Dossier clinique informatisé CHUM et CUSM: Mobilité et sécurité, les grands besoins des cliniciens

«L’intégration technologique est une occasion unique de revoir des processus désuets. Mais comme dans tout changement, il s’agit à la fois d’intégrer l’outil aux processus de travail et de ne pas laisser les contestataires ralentir l’intégration du système.» C’est ce qu’indique à Profession Santé le Dr Luc Valiquette*, directeur clinique de la transition technologique du CHUM depuis 2008.En compagnie de son homologue du CUSM, le Dr Jeffrey S.T. Barkun, le Dr Valiquette a présenté un bilan de leur expérience commune lors du récent Forum Santé International 2013, tenu à Montréal. Les deux hôpitaux sont partenaires pour implanter le dossier clinique informatisé (DCI).TransitionLa transition technologique consiste à mettre en place des systèmes d’information cliniques et administratifs, en vue de redéployer les équipes des deux CHU vers de nouveaux sites. Cela inclut aussi l’infrastructure qui supporte ces systèmes.Le Dr Valiquette fait remonter au rapport To Err is human (Institute of Medicine, 2000) l’idée qu’en disposant d’un système d’information clinique efficace, on pourrait diminuer les erreurs médicales. Centraliser et partager l’information clinique d’un patient entre les cliniciens concernés constituent en effet, selon lui, des conditions de base pour améliorer les soins qu’on lui dispense.À la suite d’un appel d’offres, en 2003, et au fil de divers changements, c’est le système d’information clinique aujourd’hui appelé Oacis (Open Access Clinical Information System) qui a été retenu. Il s’agit d’un système «intégrateur de systèmes déjà existants», précise le médecin. Plusieurs établissements de santé du Saguenay l’ont adopté et il est en phase de projet-pilote à Laval, dans Lanaudière et dans les Laurentides. Environ 16 000 cliniciens et professionnels de la santé l’utilisent au Québec.VisualisateurOacis était conçu au départ surtout comme un visualisateur de résultats, poursuit le Dr Valiquette. Au fil du temps, on a ajouté divers modules, avec accès aux notes cliniques – labos, pharmacie, signes vitaux relevés par les infirmières, etc. L’heure est à l’interactivité aussi. On peut également l’utiliser pour rédiger des ordonnances, lorsqu’on prescrit des examens de radiologie par exemple.Le médecin se souvient par ailleurs du temps, pas si lointain, où il se promenait avec une feuille contenant de multiples codes et mots de passe qu’il fallait changer tous les mois, pour certains, et à une autre fréquence, pour d’autres. «Aujourd’hui, avec Oacis, c’est un seul accès, à l’hôpital ou à distance, par un code ou par la biométrie.» L’idée est d’avoir aussi un seul et même système, afin de répliquer Oacis à la grandeur des hôpitaux de la métropole, via l’ASSS de Montréal. La compagnie Telus, partenaire d’affaires, fournit une plateforme Open access pour créer des interfaces.MobilitéLes cliniciens embarquent-ils dans cette transition technologique? «Oui, mais comme pour tout changement, il y a de la résistance. On ne pourra pas revenir en arrière cependant, quand on peut avoir accès à l’information clinique sur le bout des doigts.» Mais que souhaitent surtout les médecins? «Davantage de mobilité des données cliniques. Ils veulent y accéder à partir d’une tablette ou d’un cellulaire. Cette demande de mobilité, c’est nouveau. Il faut donc accélérer la création de nouveaux interfaces.»Le leadership à cet égard revient à l’Hôpital d’Ottawa, qui a offert un ipad à tous ses médecins et résidents, afin de permettre l’interface au chevet du patient, à la clinique, etc. «Les cliniciens veulent aussi pouvoir adapter la technologie à leur pratique personnelle, selon l’outil dont ils disposent, avec visualisation sur un petit appareil». C’est la philosophie du Bring your own device (BYOD).SécuritéL’hôpital numérique devient de plus en plus une réalité et, selon le Dr Valiquette, le système est apprécié des cliniciens. «Ils sont convaincus des bénéfices cliniques à terme, et leurs attentes évoluent au gré de l’apparition des nouvelles technologies. En résumé, ils demandent plus de fonctionnalité et plus de mobilité.» Le grand défi actuel, selon lui, consiste à trouver l’équilibre entre utilité et sécurité. «Pour les applications, ce défi de la sécurité nous préoccupe vraiment.»Cela dit, il existe bien des limitations dans le recours à Oacis. «D’une part, le fait que la transition technologique requiert des interfaces. D’autre part, je constate une lenteur au plan de la performance et des délais dans l’intégration de certains changements.»Dans l’implantation du DCI, bien des choses restent aussi à intégrer, dont les outils d’aide à la prise de décision (alertes pharmacologiques, bilan comparatif électronique, outils d’alerte, etc.). Il faudra également intégrer la documentation clinique (contrôle des infections, feuille d’enregistrement des médicaments) et l’infrastructure pour les applications mobiles.Des milliers de cliniciensAvec l’avènement du DCI dans les deux grands hôpitaux universitaires montréalais, la transition implique des milliers de cliniciens et de professionnels. «Chaque hôpital développe ses projets-pilotes et on se sert de l’expérience de l’autre», indique le Dr Valiquette.Au CHUM comme au CUSM, on expérimente des outils mobiles pour collecter des données cliniques au chevet du patient (expérimentation par des infirmières du CUSM sur téléphone intelligent, par exemple). On expérimente aussi, dans les deux hôpitaux, des outils sans fil pour consulter Oacis (tablette électronique, ordinateur du chariot, petits ordinateurs portables). «Mais encore une fois, le grand défi, c’est la sécurité», conclut le médecin.*Chirurgien urologue, professeur et directeur du département de chirurgie, Université de Montréal-CHU Montréal. Ex-président du CMDP, engagé dans l’implantation du dossier clinique informatisé du CHUM depuis 2001.

Dossier clinique informatisé CHUM et CUSM: Mobilité et sécurité, les grands besoins des cliniciens

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes