Des consultations d’ajustement pour atteindre des cibles thérapeutiques… en pharmacie

Verlaine Ménard-D., Nathalie Larouche et Kim RobitailleDans le cadre de la Loi 41, certains pharmaciens offrent de nouveaux services cliniques à leurs clients dans leur pharmacie. C’est le cas de Kim Robitaille et Verlaine Ménard-D., deux pharmaciennes de Trois-Rivières qui ont commencé à offrir leurs premières consultations d’ajustement pour l’atteinte de cibles thérapeutiques.L’un des prérequis pour se consacrer à des activités cliniques est de trouver du temps. Nathalie Larouche, une pharmacienne-consultante, a expliqué comment s’y prendre lors d’un atelier donné lors du 3e Forum pour l’avancement de la pratique pharmaceutique (FRAPP).«Tout est une question de capacité à déléguer», a-t-elle souligné. Si les pharmaciens arrivent à confier à d’autres professionnels les tâches de distribution et de vérification, ils pourront s’occuper de celles qu’eux seuls peuvent faire, comme les ajustements de la médication afin d’atteindre les cibles.Selon Nathalie Larouche, même certaines tâches de gestion, comme les horaires courants ou les suivis de réclamations, peuvent être déléguées à des personnes de confiance qu'on aura pris soin de former.Cela implique bien sûr aussi de donner à ses employés les outils nécessaires et «de leur expliquer comment les choses doivent être faites». En effet, en pharmacie, il y a toute la question de la sécurité avec laquelle il faut être particulièrement vigilant. «On n’encercle pas les DIN pour faire joli, mais bien parce qu’on les a vérifiés, et celui qui le fait doit avoir conscience de l’importance de cette vérification», souligne par exemple Nathalie Larouche. Il faut donc prendre le temps d’investir dans la formation, et assumer aussi un rôle de «coach» en expliquant le pourquoi de ce que l’on demande.Un rôle clinique à développerPour Kim Robitaille et Verlaine Ménard-D., c’est l’avenir de la pharmacie qui est ici en jeu. «Cela nous permet davantage de faire valoir le rôle du pharmacien comme spécialiste du médicament. Et cela rend notre pratique plus clinique, plus intéressante, parce qu’au final, c’est pour cela qu’on a étudié», souligne Kim Robitaille.«On est à un tournant de la profession, soit on va devenir des super distributeurs surformés, soit il faut revoir tout le mode de rémunération pour que les pharmaciens fassent plus de clinique», ajoute sa collègue, Verlaine Ménard-D., car c’est ce que veulent les nouveaux doctorants et ce pourquoi ils sont maintenant formés.Il faut aussi bien se préparer avant de commencer à se lancer dans des suivis pharmaceutiques ou de l’ajustement. Intéressées par cette intervention, les deux jeunes femmes ont commencé par réfléchir à la façon de recruter leurs premiers patients. Étant donné que ces activités sont nouvelles, il faut commencer par les promouvoir auprès des patients.«C’est un service payant, rappelle Kim Robitaille, et les patients ne sont pas habitués à payer pour la prise en charge de leur thérapie médicamenteuse, parce qu’habituellement elle est faite sans frais supplémentaire par le médecin.»Obtenir l’accord des médecinsLes pharmaciennes ont ciblé trois façons de procéder.La plus facile est de repérer les patients qui en ont besoin: le patient est en demande et il a une opinion positive de son pharmacien. Cela implique néanmoins d’obtenir l’accord du médecin traitant pour obtenir les cibles à atteindre, ce qui peut être un défi. «Sans cet accord, on ne peut pas suivre le patient et tout le processus tombe à l’eau. Il faut donc convaincre les prescripteurs, même si, eux aussi, sont payés pour faire ces suivis. Parfois il y a une certaine chasse gardée, mais des médecins sont conscients qu’ils doivent déléguer pour prendre plus de patients», explique Verlaine Ménard-D. Il ne faut pas hésiter à se jeter à l’eau, «même si tout n’est pas encore parfait», souligne Kim Robitaille. L’idéal est «de commencer avec un patient pour lequel on sait que le médecin sera d’accord pour donner les cibles».Une autre façon consiste à recruter certains patients au moment où ils se présentent avec une nouvelle ordonnance, ou lors d’un ajout. Cela peut-être une méthode un peu plus compliquée, car ce n’est pas évident de promouvoir le service et de convaincre le patient de sa plus-value. «Rester dans les cibles peut lui éviter des événements malencontreux», et il faut faire valoir que «les pharmaciens sont très bons pour ajuster les médicaments. C’est prouvé dans la littérature», rappelle Verlaine Ménard-D.La façon la plus compliquée, mais peut-être la plus payante à long terme, serait de cibler des patients via une démarche systématique, en faisant la promotion du service par téléphone ou le biais d'une lettre officielle. Une démarche qui n’a pas encore été entreprise dans l’officine où les deux pharmaciennes travaillent. Cela dit, l’implantation de ce nouveau service nécessite une promotion en amont avec les patients, mais aussi avec les prescripteurs qui ne savent pas tous que les pharmaciens peuvent maintenant «contribuer à l’atteinte de certaines cibles» dans le suivi de plusieurs maladies chroniques.Avant de proposer ces nouveaux services, il faut aussi avoir mis en place les bons outils pour assurer la prise en charge et le suivi. À Trois-Rivières, les deux pharmaciennes ont dû régler plusieurs questions techniques, puisque le logiciel qu’elles utilisaient n’était pas adapté à ce qu’elles voulaient faire.«Mieux vaut commencer avec un médicament que l’on connaît bien», dit Kim Robitaille.Une démarche de consultation structurée La prise en charge de l’ajustement pour l’atteinte de cibles thérapeutiques dans le contexte de la Loi 41 et son intégration à la chaîne de travail. Par Kim Robitaille et Verlaine Ménard-D., pharmaciennes

Des consultations d’ajustement pour atteindre des cibles thérapeutiques… en pharmacie

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes