De nouvelles études confirment la théorie selon laquelle le coronavirus est apparu dans la nature

Deux nouvelles études apportent des preuves supplémentaires que la pandémie de coronavirus a pour origine un marché de Wuhan, en Chine, où des animaux vivants étaient vendus, renforçant la théorie selon laquelle le virus est apparu dans la nature plutôt qu'à la suite d'une fuite d'un laboratoire chinois. Les deux études, publiées mardi en ligne par la revue Science, suggèrent que le marché de Huanan, à Wuhan, a probablement été l'épicentre initial du fléau qui a maintenant tué près de 6,4 millions de personnes dans le monde. Les scientifiques concluent également que le virus à l'origine de la COVID-19, le SRAS-CoV-2, est probablement passé des animaux aux humains à deux reprises. «Toutes ces preuves nous indiquent la même chose: elles pointent vers ce marché particulier au milieu de Wuhan», a affirmé Kristian Andersen, professeur au département d'immunologie et de microbiologie de Scripps Research et coauteur de l'une des études. «J'étais moi-même assez convaincu de la fuite du laboratoire jusqu'à ce que nous nous plongions dans cette affaire et que nous l'examinions de beaucoup plus près.» Dans une étude, qui a intégré des données recueillies par des scientifiques chinois, Michael Worobey, biologiste évolutionniste de l'Université de l'Arizona, et ses collègues ont utilisé des outils de cartographie pour estimer les emplacements de plus de 150 des premiers cas de COVID-19 signalés en décembre 2019. Ils ont également cartographié les cas de janvier et février 2020 en utilisant les données d'une application de médias sociaux qui avait créé un espace permettant aux personnes atteintes de la maladie d'obtenir de l'aide. Ils se sont posés la question suivante: «Parmi tous les endroits où les premiers cas auraient pu vivre, où ont-ils vécu? Il s'est avéré qu'il y avait un schéma particulier dans lequel la plus forte densité de cas était à la fois extrêmement proche et très centrée sur ce marché», a indiqué Michael Worobey lors d'un point de presse. «Essentiellement, ça s’applique à tous les cas de décembre et également à des cas sans lien connu avec le marché... Cela indique que le virus a commencé à se propager chez les personnes qui travaillaient au marché, puis a commencé à se propager dans la communauté locale.» Kristian Andersen a indiqué qu'ils ont également trouvé des groupes de cas à l'intérieur du marché, et que ceux-ci sont «très spécifiques» aux parties du marché où ils savent maintenant que les gens vendaient des animaux sauvages, tels que des chiens viverrins, qui sont susceptibles d'être infectés par le coronavirus. Deux lignées Dans l'autre étude, les chercheurs ont analysé la diversité génomique du virus à l'intérieur et à l'extérieur de la Chine, en commençant par les génomes des échantillons les plus anciens en décembre 2019 et en poursuivant jusqu'à la mi-février 2020. Ils ont constaté que deux lignées, soit A et B, ont marqué le début de la pandémie à Wuhan. Joel Wertheim, coauteur de l’étude et expert en évolution virale à l'Université de Californie à San Diego, a souligné que la lignée A est plus proche génétiquement des coronavirus de chauve-souris, mais que la lignée B semble avoir commencé à se propager plus tôt chez l'homme, notamment au marché. «Ça donne l’impression qu'un événement qui ne se produit qu'une fois par génération s'est produit deux fois de suite», a affirmé Joel Wertheim. Mais certaines conditions étaient réunies, comme la proximité de personnes et d'animaux et un virus qui peut se propager des animaux aux humains et des humains aux humains. Ainsi, «les obstacles à la propagation ont été abaissées de telle sorte que que l'on peut s'attendre à des introductions multiples», a-t-il ajouté. Fuite de laboratoire De nombreux scientifiques croient que le virus est passé des chauves-souris aux humains, soit directement, soit par l'intermédiaire d'un autre animal. En juin, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé une enquête plus approfondie pour déterminer si un accident de laboratoire pouvait être en cause. Ses détracteurs avaient déclaré que l'OMS avait écarté trop rapidement la théorie de la fuite du laboratoire. «Avons-nous réfuté la théorie de la fuite du laboratoire? Non, nous ne l'avons pas fait, a précisé Kirstian Andersen. Mais je pense que ce qui est vraiment important ici, c'est qu'il y a des scénarios possibles et des scénarios plausibles et il est vraiment important de comprendre que possible ne veut pas dire également probable.» Les origines de la pandémie restent controversées. Certains scientifiques sont d’avis qu'une fuite de laboratoire est plus probable, tandis que d'autres restent ouverts aux deux possibilités. Matthew Aliota, chercheur à la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université du Minnesota, a déclaré que, selon lui, ces deux études «mettent un terme, avec un peu de chance, à l'hypothèse de la fuite de laboratoire». «Ces deux études fournissent des évidences convaincantes de l'hypothèse de l'origine naturelle», a affirmé Matthew Aliota, qui n'a participé à aucune des deux études. Étant donné qu'il est impossible de prélever un échantillon d'un animal qui se trouvait sur le marché, «c'est peut-être ce qui se rapproche le plus d'une preuve irréfutable».

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