnelles ou contradictoires sur les médicaments;Le patient ne perçoit pas le médicament comme ayant une efficacité thérapeutique.Marcum et coll. soutiennent que chaque phénotype est associé à des comportements et des barrières spécifiques et nécessite différents outils de diagnostic et traitements. Les auteurs suggèrent également d'incorporer une routine pour détecter la non-observance thérapeutique avec des méthodes et des instruments qui ont fait leurs preuves. Quelques-uns de ces instruments sont répertoriés ici (en anglais):Estimateur de l'observanceScore Medi-CogÉchelle d'observance aux médicaments MoriskyQuestionnaire sur les croyances vis-à-vis des médicaments (général et spécifique)Ecological momentary assessment (EMA)Dans le même ordre d'idées, Hugtenburg et coll. indiquent également que la non-observance aux médicament peut être intentionnelle comme non-intentionnelle. En cas de non-observance involontaire, on peut veiller à simplifier le régime, en rappelant aux patients de prendre leurs médicaments et en aidant les patients à intégrer la prise de médicaments dans leur routine quotidienne. En revanche, pour la non-observance intentionnelle, des interventions comportementales telles que le recours à des entretiens motivationnels s'avèrent plus appropriées.D'après mon expérience, je conviens que tous les cas de non-observance ne sont pas liés à l'oubli. Beaucoup de patients ne comprennent pas pleinement pourquoi la prise de médicaments est importante pour prévenir certaines complications de santé. Parfois aussi, les patients n’ont pas la capacité de suivre leur régime médicamenteux complexe (par exemple, initier l’insuline et surveiller la glycémie). D'autres fois, cela est lié au coût, mais le patient peut ne pas vouloir l'avouer.Dans l'ensemble, la non-observance aux médicaments est complexe, et j'estime que le pharmacien peut ici jouer un rôle important dans l'éducation, l'exploration des causes et peut-être l'administration de ces outils de dépistage pour identifier les solutions les mieux adaptées. Surtout, je ne crois pas que le pilulier soit toujours la meilleure solution.Ainsi, la première étape importante consiste à impliquer le patient. Sinon, cela revient à gaspiller des ressources pour dispenser des médicaments (dans un emballage facilitant l'observance) qui ne seront pas pris comme prévu et la santé du patient pourrait continuer à se détériorer.Avez-vous de l'expérience en lien avec la non-observance aux médicaments?*Cynthia Leung est pharmacienne en exercice à Kingston, en Ontario. Ce texte a d'abord été publié sur son blogue, drugopinions.Veuillez noter que cet article représente l'opinion de l'auteure et non celle de ses employeurs actuels ou anciens et / ou des organisations auxquelles elle appartient. Tous les scénarios décrits ont été modifiés pour maintenir la confidentialité des patients.

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