Covid: à l'approche de la vague automnale, cela vaut-il la peine d'attendre un vaccin bivalent?

Le Canada est de plus en plus impatient d'approuver une version actualisée du vaccin contre la COVID-19, alors que l'automne menace d'entraîner une nouvelle vague d'infections. Récemment, les autorités réglementaires britanniques ont été les premières au monde à autoriser le vaccin bivalent de Moderna, qui protège à la fois contre la souche originale du nouveau coronavirus et contre le sous-variant Omicron BA.1. Santé Canada examine actuellement les vaccins de rappel bivalents proposés par Moderna et Pfizer-BioNTech, ce qui amène certains Canadiens à se demander s'ils doivent attendre les nouveaux vaccins ou se faire vacciner dès maintenant. Comme la circulation virale devrait s'accélérer avec le changement de saison, certaines provinces encouragent les gens à recevoir un rappel de la version approuvée du vaccin. Pour de nombreuses personnes, cela signifierait une quatrième ou une cinquième dose de la formule originale. Selon les experts, l’efficacité de la protection supplémentaire offertes par les vaccins bivalents contre la COVID-19 est encore à l'étude, et l'analyse coûts-avantages de l'attente d'un vaccin dépend de chaque personne. Voici un aperçu de ce que nous savons sur les vaccins bivalents et de la manière dont ils pourraient être utilisés en cas de vague automnale. À quel moment les vaccins bivalents seront-ils disponibles? Santé Canada a reçu la demande d'homologation du vaccin bivalent de Moderna le 30 juin, tandis que son homologue britannique a reçu les documents nécessaires pour commencer son examen au début du même mois, a indiqué le porte-parole Mark Johnson. Pfizer a déposé une demande pour son vaccin actualisé le 25 juillet. Bien que l'agence n'ait pas fourni de calendrier pour la fin de ces examens, Santé Canada a déjà demandé aux fabricants de vaccins de modifier «dès que possible» leurs vaccins bivalents afin de cibler les sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5 qui se propagent rapidement, a-t-il ajouté. L'administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, a souligné que le Canada s'est assuré d'un approvisionnement «suffisant» en vaccins bivalents advenant que les organismes de réglementation donnent leur feu vert. Le Dr Zain Chagla, spécialiste des maladies infectieuses, a affirmé qu'il s'attend à ce que d'autres pays autorisent les vaccins bivalents dans les semaines et les mois à venir, ce qui devrait donner au Canada le temps d'intégrer les vaccins mis à jour à sa campagne de vaccination prévue à l'automne. Comment les rappels bivalents se comparent-ils aux vaccins originaux? Les vaccins contre la COVID actuellement disponibles sont monovalents et uniquement adaptés au coronavirus original. Outre la défense contre cette souche antérieure, les vaccins bivalents proposés ont été conçus pour reconnaître des mutations spécifiques de la protéine spike d'Omicron qui lui permettent d'échapper à la détection immunitaire. Ces vaccins mis à jour pourraient offrir une protection supplémentaire «incrémentielle» contre Omicron, mais l'ampleur de cette protection reste à déterminer, a nuancé la Dre Tam. Le Dr Chagla, également professeur agrégé à l'Université McMaster de Hamilton, pense toutefois que les vaccins bivalents pourraient ne pas changer la donne pour freiner la propagation du virus, comme certains l'avaient espéré. Alors que les sous-variants BA.4 et BA.5 d’Omicron gagnent du terrain dans une grande partie du pays, les vaccins bivalents adaptés au BA.1 pourraient ne pas être beaucoup plus efficaces qu'un vaccin de rappel de première génération pour prévenir l'infection par la COVID, a-t-il précisé. De nouvelles recherches suggèrent que la protection fournie par les rappels disponibles actuellement s'estompe au bout de six à huit semaines, a-t-il poursuivi. Il pense que les vaccins bivalents pourraient prolonger cette période de quelques semaines supplémentaires, et non de plusieurs mois. «Je serais heureux qu'on me prouve le contraire, a-t-il dit. Mais si c’est le cas, je ne sais pas si cela va remettre l'horloge à zéro.» L'ancienne et la nouvelle version des vaccins contre la COVID-19 sont toutes deux efficaces pour prévenir les conséquences graves d’une infection à la COVID-19, a-t-il noté. Devrais-je attendre dans le but de recevoir un vaccin bivalent? La réponse courte est: cela dépend. Les provinces ont élargi l'accès à la quatrième - et au Québec, à la cinquième - dose du vaccin original contre la COVID-19, car elles s'attendent à ce que les cas augmentent avec la baisse des températures. Le système de soins de santé étant déjà poussé à ses limites, la priorité doit être donnée aux personnes les plus exposées au risque d'être hospitalisées, comme les personnes immunodéprimées et les personnes âgées, a commenté le Dr Chagla. Néanmoins, ce dernier est d’avis que comme une plus grande partie de la population a acquis une immunité hybride, il ne serait pas déraisonnable pour les personnes à faible risque d'attendre la dernière version du vaccin. La Dr Tam a encouragé les Canadiens à évaluer à la fois leurs risques personnels et le niveau de propagation de la COVID-19 dans leur communauté. Mais si plus de six mois se sont écoulés depuis votre dernière infection ou votre dernier vaccin, dit-elle, vous devriez peut-être retrousser vos manches pour vous faire vacciner à nouveau avant que le froid ne s'installe. «Si vous attendez trop longtemps, la prochaine vague pourrait déjà être commencée, a-t-elle dit. Alors vous n'en tirerez pas autant de bénéfices.» Quelle est la suite? L’un des principaux défis de la lutte contre la COVID-19 est que l'évolution du virus a largement dépassé le temps nécessaire pour développer, tester, fabriquer, examiner et déployer un vaccin capable de contrer la dernière mutation. «Le temps que la vague se produise - deux à trois mois - cela suffit à peine à gratter la surface de la connaissance pour obtenir un nouveau vaccin, rappelle la Dre Tam. Il y a ce jeu de rattrapage qui se produit en permanence.» Il espère que le déploiement inaugural des vaccins bivalents pourra constituer une «preuve de concept» qui permettra d'accélérer ce processus pour les futures itérations du vaccin, de la même manière que le vaccin contre la grippe est modifié chaque automne pour cibler les variants qui circulent. Il n'y a rien de mal à ce qu'il s'agisse d'un modèle semblable à celui de la saison de la grippe, selon lequel la vaccination des gens est mise à jour pour une durée limitée», a-t-il déclaré. Bien que nous ne puissions pas nous attendre à une protection parfaite contre la maladie, nous pouvons disposer des outils nécessaires pour prévenir les maladies graves chez les personnes les plus vulnérables. «Nous avons de la chance de disposer de cette technologie.»

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