Des pharmaciens en GMF, une forte valeur ajoutée pour les médecins et les infirmières

Même si la présence de pharmaciens en GMF est relativement récente dans plusieurs cliniques médicales, leur contribution s’est rapidement fait sentir auprès des médecins et des infirmières des milieux où ils pratiquent. Le directeur médical de la Clinique Lévis-Métro, le Dr Jean Kronstrom, se dit très satisfait, mais pas si surpris de la contribution des deux pharmaciennes.Au GMF Lévis-Métro, où deux pharmaciennes sont à l’œuvre depuis cinq mois, le directeur médical, le Dr Jean Kronstrom, se dit très satisfait de leur apport. «C’est une forte valeur ajoutée», apprécie-t-il.Ce GMF, qui passera bientôt au niveau 9, compte 31 médecins. Il disposait d’un budget de 91 000$ pour recruter un pharmacien à temps complet ou deux à temps partiel. Il a opté pour la deuxième option, ce qui lui permettait de s’assurer de la présence d'un pharmacien 24 heures par semaine réparties sur quatre jours. Il a retenu les candidatures de Marie-Josée Massicotte et Marie-Aimée Kronstrom, des pharmaciennes d’expérience qui aspiraient à vivre une nouvelle expérience en allant pratiquer dans un GMF.Attentes à satisfaireQuand les médecins de la clinique se sont prononcés en faveur de l’embauche de pharmaciennes il y a un an et demi, il y avait encore peu de précédents en GMF. Ils ont donc déterminé à l’avance ce qu’ils attendaient d'elles:- faire le lien avec les pharmaciens communautaires afin de diminuer les appels téléphoniques et les fax;- aider les médecins dans la médication de patients avec plusieurs pathologies et plusieurs traitements;- donner des avis écrits sur certains médicaments dans des situations complexes;- faire de l’enseignement sur divers sujets, tels que la Loi 41, et à la demande, donner des formations sur des médications particulières ou des interactions médicamenteuses.En tout, les médecins avaient établi une liste d’une vingtaine de tâches pour les deux pharmaciennes.Bilan après 5 moisCinq mois après leur arrivée, les résultats étaient à la hauteur des attentes.«Ça correspond exactement à ce que l’on pensait, dit le Dr Kronstrom. Presque tous nos objectifs ont déjà été atteints. Nous sommes très satisfaits de leur contribution, de leur participation aux réunions d’équipe, des cours qu’elles nous donnent et de la relation qu’elles ont avec les pharmacies communautaires. Il y a encore des choses que l’on attend d’elles, telles que prendre en charge les ordonnances collectives dans la clinique, mais somme toute, nous sommes très satisfaits, et pas si surpris.»Les premières responsabilités qu’elles ont prises et qui comblent le plus les médecins à ce jour sont les relations avec les pharmacies communautaires et, sur un pied d’égalité, les évaluations de dossiers pharmacologiques complexes.«Leur présence et leur travail nous sauvent du temps et nous permettent de faire des actes cliniques pour lesquels nous sommes formés, et elles font de leur côté des choses pour lesquelles elles sont formées, dit le Dr Kronstrom. Le patient y gagne beaucoup, car il a droit une meilleure prise en charge.»Présence en GMFLeur présence au sein même du GMF permet à tous de gagner un temps précieux. Les médecins peuvent les joindre rapidement. Les deux groupes communiquent ensemble au moyen de courriels internes, par messages dans le pigeonnier ou lors de rencontres dans les corridors. Les deux pharmaciennes ont aussi accès aux dossiers médicaux des patients; elles peuvent donc consulter et évaluer un dossier dans son ensemble et mieux conseiller les médecins et les infirmières.«Avoir accès au dossier clinique, au DME et voir les notes évolutives nous aident à mieux comprendre et apporter la dimension pharmaceutique appropriée», se réjouit Marie-Josée Massicotte. Lire la suite en page 2L’intégration au sein de l’équipe de médecins s’est aussi faite très rapidement.«Ça s’est passé tout seul, raconte le Dr Kronstrom. J’ai fait une réunion pour les présenter. La semaine suivante, elles donnaient une conférence sur leur rôle, suivie par un échange de questions. On voyait que leur présence créait de l’engouement, car les médecins posaient des questions et il y avait déjà une interaction importante avec elles.»Pouvoir innoverComme sa collègue, Marie-Aimée Kronstrom était excitée à l’idée de vivre cette nouvelle aventure en GMF. Les pharmaciennes Marie-Josée Massicotte et Marie-Aimée Kronstrom pratiquent toutes deux au GMF Lévis-Métro, à Lévis, depuis le mois de juin.«J’ai touché à plusieurs domaines, explique-t-elle. Le GMF offre une nouvelle pratique pharmaceutique. Comme j’ai toujours été une amoureuse de la profession, je me suis dit que cela bouclerait la boucle. Ici, je vais pouvoir innover, offrir mon expertise. On a du temps pour travailler plus le côté clinique de notre travail et pratiquer de façon interdisciplinaire avec les autres professionnels de la clinique, comme les infirmières, un aspect du métier qui m’a toujours interpelée.»«On sait au départ qu’on a plutôt un rôle conseil. Un pharmacien en GMF est un facilitateur, ajoute Marie-Josée Massicotte. Chaque GMF étant différent, les besoins sont différents, mais à la base, le travail reste le même parce que des pharmaciennes, ça reste des pharmaciennes. C’est un travail plus clinique, d’analyses, de conseils.»Marie-Aimée Kronstrom juge aussi que le fait de travailler côte à côte au sein d’une clinique va aussi permettre aux médecins de connaître le vrai rôle du pharmacien et son expertise, surtout au niveau de la médication complexe. Le pharmacien peut conseiller les médecins dans le choix des médicaments, contribuer à ajuster ou changer la molécule, améliorer la médication, faire le ménage dans ses médicaments, faire le suivi avec son pharmacien communautaire et recevoir la rétroaction ce dernier.«Parfois, les pharmaciennes communautaires ont un cas complexe d’un patient de notre clinique, décrit Marie-Josée Massicotte. Ce n’est pas toujours facile de rejoindre le médecin. Elles peuvent alors passer par nous. On fait une suggestion au médecin en personne ou par le DME. Le médecin nous répond. Nous faisons le suivi auprès du pharmacien communautaire, qui me revient par la suite. Ainsi, on fait la boucle.»Autre exemple de contribution, elle a déjà aidé une jeune médecin à initier un traitement de lithium. Les deux pharmaciennes du GMF Lévis-Métro ont aussi créé une rubrique pharmaceutique qui sera publiée tous les mois à l’intention des médecins et des infirmières de laClinique Lévis-Métro. Elles accueillent par ailleurs des stagiaires en pharmacie. Il leur arrive aussi de rencontrer directement des patients à la demande des médecins.Formation sur la douleur chroniqueMarie-Aimée Kronstrom ne veut pas s’arrêter là. Elle a l’intention de bâtir un programme destiné aux médecins pour le suivi des patients qui ont des douleurs chroniques. Il portera sur les opiacés, notamment la façon de les retirer de la médication. Ce programme sera réalisé avec des étudiants de 4e année en pharmacie de l’Université Laval.«C’est un peu notre rôle de construire des projets du genre, commente-t-elle. On veut faire rayonner l’image du GMF, et que le patient traité reparte avec une meilleure qualité de soins grâce au travail conjoint de son médecin, de son infirmière et de la pharmacienne.»«C’est sûr que c’est une pratique qui est stimulante, conclut-elle. C’est innovateur, ça nous fait aller au-delà de notre zone de confort et ça va dans le sens de la nouvelle pratique des pharmaciens de faire de l’analyse. La pratique de la pharmacie évolue. Ici, en GMF, on est loin de la distribution des médicaments.»

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