Des médecins étrangers demandent au ministre Bolduc de s’élever au-dessus des intérêts politiques

Il n’y a pas que des membres de la communauté médicale du Québec à s’élever et à s’indigner de l’exportation d’amiante québécoise, le chrysotile, vers des pays en développement. Dans une lettre adressée au ministre Yves Bolduc, le 9 juin, plus d’une trentaine de médecins originaires de l’Amérique du Nord et du Sud, de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique soutiennent que les affirmations du Québec à l’effet que l’exposition à une fibre d’amiante chrysotile par centimètre cube d’air ne comporte aucun risque sont fausses. Ils rappellent au ministre qu’en 2009, l’Agence internationale pour la recherche sur le cancer a de nouveau confirmé que le chrysotile provoque des cancers du poumon, du larynx, des cancers ovariens et des mésothéliomes. Plusieurs organisations médicales, de l’Organisation mondiale de la santé à l’Association médicale canadienne, ont déjà indiqué qu’il n’existe pas de niveau d’exposition sécuritaire au chrysotile, qu’il continuera à tuer pendant des années et que son usage devrait être interdit, ce qu’ont fait 50 pays. Même au Québec, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) s’est opposée à la politique de l’amiante du gouvernement Charest, souligne-t-on au ministre.Ces médecins estiment que le Dr Bolduc a le devoir de se conformer à son Code de déontologie et de s’élever au-dessus des intérêts politiques afin de protéger la santé publique.Pas ébranléCette lettre n’a pas ébranlé le ministre de la Santé. Il soutient la ligne de parti de son gouvernement qui continue à faire la promotion « sécuritaire » de l’amiante malgré l’avis du milieu médical local et international sur les dangers du chrysotile.Pression des milieux médicauxMême s’ils ne sont pas écoutés par les gouvernements, les milieux médicaux maintiennent et accentuent leur pression sur Québec et Ottawa afin d’empêcher ou de mettre un terme à la vente de chrysotile québécois à l’étranger.Dans une lettre remise au premier ministre Jean Charest à la fin juin, la Société canadienne du cancer l’enjoint de ne pas approuver une garantie de prêt de 58 millions $ qui permettrait la réouverture de la mine d’amiante Jeffrey, à Asbestos, en raison des risques du chrysotile sur la santé publique. La Société rappelle que toutes les formes d’amiante, y compris le chrysotile extrait au Québec, provoquent le cancer et que les tragédies des maladies causées par l’utilisation de l’amiante au Canada se répètent maintenant dans certaines parties de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine. La Société rappelle que chaque année, environ 90 000 personnes décèdent à l’échelle mondiale d’une maladie causée par une exposition à l’amiante et que le chrysotile importé du Québec contribue largement à ce triste bilan.Le lendemain de l’envoi de cette lettre, c’était au tour de l’Association canadienne de santé publique, de l’Association médicale canadienne et de la Société nationale des spécialistes pour la santé communautaire de demander aux gouvernements fédéral et provinciaux d’arrêter l’extraction de l’amiante et d’en interdire l’utilisation et l’exportation pour des raisons de santé publique. Les trois associations rappellent que 40 pays, y compris tous les États membres de l’Union européenne, ont interdit l’utilisation de toute forme d’amiante, incluant le chrysotile.« Il est inconcevable que l’on restreigne l’utilisation de l’amiante dans notre propre pays, mais que l’on continue d’exporter ce produit dangereux dans le monde entier », a déclaré la présidente de l’Association médicale canadienne, la Dre Anne Doig.

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