Des experts de la ménopause se plaignent de «l’effet Oprah»

«Les hormones bio-identiques, qu’appuie la science des célébrités, en particulier l’effet récent d’Oprah qui utilise ces hormones, n’ont pas été vraiment étudiées, a déclaré la Dre Michelle Warren, de l’Université Columbia de New York. Il est évident que les femmes fabriquent des hormones bio-identiques... Il n’est pas prouvé que les hormones que fabriquent elles-mêmes les femmes soient plus sécuritaires que n’importe quelle hormone sur le marché.»Le Dr Robert Reid, de l’Université Queen de Kingston, Ontario, a participé à l’écriture des lignes directrices de la North American Menopause Society.«Si une femme a eu ses premières règles à l’âge de 8 ans au lieu de 14, son risque à vie d’avoir un cancer du sein est augmenté – ce sont 6 années d’hormones naturelles en plus. Si elle entre en ménopause à 58 ans au lieu de 48, son risque d’avoir un jour un cancer du sein est augmenté – ce sont 10 années de plus d’hormones naturelles bio-identiques. Si elle subit une ovariectomie à l’âge de 30 ans, son risque d’avoir un jour un cancer du sein chute de façon spectaculaire parce que nous avons enlevé ses hormones naturelles, bio-identiques. Par conséquent, il est ridicule d’affirmer que parce qu’elles sont naturelles, les hormones bio-identiques sont plus sécuritaires – et malheureusement, beaucoup de gens ont été induits en erreur.»Les deux spécialistes écartent de la même façon l’utilisation des médecines alternatives et complémentaires (MAC) dans le traitement des symptômes de la ménopause, tels que les bouffées de chaleur.« De plus en plus de données probantes semblent indiquer que la plupart des thérapies alternatives et complémentaires ont un peu plus d’effet que le placebo sur les symptômes vasomoteurs, a dit le Dr Reid. Il n’existe pas de données sur la sécurité des MAC et les interactions médicamenteuses sont possibles. Elles ne devraient pas être recommandées aux patientes.»De la méfiance envers l’HTSMais la popularité de ces médecines parallèles est clairement due à la méfiance qu’ont les médecins et les patientes envers l’utilisation de l’HTS.«Des collègues m’ont dit : “Ma pratique est devenue beaucoup plus facile depuis la publication des résultats de l’étude Women’s Health Initiative (WHI) parce que je n’ai pas à passer mon temps à parler de la ménopause aux femmes.” Elles ont peur des hormones et cela accélère vraiment la consultation. Elles veulent aller à la pharmacie et acheter certains produits naturels vendus sans ordonnance, indique le Dr Reid. Nous ne pouvons ignorer ce problème car nous sommes à la veille d’un boom de population; nous allons voir de façon imminente plus de femmes entrer en ménopause que jamais auparavant. Les gens appellent ça le tsunami générationnel.»Depuis la publication des résultats de l’étude WHI en 2002, les femmes ménopausées et leurs médecins ont eu peur de traiter les symptômes de la ménopause par l’HTS. Le Dr Reid a estimé que 50 % des femmes qui prenaient une HTS ont cessé après la publication de l’étude, qui rapportait des augmentations des cas de cancer du sein, d’accident vasculaire cérébral et de maladie cardiovasculaire chez les femmes traitées par une HTS.Mais le Dr Reid et la Dre Warren ont déclaré que l’HTS demeure le traitement le plus efficace pour les symptômes vasomoteurs modérés à importants, et que les résultats de l’étude WHI ont été gonflés hors de proportion. Ils ont expliqué qu’il n’y avait aucune donnée convaincante appuyant une augmentation du risque de maladie cardiovasculaire chez les femmes nouvellement ménopausées qui commençaient une HTS, et le risque absolu de cancer du sein associé à une exposition à court terme à l’HTS est faible et est comparable aux risques associés aux choix de mode de vie.«Il faut aussi rassurer les femmes sur ce sujet car le cancer du sein et les maladies cardiaques sont les deux maladies graves qui leur font craindre d’utiliser des hormones pour soulager leurs symptômes vasomoteurs, a dit le Dr Reid. Nous ne devrions pas commencer en leur recommandant les MAC parce que les patientes s’en iront, ne seront pas soulagées par ces traitements et penseront que nous ne nous intéressons pas à leurs préoccupations. En cette circonstance, notre recommandation première devrait être le traitement hormonal.»«Cela me fait de la peine de voir des femmes entrer dans mon bureau et n’avoir que des symptômes absolument terribles», a souligné la Dre Warren.Les deux médecins ont précisé que bien qu’ils soient prudents en prescrivant l’HTS et qu’ils ne proposent pas son utilisation prolongée, il ne faut pas interrompre arbitrairement la prise de ce traitement simplement parce qu’on a peur que les hormones causeront des problèmes plus tard. L’HTS doit continuer à être prise aussi longtemps que la femme rapporte les symptômes qui avaient donné lieu à la première prescription de l’HTS.

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