Débat sur l'euthanasie – «L'enjeu n'est pas l'opinion de chacun, mais le sort d'un mourant»

La personne qualifiée qui aide un mourant, à sa demande, à se délester avec respect et compassion du fardeau qu’est devenue sa vie n’est pas un assassin qui donne la mort, mais un humaniste charitable, respectueux du droit que confère le caractère sacré de la personne de finir son existence selon ses valeurs profondes.Voilà le point de vue qu’a exprimé le Dr Marcel Boisvert lors d’un colloque intitulé Mourir dans la dignité, tenu à Belœil le 15 avril dernier. Membre de l’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD), ce gériatre, puis médecin en soins palliatifs à l’hôpital Royal-Victoria, aujourd’hui à la retraite, milite ouvertement en faveur de l’euthanasie, ce que bien peu de médecins québécois ont osé faire à ce jour.Selon lui, demander si l’on est POUR ou CONTRE l’euthanasie est une mauvaise question. Les répondants, affirme-t-il, ne font que défendre leurs valeurs. « L’enjeu n’est pas l’opinion de chacun. C’est le sort d’un mourant. » La seule manière de formuler cette question pour lui est la suivante : existe-t-il des circonstances où, pour soulager la souffrance intolérable d’un mourant, on peut à sa demande expresse écourter sa vie ? La morale affirme que non, en raison du caractère sacré de la vie. Mais l’éthique reconnaît que des circonstances exceptionnelles peuvent le justifier, plaide-t-il. Le bon sens face à un proche en phase terminale qui souffre le reconnaît aussi. « Dans cet état, il serait bien mieux mort. » « Il ne demande qu’à mourir. Pourquoi le Bon Dieu ne vient-il pas le chercher ? » entend-on après la visite d’un malade.Dans les années 1960, Glanville Williams, un juriste britannique, avait, dans son ouvrage The Sanctify of Life et dans The Criminal Law, publié ses recherches sur les tentatives infructueuses à travers le monde pour légiférer en faveur de l’euthanasie sur demande. Il en était venu à la conclusion que les principaux motifs d’opposition étaient essentiellement de nature religieuse, explicite, implicite ou occulte. Le Dr Boisvert, qui cite cet ouvrage, croit que, aujourd’hui encore, les objections à l’euthanasie procèdent de sentiments conscients ou subconscients de nature religieuse qui font de la vie un intouchable don de Dieu. Or, pour lui, parler d’euthanasie, c’est revendiquer la préséance du caractère sacré de la personne sur celui de la vie.Existe-t-il un droit de mourir ? Laissons cette question aux juristes, répond le Dr Boisvert, et préoccupons-nous du QUAND une loi en ce sens sera promulguée au Canada et du COMMENT en s’inspirant d’autres législatures à l’étranger.

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