Crise des opioïdes: des répercussions négatives pour les malades chroniques

La gestion de la crise des opioïdes aurait eu un impact important dans la vie des personnes souffrant de douleurs chroniques, notamment en raison de difficultés accrues pour obtenir à un traitement à base d’opioïdes. C'est ce que tend à démontrer un récent sondage du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM).Réalisée auprès de 1404 patients du Québec et de la Colombie-Britannique, l’enquête révèle que «les mesures restrictives et la mécompréhension du grand public découlant de la "crise des opioïdes" ont pu avoir des conséquences négatives auprès des souffrants chroniques».Au Québec, près d’un utilisateur actuel d’opioïdes sur cinq (19%) a rapporté avoir vu sa dose de médicaments réduite entre 2010 et 2018, et ce, pour diverses raisons, dont les effets secondaires indésirables. Au cours des 12 derniers mois, une portion minime d’entre eux ont même essuyé un refus de la pharmacie de leur délivrer leur prescription ou encore de leur compagnie d’assurance de rembourser leur prescription.En outre, près de 14% des participants québécois ont rapporté que leur médecin leur a proposé de cesser l’utilisation d’opioïdes. En Colombie-Britannique, cette portion monte à 26%.Parmi les répondants qui ont vu leur prescription d’opioïdes interrompue au cours de la dernière année, 19% des patients de la Colombie-Britannique ont dit ne pas être en accord avec cette décision, comparativement à 5% des patients québécois.Ces différences statistiquement significatives entre les deux provinces s’expliquent notamment par le fait que le Québec est la province canadienne où il se prescrit le moins d’opioïdes.Si la chercheuse du CRCHUM, Manon Choinière, qui a dirigé l’équipe de recherche, relève, en entrevue avec l’Agence Science-Presse, la «frilosité» des médecins vis-à-vis de ce traitement, le président du Collège des médecins du Québec (CMQ), Charles Bernard, avance que le taux plus bas de prescriptions est attribuable à «un meilleur encadrement et de bonnes mises en garde aux médecins».Le CMQ s’attarde d’ailleurs à actualiser ses lignes directrices en matière de prescriptions d’opioïdes pour les patients souffrant de douleurs chroniques, afin de limiter les prescriptions qui pourraient être inappropriées. Charles Bernard assure que les patients qui en ont réellement besoin ne s’en trouveront pas lésés.Bien qu’elle consente que les opioïdes doivent être utilisés avec circonspection et en combinaison avec d’autres types de modalités thérapeutiques, Manon Choinière estime tout même que «beaucoup de préjugés persistent à l’égard de ce type de médicaments, ce qui contribue à catégoriser de façon indue les souffrants chroniques».

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