Danser avec l'incertitude: trouver mon rythme dans le chaos du bloc opératoire

L'un des défis les plus importants que j'ai rencontrés lors de mon stage d'anesthésie en troisième année de médecine n'était pas de maîtriser une compétence technique ou de mémoriser les dosages de médicaments, mais d'apprendre à vivre avec l'incertitude au bloc opératoire.J'ai toujours trouvé du réconfort dans un plan clair: un diagnostic précis et une voie à suivre. C'est comme une couverture bien chaude, surtout pour un nouvel apprenant évoluant dans un domaine complexe et rempli d'inconnu. La médecine ressemble souvent à une énigme, mais l'anesthésie exige une réflexion différente. Le bloc opératoire oblige à prendre des décisions rapides avec des informations incomplètes et dans des moments où les enjeux sont importants. L'hésitation peut avoir de graves conséquences.Lors d'une cure de hernie que je pensais banale chez un patient ayant subi une transplantation hépatique et consommant quotidiennement du cannabis, un bronchospasme sévère est apparu peu après l'induction.Consultez: Pour une jeunesse médicale qui demeure engagéeEn consultation préopératoire, le patient a nié tout symptôme respiratoire. Son dossier médical a révélé une obstruction des voies respiratoires lors d'un précédent test de la fonction respiratoire au chevet, mais aucun diagnostic d’asthme ni traitement formel n'a été établi. Pourtant, soudain, pendant l'induction, la ventilation est devenue extrêmement difficile. Les manœuvres standard n'ont pas amélioré la situation. Après une intubation rapide, nous avons constaté d'importantes quantités de sécrétions, une pression élevée des voies aériennes et une capnographie sévèrement obstruée. Nous avons traité le patient de manière agressive avec du salbutamol, de l'épinéphrine et du sulfate de magnésium, peinant à l'oxygéner tout au long de l'intervention.Quelle était la cause de ce bronchospasme? Était-ce une profondeur d’anesthésie insuffisante? Une trop faible dose de kétamine? Une bronchopneumopathie chronique obstructive non diagnostiquée, aggravée par le tabagisme? Une combinaison des deux? En vérité, nous l'ignorions. Et cette incertitude était terrifiante.Mais cette expérience m'a appris une leçon essentielle: l'anesthésie consiste moins à avoir toutes les réponses qu'à réfléchir de manière critique sous pression, à évaluer les risques et à agir avec détermination.En tant qu'étudiante en médecine, l'incertitude est omniprésente – surtout en anesthésie. En période périopératoire, le temps est un luxe dont on ne dispose pas, et on ne peut pas se permettre d’attendre les conclusions des examens et résultats. Parfois, l'ambiguïté était accablante, voire effrayante. Je craignais que mon ignorance signifie que je n’en faisais pas assez pour mon patient.Mais j'ai fini par comprendre que ce malaise est un rite de passage en médecine. J'apprends que la véritable compétence ne réside pas dans la certitude, mais dans l'humilité intellectuelle, la conscience situationnelle et le travail d'équipe.En observant les anesthésistes traverser sereinement les crises, je constate comment l'expérience affine cette capacité – non pas en effaçant le doute, mais en les aidant à le gérer avec grâce et clarté.À l'avenir, je souhaite m'ouvrir à ces moments difficiles plutôt que de les fuir. Je chercherai des occasions d'observer et de questionner les autres sur la façon dont ils gèrent l'incertitude. Je m'entraînerai à rester mentalement agile et prête à réagir, même lorsque la cause n'est pas immédiatement évidente.Ne manquez pas: Dr SurvivalisteAu fil de mon externat, j'ai appris que cet état d'esprit ne s'applique pas seulement à l'anesthésie: il est pertinent pour tous les apprenants qui se lancent dans l'inconnu, où les protocoles ne sont pas toujours adaptés et où les réponses classiques sont rares. Accepter l'incertitude favorise la résilience, aiguise le raisonnement clinique et, au final, améliore les soins aux patients.La danse mentale rapide qu'exige l'anesthésie procure un frisson unique: le défi de rassembler des indices en temps réel et de travailler en toute fluidité avec une équipe pour assurer la sécurité des patients. Ce mélange d'enjeux importants, de rigueur cognitive et de collaboration explique pourquoi l'anesthésie est si captivante.Bien que l'inconnu puisse être intimidant, j'espère y trouver le calme, la confiance de pouvoir affronter l'incertitude de front tout en prodiguant d'excellents soins. Kate Kim est étudiante en troisième année de médecine à l’Université de Toronto.Cet article, initialement publié sur le site web Healthy Debate, a été traduit par Profession Santé.

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